L’adolescence et l’école secondaire peuvent être très difficiles pour plusieurs jeunes. Pour d’autres, ce sont les journées de travail qui sont longues et difficiles. Les jeux vidéo permettent de s’évader de cette routine un peu terne. D’autres vont écouter des séries télé, aller faire du canot, jouer au basket ou tout autre passe-temps. Pour mes coéquipiers et moi, c’étaient les jeux vidéo…
Réponse au témoignage « Mon fils est prisonnier d’un jeux vidéo »
Cher parent,
Les jeux vidéo prennent de plus en plus de place dans nos vies. Que ce soit sur les consoles, ordinateurs, téléphones mobiles ou tablettes, les jeux vidéo n’ont jamais été autant accessibles et variés. C’est incroyable à quel point cette industrie a évolué depuis les 30 dernières années. Les jeux vidéo peuvent être violents, éducatifs, drôles, effrayants… C’est cette gamme d’émotions qui fait qu’on accroche à une série de jeux telle qu’Assassin’s Creed, Grand Theft Auto, Portal, etc. Certains jeux se jouent seul, d’autres en groupe. Quand on intègre un groupe, une communauté, une équipe, un certain sentiment, nouveau celui-là, fait son apparition : le sentiment d’appartenance. C’est le même que celui qu’on ressent en faisant partie d’une équipe de sport, un quartier, une troupe de théâtre, etc. Le fait que votre jeune se sente valorisé, car grâce à ses talents, des quêtes ont été réussies, des adversaires ont été vaincues ou qu’un boss final a été éliminé, n’est que positif. Oui, ce sont des amis virtuels, et parfois, il ne les rencontrera jamais dans la «vie réelle». Un jour, peut-être va-t-il aller dans un LAN party (rassemblement de joueurs, dans lequel on emmène son ordinateur et qu’on joue durant plusieurs heures, voire 2 à 3 jours) et rencontrer des gens avec qui il joue depuis des années pour la première fois. Grâce à cette communauté virtuelle, il pourrait rencontrer sa première blonde, un meilleur ami ou simplement de nouveaux amis.
Tout le monde s’entend pour dire qu’avoir un passe-temps, c’est très important. Et avoir une passion, ça ajoute un peu de piquant à un quotidien répétitif. Cependant, comme dans n’importe quoi, quand on voit qu’il commence à y avoir de l’abus, un changement d’attitude de votre jeune, il faut y porter attention. Il faut ouvrir la porte au dialogue et essayer de comprendre. La compréhension, c’est la clé. Pour plusieurs parents, les ordinateurs et les jeux vidéo peuvent être un monde nébuleux, à la limite du «dark». On entend tellement d’histoires d’horreur relayées par les médias, que ça peut être effrayant. Assoyez-vous avec votre ado, laissez-le vous expliquer le (ou les) jeu(x) et pourquoi il aime tant jouer. Expliquez-lui aussi que vous avez peur, que vous êtes inquiets. Il pourra vous rassurer et vous faire comprendre pourquoi les jeux vidéo sont sa passion. Si votre enfant a de bonnes notes, que ses professeurs n’ont que des bons commentaires sur lui et que vous l’encouragez à continuer à performer, qu’il ne sèche pas les cours pour aller jouer, madame, je crois que vous avez un bon garçon.
Je puis vous assurer que si une communauté est structurée et a des règles de vie, votre garçon est entre bonnes mains. C’est tout le contraire d’une secte qui endoctrine et soumet ses adeptes. De plus, je me permets de faire une parenthèse avec les programmes eSports-études. Quelques écoles secondaires, des CÉGEPS et même des universités ont ajouté à leurs programmes habituels de l’eSport (la compétition de jeux vidéo). En plus des notions académiques régulières, des heures sont consacrées à la pratique saine du jeu vidéo, en plus de quelques heures pour des activités sportives traditionnelles. Les jeux vidéo n’ont pas que des mauvais côtés. Entre autres, au niveau du travail, la majorité des gens qui œuvrent dans les studios de jeux, que ce soit des petits studios indépendants, ou même dans les gros studios comme Ubisoft, a commencé par développer une passion à la maison (et a sûrement inquiété ses parents).
Chère madame, j’ai été comme votre enfant. À 18 ans, j’ai découvert World of Warcraft, à 19 ans, c’était Team Fortress 2 et mes premières compétitions en équipe. J’ai fait des tournois, gagné des prix. Je jouais entre 4 à 6 heures par jour, durant la semaine, j’allais au CÉGEP et je travaillais à temps partiel. Je mangeais devant mon ordinateur, j’étudiais en jouant. J’avais un copain qui jouait avec moi et des amis formidables, qui, 10 ans plus tard, comptent encore parmi les gens les plus importants dans ma vie. Ça a duré un an. Par la suite, je me suis calmée. Je joue encore régulièrement, j’essaie tous les types de jeux possible. De plus, j’ai travaillé avec diverses communautés de jeux pour les aider à se structurer ou à organiser des événements réels pour qu’ils puissent se rencontrer. Depuis l’année dernière, je travaille avec le Comiccon de Montréal et de Québec afin d’intégrer les compétitions de jeux vidéo dans des événements grands publics, pour justement démystifier ce monde virtuel pour monsieur et madame tout le monde. Quand j’ai fait de la compétition, mes parents se sont intéressés à ce que je faisais, pourquoi j’étais si enthousiaste quand je leur parlais de mes coéquipiers et des personnages du jeu. Ma mère s’est inquiétée de me voir jouer, surtout que ce n’était qu’avec des garçons ou presque, puis, elle en a rencontré quelques uns, elle a vu les événements auxquels j’ai participé, et, savez-vous quoi, elle a compris et accepté ce que je faisais!
Finalement, je vous dirais, madame, qu’une communauté virtuelle n’a rien d’une secte. Votre jeune est libre de s’y épanouir, de l’améliorer et de la quitter. La majorité des communautés est dirigée par des hommes et des femmes passionnés qui vont tout faire pour aider votre jeune, que ça soit dans la vie réelle ou virtuelle. Sur une dernière note, je ne crois pas que livrer la guerre contre votre fils et sa passion soit une bonne idée, cela ne fera que l’éloigner d’avantage de vous…