Après une phase d’accès anticipé sur Steam, Kona du studio Parabole est sorti le 17 mars sur PC (Mac et Linux compris), PS4 et Xbox One. Développé par un studio québécois, le jeu nous plonge dans le petit village de Manastan dans le Nord du Québec. Kona est un jeu à la première personne qui mélange thriller d’enquêtes et une dose d’horreur tiré de contes et légendes de la province.
Après une phase d’accès anticipé sur Steam, Kona du studio Parabole est sorti le 17 mars sur PC (Mac et Linux compris), PS4 et Xbox One. Proposé par un studio québécois, le jeu nous plonge dans le petit village de Manastan dans le Nord du Québec. Kona est un jeu à la première personne qui mélange thriller d’enquêtes et une dose d’horreur tiré de contes et légendes de la province.
Dans Kona, le joueur incarne Carl, un vétéran de la guerre de Corée reconverti comme détective privé à Montréal. Il est contacté par un certain Hamilton, un riche propriétaire de mine anglais qui jouit d’une certaine influence dans la région du Lac Atâmipèk. Son client serait victime de vandalisme. Direction le magasin général du village pour y rencontrer ce Hamilton. Malheureusement pour Carl, un accident au volant de son pickup lui fait perdre conscience. Il se réveille pour se rendre compte qu’une mystérieuse tempête de neige, malgré l’absence de neige avant l’accident, sévit actuellement dans la région. Arrivé au magasin général, il découvre Hamilton assassiné. Débute alors une enquête pour résoudre ce meurtre et comprendre ce qu’il se passe dans ce village isolé du nord du Québec.
Voici donc à quoi ressemble le synopsis de Kona. Après les premières minutes de jeu passées pour poser les bases de l’intrigue, le joueur est libre de ses mouvements afin de procéder à l’enquête de la manière dont il l’entend. Un journal permet de se remémorer les éléments importants de l’investigation pour homicide et des autres sous-intrigues qui seront racontées aux fil du jeu. La majorité des indices seront des documents ou des lettres. Donc si vous n’appréciez pas lire dans un jeu, passez votre chemin ou ne les lisez pas et passez à côté d’une partie de la richesse du jeu. Plus vous allez explorer la région d’Atâmipèk, plus vous allez avoir d’information d’une utilité toute relative pour votre enquête, mais qui va vous permettre de vous faire un portrait du village et des habitants. Cependant chaque réponse va vous amener inévitablement à d’autres questions.
Rapidement, Kona vous transporte dans un univers étrange créant ainsi une inquiétude face aux éléments étranges auxquels Carl va devoir faire face. Le tout se fait en relative douceur, une météo étrange, des formes de glace anormale et des histoires de Wendigo racontées par le vieux fou du village. Le vrai inconfort, et c’est positif de dire ça pour un thriller, arrive quand on commence à réaliser que le village est à l’abandon, déserté par tous ceux qui l’occupaient auparavant. Donc, en plus de faire la lumière sur une sombre histoire de meurtre, Carl enquêtera aussi sur les événements arrivés dans ce coin perdu. Plus l’histoire progresse, plus nous somme en mesure d’assembler les différentes pièces du puzzle et comprendre l’horreur qui a frappé.
Kona étant un jeu d’enquête basé sur l’exploration et la recherche d’indices, le récit remplit à merveille son travail. En fait, l’histoire, qui se rapproche des contes et légendes du Québec, est véritablement le point fort du jeu. L’autre point fort de Kona est l’ambiance dans laquelle Parabole nous plonge. La construction du village, des maisons et les produits de consommation que nous retrouvons un peu partout sont vraiment cohérents avec les années 1970 d’un petit village de mineurs perdu dans le nord. C’est un plaisir de devoir réparer et se balader sur un vieux modèle de motoneige Bombardier.
Par contre, la conduite du pickup ou de la motoneige est assez molle, nous n’avons pas l’impression d’être sur un chemin enneigé. Plutôt dommage, car une partie importante du jeu va nous demander de faire des allers-retours à différents endroits de la carte.
L’ambiance sonore du jeu est réussie surtout grâce à la musique composée par CuréLabelle. Les mêmes morceaux reviennent cependant assez souvent, ce qui en fait perdre son impact, voire nous fait éteindre la radio. Notons aussi que le jeu, via ces protagonistes, nous montre les mentalités de village de l’époque. De plus, une certaine place est accordée à l’histoire du Québec, notamment au FLQ avec le personnage du patriote, et à une certaine rivalité entre francophone et anglophone. Kona nous pose aussi des questions intéressantes sur les relations avec les autochtones, ici les Cris, question qui sont encore valables aujourd’hui, bien sûr. Sans trop vouloir divulguer de l’intrigue, le jeu s’intéresse à la question des femmes autochtones disparues ou assassinées.
Une certaine communication autour du jeu pouvait laisser présager que Kona est un jeu de survie, où il faut faire attention au froid. Cela n’en est nullement le cas. Le froid n’est pas une vraie menace. D’accord, il y a un indicateur pour nous avertir si Carl commence à avoir froid, mais les impacts sur le gameplay sont anecdotiques. De plus, nous trouvons de quoi nous réchauffer à tous les coins de rue. Est-ce réellement un mal ? C’est peu probable. Il est préférable de ne pas avoir à se soucier réellement du froid et se concentrer sur l’enquête plutôt que de chercher à se réchauffer et que l’investigation passe au second plan. De toutes façons, l’intérêt de Kona est l’intrigue et non pas la survie. Si vous voulez un jeu de survie, vous trouverez votre bonheur ailleurs. Le sentiment de froid reste cependant bien réalisé grâce au bruitage et à la palette artistique qui met en avant des couleurs hivernales. Kona n’est pas une claque graphique, mais répond à ce qu’on lui demande. Certaines textures pourraient être mieux définies et le brouillard fait un peu cache-misère, mais rien de très grave à ce niveau.
Kona n’a pas été pensé pour le PC (critique réalisée avec la version PC fournie par le développeur) et cela paraît. Le cheminement dans l’inventaire, surtout celui listant les documents découverts, n’est pas aisé. Avec un joypad, il n’y a aucun doute qu’il soit plus facile de sélectionner des éléments, mais avec une souris, c’est une autre histoire. De plus, à certains moments du jeu, on nous invite à cliquer sur le bouton A ou on mentionne l’icône du bouton A de la manette Xbox. Cela reste un détail, mais cela montre que la version PC a peut-être manqué un peu d’amour. Notons aussi quelques crashs ayant nécessité le redémarrage du jeu. Mais l’un des plus gros problèmes de Kona sont les temps de chargement. La carte est divisée en différentes sections et à chaque changement de section il y a un chargement. Le problème, c’est qu’il est brusque et que seule une icône qui tourne au centre de l’écran nous fait comprendre qu’il s’agit d’un chargement. Il est très désagréable de perdre le contrôle de la motoneige suite à ça et tant pis si cela coupe un élément important du scénario.
Kona est un bon jeu à recommander à ceux qui aiment les jeux d’enquête qui adoptent une narration où il faut assembler les différentes pièces d’un puzzle pour y comprendre quelque chose. L’ambiance d’un petit village du nord du Québec et des années 1970 est bien retranscrite et contribue au récit. Comme Carl qui cherche à résoudre un meurtre, Kona se cherche un genre, au grand diable pourquoi ajouter des mécaniques de survie sans réellement les utiliser ? Pourquoi avoir ajouté des phases orientées action, qui ne sont pas ratées mais pas loin, dans un jeu dont l’intérêt est à la narration ? Reste que globalement, j’ai passé un bon moment sur Kona. Dans la même veine que Fire Watch, Parabole nous offre un jeu différent qui va sans doute contribuer à faire connaître une vison du Québec différente pour les joueurs étrangers. Pour les Québécois, je ne vais pas cacher avoir eu bien du plaisir à jouer à un jeu d’ici qui se déroule ici.