Far Cry 6 : les aventures d’une guerillera à Yara

Un pas en avant et deux pas en arrière pour Far Cry 6

Personnellement je n’attendais pas ce Far Cry 6. D’entrée de jeu, l’univers dépeint inspiré par les dictatures de Cuba et d’Amérique du Sud m’a paru cliché. En plus, il a déjà été utilisé dans Ghost Recon Wildlands (sans parler de Just Cause 3). Je n’y voyais même pas de potentiel. Connaissant Ubisoft et sa passion de réutiliser sa formule jusqu’à épuisement peu importe la licence, je n’avais pas d’attentes. Et j’ai bien fait parce que ce Far Cry 6 tient plus du retour en arrière que de la vraie progression.

On perd l’arbre de compétence pour favoriser un système de loot encore plus appuyé que dans Far Cry 5 et qui se rapproche d’Assassin’s Creed. Oui, on passe son temps dans le menu pour changer d’arme ou voir si celle que l’on vient de récupérer est plus puissante. Pour ma part, j’ai opté pour un fusil sniper avec silencieux pour me tenir à distance et une carabine puissante pour les combats rapprochés. Je me servirais bien de la machette, mais bizarrement les ennemis arrivent toujours à porter le premier coup avant moi.

Oui c’est grand, c’est bien réalisé mais un jeu vidéo reste interactif et c’est bien sûr le gameplay qui nous intéresse ici. Et Far Cry 6 n’est pas le mieux loti.

Bis repetita

On retrouve les compagnons, ici sous le nom d’Amigos (duh), qui ont chacun des styles bien à eux. Guapo le croco dévorera vos adversaires tandis que Chorizo, le chien-saucisse handicapé servira de diversion. C’est amusant les premières fois mais ça devient vite redondant. Tout comme le reste du jeu d’ailleurs qui enchaîne les missions FedEx peu inspirées et les sempiternelles batailles contre l’armée, qu’il s’agisse de capturer un point de contrôle ou de détruire un canon anti-aérien.

Par ailleurs, les objectifs ne sont pas toujours clairs. Si dans certains cas on nous dit exactement ce que l’on doit faire, on est d’autres fois livrés à nous-même avec une explication vague et une indication géographique qui l’est tout autant. Pour donner un exemple, vers la fin du prologue, on doit détruire deux bateaux pour atteindre les autres îles. Pour ce faire on grimpe au sommet d’un phare où on a une belle vue d’ensemble. En haut nous attend un collègue guérillero armé d’un lance-roquettes.

Naturellement, je m’attendais à en trouver un pour moi. Mais non. Je me suis dis alors que j’avais dû le manquer quelque part. J’ai fait le tour de l’île sans rien trouver alors qu’en fait il fallait sauter dans l’eau, déployer son parachute et atteindre le bateau à la nage. Ce qui n’a aucun sens puisque les ennemis seraient censés repérer une personne en parachute…

Ce qui n’aide pas non plus, c’est qu’on nous donne des outils qu’on ne peut pas utiliser comme bon nous semble, mais seulement à des endroits précis que les développeurs ont indiqués. Le meilleur exemple est le grappin. Chaque fois que je me trouve à flanc de montagne, j’imagine à quel point il serait simple et pratique de l’utiliser pour gagner du temps et surtout surprendre les ennemis.

Yara : entre clichés et stéréotypes

Comme écrit plus haut, Yara s’inspire très largement de Cuba pour sa géographie et son régime. Ce dernier prend inspiration des nombreuses dictatures sud-américaines des années 70 et 80. En cela, l’antagoniste principal, s’il est très bien campé par Giancarlo Esposito (le psychopathe de la série Breaking Bad), n’en est pas moins très caricatural. À l’inverse de Joseph Seed dans Far Cry 5, Antón Castillo n’est pas fou, loin s’en faut. Il est perfide, manipulateur, vile et sournois, mais pas déconnecté de la réalité. Mais surtout très terre-à-terre et tellement prévisible.

Puis, pour toute la grandeur de Yara, on navigue en plein stéréotypes avec des personnages qui s’expriment tous comme des Québécois, c’est-à-dire passant de leur langue maternelle à l’anglais et vice-versa alors qu’après quelques recherches, c’est quelque chose qui n’existe tout simplement pas dans cette partie du monde. Les personnages ne sont pas mieux lotis avec l’ancien militaire un peu trop porté sur la boisson, la révolutionnaire idéaliste mais réaliste, le gordito à la grande gueule. Et ce n’est pas mieux du côté des antagonistes. C’est dommage après une telle réussite pour Far Cry 5.

L’incontournable comparaison entre Ubisoft et Far Cry 6

Mais s’il y a bien une pensée qui ne m’a pas quitté pendant toute mon exploration de Yara, c’est bien le parallèle avec la situation présente à Ubisoft (et par extension dans toute l’industrie du jeu vidéo). Une famille toute puissante qui règne d’une main de fer en se faisant passer pour le bon samaritain auprès de ses employés; la différence entre les vrais « Ubisoftiens » (ceux qui protègent le pouvoir en place et encouragent le statu quo) et les faux (les lanceurs d’alerte et ceux qui militent pour le changement et l’équité); la garde rapprochée du Presidente; la famille qui obtient des postes importants (au détriment de personnes plus compétentes); les esclaves qui se tuent à la tâche dans l’espoir d’un monde meilleur (comme les développeurs qui triment pour un salaire de misère)

À nouveau, il est difficile de recommander ce Far Cry 6 compte tenu des faibles changements intervenus à Ubisoft depuis le scandale de l’an passé. On dirait même que ce n’est jamais arrivé vu qu’on en parle plus. Mais disons que c’est plus facile que pour Diablo II Resurrected, car Far Cry 6 n’est pas nécessairement bon. Ubisoft devrait vraiment faire attention : à force de réutiliser la même formule pour tous ses jeux, on va finir par ne plus faire la différence.

Verdict

Les plus

  • Les Amigos
  • La taille de la carte
  • L’héroïne badass

Les moins

  • Le manque de variété des activités
  • Les personnages clichés
  • La formule Ubisoft
  • Le manque de clarté des objectifs
  • Le loot trop présent

Note finale

4 / 10

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