La Bolivie est notre nouveau terrain de jeu. Notre équipe de Ghosts a été mandatée par la CIA pour aller défaire le cartel de la Santa Blanca avec pour but ultime d’appréhender son chef, El Sueño.
Ce n’est plus une surprise pour personne. La tendance des jeux vidéo AAA de cette génération est le monde ouvert et la possibilité d’explorer et de naviguer dans un vaste espace sans temps de chargement. En ce sens, Ghost Recon Wildlands remplit son contrat à merveille ! L’immense carte est découpée en 21 régions différentes, chacune gérée par l’un des vassaux d’El Sueño qu’il faudra trouver, affronter et/ou capturer afin de remonter jusqu’au chef du cartel. La topographie générale du pays est excellemment bien respectée avec des routes étroites et escarpées s’échappant dans les montagnes boliviennes. De plus, l’intelligence artificielle qui régit la logique du monde fonctionne parfaitement. Les indigènes conduisent leurs véhicules, marchent au bord des routes et interagissent entre eux. Pendant ce temps les militaires patrouilles et vos coéquipiers prennent des chemins de traverse pour atteindre leur cible.
Se présentant comme un jeu de tir à la troisième personne, on ne peut s’empêcher de penser au mastodonte GTA tant les ressemblances sont frappantes. Malheureusement pour Ubisoft, son titre n’en a pas la carrure tout en s’en approchant quelque peu. On peut effectivement conduire 60 types différents de véhicules en allant du VUS à la moto en passant par l’hélicoptère et l’avion. Par ailleurs, et c’est l’un des premiers échecs de Ghost Recon Wildlands en ce qui concerne son tiraillement entre réalisme et fiction, on a accès à une seule station de radio que l’on peut allumer ou éteindre. Le contenu, d’assez mauvais goût grâce à un adulescent nommé DJ Perrico faisant office d’animateur, tourne donc en boucle assez rapidement. Entre ses blagues douteuses et la façon dont la Bolivie est dépeinte, on peut comprendre que le gouvernement local en place ait vu la production d’Ubisoft d’un mauvais œil.
Cependant, l’un des faits appréciables par rapport à son modèle nommé plus haut est que les missions, quelles qu’elles soient, s’intègrent de façon transparente dans la progression. Pas de cinématique ni de temps de chargement avant de débuter une mission. De plus, la progression est non linéaire. On peut très bien commencer par les missions les plus difficiles et et terminer par les plus simples. Malheureusement, c’est la seule marque de progrès du titre.
À l’instar du blockbuster de Rockstar, de nombreux véhicules sont disponibles, qu’ils soient terrestres, aériens ou maritimes. Cependant, premier point noir, la conduite des différents moyens de transport est affreuse et très peu réaliste. Chacun d’entre eux possède une résistance digne d’un char d’assaut même si l’on conduit une moto. Par ailleurs, si l’on peut détruire des murets en fonçant dedans volontairement ou par accident, on peut également se retrouver bloqué contre une caisse d’apparence moins solide qu’un amas de pierres assemblées. Sans parler de la végétation incohérente dans laquelle certains arbres sont des éléments graphiques solides et nous empêchent de passer là où l’on traverse littéralement certains autres présents seulement pour faire joli.
Inutile également d’attendre que nos coéquipiers nous rejoignent dans le véhicule dans lequel on vient de monter, surtout dans les missions pour lesquelles le temps est compté. Ils apparaîtront automatiquement dans le moyen de transport. De quoi briser l’immersion assez rapidement.
Bien entendu, pour affronter le cartel, nous avons accès à tout un arsenal d’armes d’assaut et de poing ainsi que des grenades et autres mines. Très fonctionnel, on passe dans une vue à la première personne dès lors qu’il s’agit de viser. Mais la grande nouveauté de Ghost Recon Wildlands est la présence d’un drone que l’on envoie par simple pression sur la croix directionnelle. Ce gadget nous permet de détecter les ennemis environnants sans se faire remarquer, à condition bien sûr de ne pas le leur mettre sous le nez. Grâce au drone, nous pouvons également dire à nos trois acolytes d’éliminer des cibles préalablement désignées, de lâcher une bombe sonore ou encore une impulsion électromagnétique afin de déstabiliser les installations électriques des ennemis.
Ces derniers sont tout aussi équipés que nos protagonistes et il faut faire preuve de vigilance face aux snipers et autres gardes lourdement armés de la Santa Blanca. Par ailleurs, si l’on se fait repérer, un ou plusieurs hélicoptères peuvent nous pourchasser et il faut se cacher ou s’en débarrasser au plus tôt avant de continuer sa progression. La présence d’alarme ou de panneaux lumineux est également à surveiller et à détruire pour éviter tout risque de se faire attraper. Les difficultés sont nombreuses, mais loin d’être insurmontables si tant est que le jeu nous laisse agir selon ses limites.
Bien entendu, qui dit monde ouvert, dit missions secondaires et le titre d’Ubisoft Paris en regorge. Elles sont tellement nombreuses qu’on ne sait par où commencer. Ces quêtes annexes consistent à aider les rebelles de la région, en échange de différents services de leur part, en balisant des caisses de nourriture, en dérobant des hélicoptères ou avions contenant des médicaments ou encore en piratant des antennes radios pour leur permettre de prendre le pas sur la radio locale. Ces points récoltés sont nécessaires pour augmenter nos compétences. Ces dernières nécessitent, en sus des points de compétences à récupérer et de l’expérience acquise en faisant des missions ou en abattant des ennemis, les ressources données par les missions secondaires afin d’améliorer nos habiletés physiques ou notre drone.
Malgré tout ces éléments très divertissants, Ghost Recon Wildlands pêche par son solo sur plusieurs points. Premièrement, l’histoire est d’une banalité affligeante. On savait que ce n’était pas le fort des productions Ubisoft, mais on atteint là des abysses d’une profondeur inégalée. La cause ? Les personnages. Que ce soit les antagonistes ou les protagonistes, en tant que joueur, on ne nous conduit pas du tout à nous intéresser à eux. Le jeu pourrait être une équipe de plongeurs face à des dauphins mutants que ce serait pareil. L’équipe Ghost est sûrement l’élément le plus raté de tous puisqu’on sent que les développeurs ont tout de même essayé de créer une relation unissant les différents membres qu’on sent liés, mais sans savoir pourquoi. Certaines tentatives de dialogues laissent entrevoir que les personnages se connaissent et l’un des soldats qui vous accompagnent est même doublé par Donald Reignoux (Sora dans Kingdom Hearts). Ce n’est pas une mince affaire, mais le résultat est peu concluant et on n’a au final que très peu d’empathie pour cette équipe d’élite. Les scénaristes auraient dû s’inspirer (ou le faire mieux s’ils l’ont fait) d’un film comme 13 Hours The Secret Soldiers of Benghazi qui dépeint une situation «similaire» à la perfection. Par ailleurs, au crédit des développeurs et surtout d’Ubisoft en tant qu’éditeur, on sent que les erreurs commises par Call of Juarez The Cartel ont été apprises dans le but de ne pas être répétées. Pour rappel, ce jeu de tir à la première personne, du même éditeur et développé par les polonais de Techland (plus connus pour Dead Island), est l’un des jeux les plus racistes, méprisants et, pire que tout, qui induit en erreur quant à son sujet.
Pour en revenir à Ghost Recon Wildlands, les scènes cinématiques avec un agent Bowman soporifique et un El Sueño pathétique, ne sont pas frustrantes puisque l’on peut les passer si nous ne voulons pas les regarder… ce qui n’est pas le cas des missions principales. En effet, ces dernières demandent d’extraire une personne en particulier ou encore d’infiltrer une base ennemie sans se faire repérer. Parlons de ces dernières un moment qui constituent probablement le plus gros écueil du jeu. Ghost Recon Wildlands est par essence un jeu d’infiltration. La possibilité est laissée aux joueurs de foncer dans le tas, mais cela rend la mission plus difficile et surtout moins divertissante. Le problème c’est qu’en mode solo, l’intelligence artificielle qui vous accompagne est simplement nulle. Malgré la roue d’ordre grâce à laquelle on peut leur assigner différentes tâches, elle a tendance à ne rester que dans nos pattes et à nous gêner plus qu’autre chose. Ensuite, les statuts des ennemis passent de soupçonneux en mode traque si tant est qu’ils détectent la moindre anomalie dans leur environnement sans nécessairement savoir où l’on se trouve, ce qui reste somme toute réaliste. Mais la frustration vient du fait qu’on échouera automatiquement une mission d’infiltration si tant est que l’on se retrouve traqué alors que l’on a d’autres solutions possibles. On ne peut donc s’empêcher d’y voir une fainéantise de la part des développeurs et une augmentation artificielle de la difficulté.
Il ne fait donc aucun doute que Ghost Recon Wildlands a été conçu pour être partagé entre amis, condition sine qua none pour que le titre développé par Ubisoft Paris brille de tout son éclat. La stratégie monte d’un cran, mais on sait alors que l’on peut compter sur son équipe. Cependant, ne comptez pas sur le matchmaking en ligne pour vous trouver des alliés. En effet, toutes les fois où nous avons rejoint une partie en ligne avec de parfaits inconnus, l’individualisme prenait le pas sur le reste et finalement le jeu devient plus difficile puisque l’on se retrouve seul.
Après avoir détaillé le gameplay, parlons un peu technique. Le titre d’Ubisoft est tout simplement magnifique ! Les décors sont somptueux, la faune et la flore sont très réalistes et le cycle jour/nuit très bien agencé. On regrette cependant que les deux seules options de météo soient le beau temps et les orages. Par ailleurs, l’architecture est très bien représentée avec des bâtiments très colorés quoi qu’un peu trop lisses et propres. Nous avons constaté çà et là quelques chutes de framerate, mais rien qui ne nuise au plaisir de jeu. Quelques bugs sont à signaler également, mais quel jeu moderne n’en possède pas ?
Ghost Recon Wildlands est un bon jeu à partager avec d’autres joueurs, mais seul on se retrouve frustré très rapidement à pester contre l’intelligence artificielle alliée comme ennemie ou les règles du jeu qui ne font aucun sens pour certaines missions. Néanmoins, on prend un certain plaisir à parcourir l’immense et splendide terrain de jeu et à surprendre les différents gardes d’une balle bien placée sans qu’ils se doutent de notre présence.