Pour ses 25 ans, le studio Housemarque s’est offert un cadeau : la création d’une nouvelle licence exclusive à la console PlayStation 5, Returnal. Après des succès comme Super Stardust HD et Resogun, les développeurs avaient envie de changer d’air sans pour autant perdre de vue leurs racines arcade. Quel est le résultat de cette nouvelle aventure?
Le jour de la marmotte spatiale
Dès les premières minutes de jeu, la pilote Selene atterrit en catastrophe sur une planète inconnue. Son vaisseau Helios vient tout juste d’être secoué par une déflagration et se crashe au cœur de ruines extra-terrestres. À son réveil, Selene se trouve au beau milieu d’un monde hostile, peuplé de créatures aux formes étranges et aux pouvoirs destructeurs.
Peu de temps après, la mystérieuse héroïne se met à explorer. Bientôt, elle croise le fer avec une bestiole plus coriace que les autres et tombe au combat. Toutefois, comme elle allait l’apprendre bien vite, son trépas n’est que de courte durée : Selene se réveille au même endroit qu’elle a atterrit, dans ou à proximité de son vaisseau Helios.
S’en suit une quête pour briser ce cycle en apparence infini et percer les mystères de sa propre existence. Le scénario de Returnal est intriguant, alimenté par une thématique de science-fiction qui rappelle le film Edge of Tomorrow.
La mort vous va si bien
Returnal est un roguelike, c’est-à-dire que chaque partie est différente : l’emplacement des ennemis change, de même que les différentes pièces qui composent les niveaux (biomes). Selene peut récupérer de l’ether, seule ressource permanente d’une partie (cycle) à l’autre. L’ether est utilisé pour purifier des ressources afin d’éviter de possibles défaillances de sa combinaison ou débloquer des objets qui apparaîtront sous forme de récompenses plus tard.
Returnal est un jeu plutôt difficile qui demande des réflexes aiguisés. En effet, Selene doit bouger et éviter (dash) les nombreux projectiles alors qu’elle explore et tombe nez à nez avec des ennemis par dizaines. L’inspiration arcade avec des jeux comme Super Stardust est bien sentie, dans un format 3D. Housemarque a répliqué le « bullet hell » : par moment, l’action est frénétique au point de se demander comment diable éviter tous les projectiles à l’écran. La mort devient une façon d’apprendre à mieux jouer pour venir à bout des nombreux défis de chaque zone.
Adepte de jeux comme The Binding of Isaac et Enter the Gungeon, le genre roguelike ne m’est pas indifférent. Je savais dans quoi je me lançais. Pourtant, Returnal m’a surpris à plusieurs égards. Vaut mieux être méthodique que de foncer partout (même si c’est une option) pour augmenter – et conserver – sa précieuse statistique d’adrénaline. Pour faire court, l’adrénaline est un système qui récompense les joueurs pour éliminer des ennemis sans se faire toucher. Au niveau 5 (maximum), la compétence pour obtenir de meilleures armes au cours d’un même cycle est augmentée de 50 %.
Il va sans dire que l’adrénaline est un facteur primordial pour maximiser son taux de réussite dans le jeu. Dès le moindre impact, la jauge retombe à zéro. C’est un peu frustrant, mais pour être honnête Returnal ne fait pas trop dans le hasard. Le genre roguelike aime bien nous donner des claques avec l’aspect chance, mais ici j’avais plus l’impression que mes erreurs étaient liées à mon manque d’habileté plutôt qu’à un pic de difficulté arbitraire. Du moins pour la majorité du jeu, car il y a des moments où cette même difficulté semble insurmontable. Pour ma part, c’était au premier boss (Phrike) et à partir du biome 4.
Returnal fait plutôt dans la prise calculée de risques. Est-ce que je vais attacher ce parasite à moi dans le but d’obtenir plus d’obolites (l’argent du jeu) et infliger moins de dégâts de mêlée? Est-ce que je vais récupérer cette résine mauve pour possiblement augmenter ma jauge de santé ou subir des dégâts? Vais-je préférer une arme 15 étoiles un peu plus lente ou conserver mon lance-roquettes automatique? J’ai été surpris de ces nombreux dilemmes, qui aident à nous garder éveillé au cours d’un cycle.
Dans une galaxie près de chez vous
La prise en main de Returnal est excellente. Selene bouge avec fluidité dans des environnements à couper le souffle. Le jeu est une merveille technique avec un 60 FPS qui ne bronche pas et ce, malgré l’utilisation de techniques visuelles avancées comme le ray-tracing. Les temps de chargement, quant à eux, sont quasi inexistants. J’ai été étonné de constater à quel point les avancées rendues possibles grâce au disque dur SSD de la PlayStation 5 sont incroyables; se téléporter d’un bout à l’autre d’une zone ne prend que deux, trois secondes.
J’ai particulièrement apprécié que le studio Housemarque ose livrer un jeu de ce genre avec une forte trame narrative. Sans dénigrer le genre roguelike, ce n’est pas celui qui est le plus reconnu pour livrer des scénarios profonds. Dans Returnal, cet aspect est soigné, ponctué de séquences à la première personne (Returnal est un jeu d’action à la troisième personne sauf pour ces rares moments) qui ajoutent une dimension incroyable aux événements bizarroïdes encourus.
Returnal est un jeu intelligent et, d’un point de vue jouabilité, totalement addictif. J’ai frustré à voir mon nombre d’heures gonfler alors que je lisais qu’en moyenne, le jeu prend 16 heures à compléter. Mon total indique au moins le double. Bon, il faut dire qu’une mise à jour récente déployée par Housemarque a effacé une partie de ma progression, ce qui n’a pas aidé. N’empêche, la durée de vie de Returnal variera selon deux facteurs : votre habileté à jouer à des jeux d’action qui demandent une certaine précision et votre entêtement à tout débloquer (capacités d’armes, glyphes, fins alternatives, etc.).
Verdict
Les plus
- Côté technique renversant (60 FPS, temps de chargement, ray-tracing, etc.)
- Une jouabilité haletante et impressionnante
- Un scénario prenant
- Le design des ennemis et surtout, celui des boss
- Une tonne de choses à débloquer (capacité d’armes, extraits audio, glyphes, etc.)
Les moins
- Un jeu difficile, surtout pour les néophytes du genre roguelike
- Quelques rares problèmes (son qui coupe, mise à jour brisée, etc.)