Sylvester « Sly Boots » Bucelli ne demandait qu’une chose : qu’on le laisse boire tranquillement au fond de son trou boueux, dans l’un des quartiers les plus mal famés de la planète Anachronox.
Mais le destin (ou ses créanciers, selon les points de vue) le force à quitter cette planète sordide en laissant son désœuvrement derrière lui. « Sly Boots » plongera tête première dans les rouages titanesques d’une aventure galactique, ce dont il se serait passé volontiers.
Anachronox est un jeu de rôle humoristique mettant en scène une panoplie de personnages absurdes aux dialogues savoureux. Le récit se situe dans un cadre futuriste, à la fois grandiose et ridicule, où se joue le sort de l’univers dans l’indifférence la plus totale.
L’aspect vieillot du jeu peut sembler rebutant à première vue, ses graphismes étant déjà dépassés avant sa sortie en 2001. Mais Anachronox est un trésor qui se découvre lentement. Au-delà de son allure un peu crue, le jeu brille surtout par sa narration cinématographique, son humour omniprésent et ses personnages originaux.
Prenez Fatima, par exemple, ex-secrétaire de « Sly Boots » Bucelli : à deux doigts de la mort, elle fut numérisée et transférée dans une machine flottante appelée LifeCursor. Elle joue maintenant – tout à fait contre son gré – le rôle de curseur et d’interface, gérant avec réticence l’inventaire, les statistiques et les quêtes des héros. La palme de l’originalité revient cependant à Democratus, un personnage stupéfiant dont il est préférable de vous laisser découvrir la nature par vous-même.
Les contrôles et les mécaniques s’inspirent largement des classiques rétro, notamment les combats au tour par tour et la barre d’action se remplissant en temps réel pour déclencher l’activation des différents personnages. L’utilisation des artefacts Mystech est tributaire des Materia de Final Fantasy VII, tandis que l’absence de rencontres aléatoires rappelle plutôt le rythme d’un Chrono Trigger, chaque combat étant déclenché par une rencontre avec un ennemi visible.
Chaque personnage possède une affinité avec l’un des huit éléments qui composent l’univers d’Anachronox. Les dégâts subis ou infligés par un personnage dépendent souvent de cette affinité, un principe peu original, mais toutefois bien rendu grâce aux artefacts Mystech. Ces objets sont activés en combat et génèrent différents effets (attaque, guérison, protection, etc.) basés sur l’élément qui leur est associé. Ils peuvent également être personnalisés, par exemple pour causer des dégâts associés à un nouvel élément ou pour augmenter la portée d’une attaque magique.
Le jeu n’est pas parfait : comme la majorité des jeux de rôle, semble-t-il, ce titre est affaibli par les longueurs et les répétitions. Certains passages peuvent facilement se transformer en corvées d’allers-retours fastidieux, sans compter les nombreux bugs visuels qui ne manqueront pas de nuire à l’expérience de jeu.
Cependant, Anachronox est un jeu sans équivalent, certainement l’un des plus audacieux et des plus mémorables qu’il m’ait été donné de jouer. Bien qu’alourdi par une qualité technique épuisée et des mécaniques parfois répétitives, il a tout pour plaire aux amateurs de jeux de rôle, de science-fiction et d’humour décadent.
Excellent si vous cherchez :
+ Un univers original et hilarant
+ Un RPG de grande envergure
À éviter si vous cherchez :
– Un récit sérieux
– Une qualité technique irréprochable