Dead Rising 4 : notre critique

Annoncé pendant la conférence de Microsoft au salon E3 2016, Dead Rising 4 marque le retour du photojournaliste Frank West dans une nouvelle apocalypse de zombies. Si l’annonce initiale était marquée d’optimisme, force est de constater que ce quatrième opus a suscité beaucoup de controverse auprès des fans. Avec une formule monde ouvert et une vision diamétralement opposée aux origines de la série, que vaut exactement cette nouvelle entrée signée Capcom Vancouver?

De retour à Willamette

À plusieurs reprises, les développeurs de Dead Rising 4 ont martelé l’importance d’un retour aux sources pour cette franchise. C’est ce qui explique le choix d’un Frank West plus âgé et d’un environnement familier, soit le centre commercial de Willamette. Pourtant, dès les premières minutes de jeu, on sent qu’il y a eu un oubli majeur : la cohérence. Le tout premier titre est considéré comme un vrai joyau car sa jouabilité demande réflexion et stratégie. Au lieu de cela, Capcom a opté pour un véritable défouloir qui, ironiquement, est le moins ressemblant à ses prédécesseurs.

Pour commencer, il n’y a plus de minuterie. Frank est libre d’explorer les environnements à sa guise, sans avoir à se soucier de survivants qui pourraient périr ailleurs. Par conséquent, il n’y a plus de pression sur le joueur pour bien apprendre les routes les plus efficaces à emprunter, les raccourcis ou encore les emplacements d’armes redoutables. En d’autres mots, la progression repose un peu sur le « pilote automatique » plutôt que la connaissance de l’environnement. Autre élément déroutant pour les adeptes de la série : les survivants n’ont plus besoin d’être escortés jusqu’à un abri. D’accord, l’intelligence artificielle ramait dans les précédents opus, mais de là à tout automatiser, il y a des limites.

Dead Rising 4 est donc un jeu qui repose sur son aspect défouloir au détriment du reste. Frank rivalise d’ingéniosité pour tuer des milliers de zombies avec des recettes encore plus délirantes comme la massue acide, l’arc à feux d’artifice, le père Noël explosif, tout y est. L’arsenal du jeu est incroyable, même les véhicules peuvent être modifiés pour créer des engins de destruction loufoques comme la catapulte à zombies. Tant au niveau des armes que des dialogues, le jeu ne se prend pas du tout au sérieux. J’ai eu plaisir à entendre certaines lignes de Frank, même si le personnage en soi n’a rien à voir avec sa version cadette. L’acteur qui a prêté sa voix n’est plus le même et le personnage a aussi été changé sur le plan physique. Les puristes crieront peut-être à l’insulte, mais pour ma part, je n’ai pas vu cela comme un véritable problème.

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Un Black Friday mortel

L’histoire de Dead Rising 4 prend encore place à Willamette : une épidémie de zombies s’est déclarée pendant le Black Friday et Frank est appelé, à contrecœur, à retourner dans ce centre commercial dont il ne tire pas de bons souvenirs. Son but est de tirer toute cette affaire au clair car le gouvernement semble déterminé à cacher la vérité. J’ai apprécié ce retour dans un environnement familier. Le centre commercial est immense et agréable à explorer. Il y a une multitude de survivants à sauver et d’armes étonnantes à découvrir ou à fabriquer.

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Au niveau de la progression, je crois qu’il y a d’énormes lacunes. Une fois dehors, parce que oui cette fois Frank est amené à sortir de son magasinage funèbre, il est un peu trop facile de monter de niveau. Puisque les zombies réapparaissent après un certain moment, il ne suffit que d’en chopper quelques centaines avec un moyen de transport et accumuler les récompenses. Idem du côté des bonus d’exploration : les joueurs un peu plus perfectionnistes seront bombardés d’expérience et d’argent. J’avais acheté deux plans pour fabriquer des armes uniques et je me sentais déjà invincible. À titre d’exemple, j’ai tué d’un seul coup un boss avec un fusil laser tôt dans l’aventure. Je crois que Capcom a laissé trop de liberté aux joueurs et l’équilibre de la difficulté en a beaucoup souffert.

Pour ce qui est de l’aspect purement fun, j’ai eu du plaisir avec Dead Rising 4. Sa présentation est soignée dans l’ensemble malgré quelques bogues de collision ou de clipping en raison d’animations plus ou moins fluides des zombies. L’histoire, bien que peu engageante, m’a fait sourire grâce aux dialogues de Frank. On se lasse de tuer des ennemis à la pelle, mais la diversité est si grande (et ridicule) que nous demeurons tout de même accrochés. J’ai été particulièrement épaté par les aspects techniques : le nombre de zombies affiché à l’écran est incroyable et les effets spéciaux en valent le détour. Les transitions entre environnements intérieurs et extérieurs est parfaite. J’ai aussi apprécié les nouvelles fonctions ajoutées à l’appareil photo de Frank : la possibilité de balayer les décors à la recherche d’indices ou de progresser avec une vision nocturne. Bien sûr, Frank peut aussi prendre des photos normales ou encore s’éclater avec un selfie de mauvais goût.

Dead Rising 4 introduit aussi un mode en ligne où jusqu’à quatre joueurs peuvent coopérer pour tuer des zombies. Les meilleurs survivants sont récompensés avec de l’argent et du butin unique. Mon expérience à ce sujet a été brève, mais de ce que j’ai remarqué, l’expérience n’est pas très agréable. D’abord, les joueurs ne semblent pas trop savoir où donner de la tête et les zombies deviennent des éponges à dégâts. Visuellement, le jeu perd une tonne de détails pour ne pas compromettre sa fluidité. N’empêche, les ralentissements sont au rendez-vous. Je crois que ce mode n’est pas très populaire car les objectifs ne varient pas assez par rapport au mode histoire. Un mode coopératif sur un même écran aurait été préférable, mais peut-être trop difficile à réaliser sur le plan technique.

Verdict

Dead Rising 4 ne réinvente pas la roue, bien au contraire : le jeu a écarté certains des éléments les plus importants de ses prédécesseurs dans le but de rendre la série plus accessible. Une fois la phase initiale de découverte et d’excitation passée, nous nous retrouvons avec un jeu parodique très peu équilibré. Impressionnant sur le plan technique, ce quatrième volet s’approche d’un Dynasty Warriors avec des zombies. J’ai le sentiment que Capcom Vancouver a retiré son identité à Dead Rising en voulant plaire à tout le monde. J’ai quand même pris plaisir à explorer les environnements, tester une panoplie d’armes loufoques et utiliser mon appareil photo pour investiguer. Il n’en demeure pas moins que Dead Rising 4, dans l’ensemble, est loin d’un jeu qui marquera l’imaginaire collectif.

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