Critique – South Park – L’Annale du Destin

 

South Park: L’Annale du Destin est enfin disponible ! Se déroulant à peine quelques jours (voire heures) après Le Bâton de la Vérité, le titre d’Ubisoft San Francisco troque les capes et épées du médiéval fantastique contre les pouvoirs des super héros, en apparence bien sûr.

Suite directe de l’épisode précédent, il est impossible d’évaluer L’Annale du Destin sans le comparer au Bâton de la Vérité. Cette critique va donc refléter cet état de fait.

Premier élément très agréable à noter, South Park – L’Annale du Destin vient avec une copie numérique du Bâton de la Vérité. Idéal pour ceux qui, comme moi, n’y avait pas joué au moment de sa sortie sur PlayStation 3, Xbox 360 et PC. Mais rentrons dans le vif du sujet.

Dans South Park – L’Annale du Destin on incarne le même héros, toujours aussi bavard, que dans le premier jeu. Deux clans de super héros s’affrontent, non pas pour savoir qui est le plus cool, mais pour savoir lequel des deux groupes a le plus de chances de l’emporter sur la scène hollywoodienne et rafler les millions de dollars grâce à des franchises sur-développées.

Comme nous vous le contions dans notre article sur l’importance de la couleur de peau, il est désormais possible de créer son personnage de toutes pièces et de choisir la couleur de sa peau, ce qui est censé influer sur le jeu notamment dans les phases d’exploration. Eh bien, pour être déçus, nous sommes déçus. En effet, cette possibilité n’est que poudre aux yeux et effets d’annonce. Les développeurs ne sont pas allés au bout de leur idée qui aurait permis de lancer un message fort. Dommage…

Concernant les similitudes entre les deux jeux, elles sont extrêmement nombreuses. Celle qui saute aux yeux lorsqu’on lance une nouvelle partie est la qualité graphique. En effet, la série n’ayant que peu évolué graphiquement, le jeu est une nouvelle fois identique à ce que l’on peut voir sur sa télévision et en ce sens, c’est bluffant ! Les animations sont les mêmes, tout comme les décors qui fourmillent de nombreux easter eggs. C’est si saisissant que l’on se surprend à tout explorer pour tenter de découvrir ce que les auteurs, Trey Parker et Matt Stone, très impliqués dans le développement du jeu, nous ont laissés comme surprises.

Toujours dans la technique, nous sommes ravis de constater que les voix originales sont bien présentes et le contraire aurait été étonnant. L’esprit de la série est donc conservée avec son humour très bas du front (si les blagues scatophiles ou borderline ne sont pas votre tasse de thé, il vaut d’ailleurs mieux passer votre chemin). Il est par ailleurs très dommage qu’Ubisoft n’ait pas réussi à se mettre d’accord avec les doubleurs français dont le travail est remarquable sur le dessin animé. Si la raison derrière ce désaccord reste floue (probablement une question d’argent auquel cas ce serait très triste), la nouvelle équipe ne fait que peu, voire aucun, effort pour coller à l’esprit original et c’est un véritable désastre. C’est l’une des raisons pour lesquelles cette critique a été réalisée en version originale. L’autre étant de profiter du produit tel qu’il a été imaginé et conçu comme on l’aurait fait pour un film hollywoodien.

L’humour, puisque nous en parlons, est propre à la série. Les habitués retrouveront tous les personnages emblématiques de la série (à l’exception de Chef, et n’étant pas à jour de la série, je ne sais pas ce qui lui est arrivé et me questionne encore quant à son absence) en version super héros. Le titre ayant été repoussé plusieurs fois, on comprend que c’était en partie pour mieux intégrer des plaisanteries qui collent on ne peut plus à l’actualité. Il va être difficile d’en parler ici sans vendre la mèche, mais si c’est votre principal intérêt, vous n’allez pas être déçus de votre voyage dans le Colorado. Mention spéciale à Captain Diabetes qui est hilarant et génère malgré lui des blagues en veux-tu en voilà.

Si Le Bâton de la Vérité proposait une expérience rolistique simplifiée, il y avait néanmoins la touche Obsidian, ces vétérans du jeu de rôle derrière des créations comme Star Wars Knights of the Old Republic II The Sith Lords ou encore Fallout New Vegas. Dans South Park – L’Annale du Destin, les joueurs vont découvrir que l’aspect jeu de rôle s’est encore plus réduit. Exit les équipements nécessaires à la montée en puissance de votre personnage. Ici, les costumes ne sont que purement esthétiques. L’augmentation des différentes statistiques se fait grâce à des artefacts récupérés çà et là dans la ville ou à l’issue d’un combat, par exemple.

En parlant des affrontements, South Park – L’Annale du Destin conserve les batailles en tour-par-tour, mais introduit une grille de déplacement au sol. «Chouette, diront certains, on va pouvoir se la jouer à la Final Fantasy Tactics». Loin de moi l’idée de jouer les rabat-joies, mais ce n’est pas vraiment le cas. Si les déplacements sont importants et que certaines attaques touchent plusieurs cases, l’aspect tactique s’arrête ici. Que vous soyez ou non en face d’un personnage, les dégâts infligés sont les mêmes.

Les combats sont par ailleurs très simples et les Game Over ne sont pas légion (pour ne pas dire impossible). Les ennemis sont peu variés, mais les combats sont si courts (hormis les combats de boss) que l’on n’y prête pas attention. Qu’ils soient des cul-terreux, des clochards, des élèves de sixième année ou bien encore des hommes-crabes, on retrouve à nouveau les différents antagonistes de la série animée et nous évoluons en terrain connu.

Un autre aspect que l’on aurait aimé voir développé dans South Park – L’Annale du Destin est le choix. À seulement deux moments dans l’intégralité du jeu se pose un choix cornélien, mais finalement sans importance. Bien que le héros soit muet tout au long de l’aventure, on aurait pu avoir un semblant de développement du personnage au lieu de suivre bêtement les «ordres» de nos compères.

Nouveauté dans cet épisode, la possibilité de péter ouvre de nombreuses possibilités, ces gaz étant au cœur du jeu. En effet, à certains endroits-clés et moments-clés, vos vents vous permettront tour à tour de vous envoler pour atteindre des objets en hauteur, d’ouvrir de nouvelles voies ou encore de revenir dans le temps. Si cette innovation amuse durant les premières heures, force est de constater qu’elle finit par devenir quelque peu lourde et répétitive.

En définitive, South Park: L’Annale du Destin est un bon jeu quoiqu’un peu trop simple, au final un peu trop long (l’intrigue prenant des tournures tarabiscotées quelque peu gratuitement), mais on rit, on sourit pour au final soupirer. L’aspect RPG aurait dû être plus soigné et il y avait matière à faire un bon jeu, une digne suite du premier qui nous avait davantage surpris.