Critique – Red Dead Redemption II

Red Dead Redemption II cristallise toute l’essence de Rockstar et se hisse très haut sur la liste des jeux cultes et des incontournables.

I’m a poor lonesome cow-boy… NOT!

Dans Red Dead Redemption II, vous incarnez Arthur Morgan, membre du gang Van Der Linde et mené par Dutch Van Der Linde. En limitant nos spoilers au maximum, sachez juste que cette suite n’en est pas vraiment une. En effet, il s’agit plutôt d’un antépisode se déroulant en 1899 là où le premier jeu se déroulait en 1911. Par ailleurs, contrairement à la chanson fredonnée par Lucky Luke à la fin de chaque album, on est loin d’être un cow-boy solitaire. Notre équipe de bras cassée se compose de divers membres, chacun ayant sa personnalité. Comme vous vous en doutez, ce sont également vos compagnons de voyage qui vous donneront des missions à accomplir.

La trame principale, quant à elle, nous plonge dans une course en avant épique. En effet, notre gang doit fuir la ville de Blackwater après un braquage qui a mal tourné. Les conséquences sont telles que nos membres sont recherchés morts ou vifs dans cette région. Comme dans les autres jeux à monde ouvert, Red Dead Redemption II ne se limite pas à cette intrigue et les quêtes annexes sont multiples. À l’instar de GTA V des événements secondaires peuvent survenir çà et là et de manière complètement fortuite. Par exemple, on peut croiser quelqu’un qui a besoin d’aide (libre à nous de l’aider ou non), ou se faire braquer par un gang rival.

Red Dead Redemption
À cheval dans la forêt

Un réalisme unique

Si d’aventures, Rockstar dépeignait un monde contemporain très exagéré dans sa série des Grand Theft Auto, force est de constater que l’éditeur et développeur a bien potassé son Histoire. Peut-être même un peu trop pour certains. Mais quand on voit le résultat, on ne peut que féliciter l’excellent travail de toute l’équipe. Il est utile de préciser que Red Dead Redemption II se déroule dans des États-Unis fantasmés au tournant du siècle dans des secteurs tout aussi imaginaires. Cela dit, si les noms ne correspondent pas à des cartes de l’époque, on remarque facilement des similitudes avec le sud actuel des USA. Les accents des personnages, les marais remplis d’alligators ou encore les maisons coloniales sur les anciennes plantations sont criantes de réalisme.

Tout cela est rendu possible grâce à un moteur de jeu maison dont seul Rockstar a le secret. Le jeu est magnifique mais révèle toute sa puissance sur les consoles Pro et X. En effet, les machines de salon de base souffriront de quelques ralentissements çà et là mais rien à voir avec les horreurs que nous avons pu constater sur la version PS4 d’Assassin’s Creed Odyssey. Mais on aimera ou pas le filtre que les développeurs ont appliqué aux personnages qui leur donne un aspect pastel. C’est différent et évite avec panache de plonger dans la vallée dérangeante.

Red Dead Redemption
Le travail sur les personnages est impressionnant.

Une époque bien différente

De plus, l’époque est recréée à la perfection. Le colonialisme bat son plein; la ségrégation est on ne peut plus en vigueur; les hold-up sont monnaie courante; et les chevaux sont l’unique moyen de transport à travers des routes boueuses et à peine indiquées. Mais Rockstar s’est efforcé d’aller plus loin. Les développeurs ont mis leurs tripes à délivrer le western dans ce qu’il a de plus sale et glauque et non pas seulement comme une époque où les chercheurs d’or n’avaient qu’à se baisser pour trouver des pépites. On sent que c’est dur pour tout le monde. Tout est tellement bien recréé qu’on a l’impression de sentir l’odeur puante environnante. Heureusement nous n’en sommes pas encore là. Mais c’est saisissant et on a du mal à lâcher la manette tant c’est fascinant. Red Dead Redemption II offre un véritable saut dans le temps, un voyage unique en son genre.

Red Dead Redemption
Juste une partie de l’immense carte de Red Dead Redemption II

Here’s some gameplay, boy

Manette en main, le titre de Rockstar est très confortable. Même si certaines combinaisons de boutons restent hasardeuses—comme le fait d’appuyer et de maintenir L1 pour entrer dans le menu des armes puis R1 pour passer aux objets et enfin pointer et maintenir le stick droit dans une direction pour sélectionner un objet à utiliser—la plupart du temps, tout reste très intuitif. À l’instar de la version PC de GTA V, Red Dead Redemption II peut se jouer entièrement en vue à la première personne.

Concernant la progression, il n’est nul question de points d’expérience. En tout cas pas à proprement parler. En effet, on peut augmenter ses jauges de santé, d’endurance et de Dead Eye tout simplement en utilisant chacune des compétences. Dorénavant chacune de ces barres est divisée en deux. Le cœur de la jauge de santé baisse constamment et nécessite de se nourrir plus ou moins régulièrement pour le remplir et ainsi gagner en santé. De plus, ce n’est plus le seul élément dont nous devons nous soucier. Notre héros voit ses cheveux et ses poils faciaux pousser au long du jeu. On peut alors se raser dans le camp ou bien aller chez le coiffeur pour se faire une fraicheur. Mais cela reste avant tout esthétique.

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Arthur Morgan, au rapport

En parlant du camp, votre équipe sera amenée à se déplacer au fil de l’histoire et établira un quartier général à différents endroits de l’immense carte. Il est possible de l’améliorer de plusieurs manières et de participer à toute une foule d’activités en plus des missions principales et secondaires.

Enfin, vos montures, qui constituent votre moyen de transport principal, sont tout autant personnalisables. Même la selle peut être améliorée avec des poches de compétition pour ranger toujours plus d’objets, d’armes et d’accessoires pour votre cheval. Il faudra par ailleurs veiller à le brosser, le nourrir et le caresser pour qu’il reste en bonne santé.

Red Dead Online

La grande nouveauté de ce titre est bien évidemment la présence d’un mode multijoueur en ligne comme pour GTA. Toujours au stade de bêta, Red Dead Online est tout de même très stable et optimisé, et propose tout un tas d’activités. Par ailleurs, lorsqu’on le débute, on est pris par la main dans une phase de création de personnage puis dans l’accomplissement de quelques missions avant de se retrouver jeter dans le grand bain en ligne avec des joueurs immensément plus expérimentés. Il est alors possible de remplir des objectifs avec eux ou, et ce sont les modes de jeu les plus populaires, de se battre contre eux.

Seul ou en équipes, le PvP est bien sûr de la partie dans le mode en ligne. Puis, comme la rumeur le pressentait, un mode Battle Royale a fait son apparition il y a peu de temps. Comme chez les tenors du genre, Fortnite en tête, il faut trouver des armes, être le dernier survivant, pendant que le terrain de jeu rétrécit chaque minute. Ce mode dénommé Gun Rush est très amusant et on y passe facilement plusieurs heures à essayer d’être le dernier en lice.

Red Dead Redemption

Un trésor de jeu vidéo

Lorsqu’on voit le résultat de Red Dead Redemption II, on comprend que de nombreux éditeurs et développeurs ont décalé leurs sorties de quelques mois. Difficile de faire face à ce mastodonte qui engrange et continue d’engranger tant les millions de dollars que les récompenses et accolades de l’industrie et des joueurs. Après avoir passé beaucoup de temps dans cet univers de fiction de 1899, on ne peut que se dire que c’est amplement mérité. On a aucun mal à deviner que la durée de vie de cette suite qui n’en est pas vraiment une sera aussi longue que GTA V sorti en 2013 et toujours aussi vendu et joué en ligne. Rockstar a le don de produire des jeux cultes assurément. Il faudrait simplement veiller dorénavant à le faire dans de bonnes conditions, sans ruiner la santé physique et mentale de ses développeurs.

Red Dead Redemption II est disponible dès maintenant sur PlayStation 4 et Xbox One. On attend des nouvelles quant à une éventuelle sortie sur PC.