À l’assaut de Galar avec Pokémon Épée et Bouclier
Trois ans après Pokémon Soleil et Lune (et deux ans après les versions Ultra) célébrant le chant du signe de la Nintendo 3DS, il était temps pour la Nintendo Switch de prendre le relais avec la série des monstres de poche. Le résultat tient sur deux cartouches, Pokémon Épée et Bouclier. Se déroulant dans la région très victorienne de Galar, ce nouveau volet tente de beaucoup de nouvelles choses et prend quelques risques bien sentis.
Rapidement après le début du jeu, on se retrouve dans les Plaines sauvages, grande étendue ouverte dans lesquelles gambadent de nombreux Pokémon qui n’attendent que d’être attrapés. Que ce soit dans les hautes herbes, dans l’eau, ou même à découvert, vous aurez l’embarras du choix. Attention cependant, certains sont de haut niveau et vous extermineront sans sommation.
Comme dans les précédents jeux, votre objectif est de devenir le nouveau Maître Pokémon. Dans Pokémon Épée et Bouclier, le maître en titre n’est autre que Tarak, le frère de votre rival, Nabil. Pour ce faire il faudra, à l’instar des anciens volets, suivre un chemin tout tracé et récupérer les sempiternels badges en anéantissant les champions attitrés. Rien de nouveau sous le soleil donc.
Les nouveautés de Pokémon Épée et Bouclier
À l’image de Pokémon Let’s Go, les créatures sont désormais visibles à l’écran. Finis donc les combats aléatoires. De plus, les affrontements ont bien changé, évolué si l’on peut dire. Les différentes conditions météo (scriptée plutôt que dynamique, c’est dommage) ont une influence directe. S’il pleut, les attaques d’eau seront renforcées; s’il grêle, tous les Pokémon subiront des dégâts à la fin du tour sauf ceux de type glace. Et ainsi de suite. Cet aspect rajoute une nouvelle couche de stratégie bienvenue et l’on s’accord en conséquence. D’ailleurs, tous les Pokémon reçoivent des points d’expérience qu’ils aient combattus ou non.
Mais on ne saurait parler des combats sans aborder le Dynamax, cette capacité peut rendre votre créature gigantesque pendant trois tours à des moments bien précis. On le fait notamment dans les affrontements contre les champions d’arène. Durant ce temps limité, les points de vie augmentent tout comme la puissance des attaques. C’est impressionnant, d’autant plus que certains Pokémon ont un look spécial pendant cette séquence. Une bonne idée.
En parlant des arènes, plutôt que de n’affronter que d’autres dresseurs avant de se frotter au boss, on doit y résoudre des sortes d’énigmes. Qu’il s’agisse de guider des moumoutons, de tourner dans le bon sens dans une tasse ou encore d’activer les bons interrupteurs dans le bon ordre, nos méninges sont mises à l’épreuves pendant quelques minutes. Rafraichissant.
Autre nouveauté de ce volet, le multijoueur. Il prend plusieurs formes. On a les raids, sortes d’instances qui nous opposent à des Pokémon « dynamaxés ». On peut les affronter avec d’autres joueurs ou bien des IA. Puis, sur simple pression du bouton Y à n’importe quel moment dans le jeu on peut se mesurer à d’autres dresseurs en sélectionnant l’option adéquate dans le menu.
Infantilisant
Malgré tout, ce nouvel épisode canonique est entaché par quelques défauts désagréables. Tout d’abord, il est infantile au plus haut point. Si on ne savait pas que Pokémon était destiné aux enfants, Nintendo nous le rappelle. Constamment. Le scénario ne vole vraiment pas très haut. C’est toujours un peu le cas dans Pokémon, mais on se demande où est passé l’effort de Pokémon Noir et Blanc avec sa team Plasma qui veut sauver les Pokémon réduits en esclavage. Même si l’exécution n’était pas parfaite, on avait là une volonté de relever le débat. C’est réduit à néant dans Épée et Bouclier. Ne cherchez pas un second niveau de lecture à la Disney.
Puis c’est peut-être la version française qui est comme ça, mais que les dialogues sont niais. Avec des expressions d’un autre temps qui sont plus gênantes qu’autre chose.
Mais on nous prend aussi tout le temps par la main. C’est le cas dans la plupart des jeux de maintenant mais on a l’impression que c’est constant dans cet épisode précis. D’un autre côté, on devait être des génies lorsqu’on a joué à Pokémon Rouge et Bleu parce qu’hormis l’explication/démonstration du début, on n’avait plus rien il me semble.
Merci Nintendo mais Pokémon, ce n’est pas que pour les enfants. C’est un beau raté et un beau gâchis de coté-là.
Absences remarquées
Abordons maintenant le cas du Pokédex. Car Game Freak avait deux choix et a opté pour le mauvais. On le sait, Nintendo n’est pas un champion de la communication même si la firme a fait de gros efforts durant cette décennie. Mais là, prétendre qu’il n’était pas possible d’inclure tout le Pokédex et croire que les joueurs n’iront pas fouiller dans les fichiers du jeu et découvrir que c’est tout simplement un mensonge éhonté, il fallait le faire. On est en 2019. Ces excuses ne tiennent plus depuis longtemps. Ce sera sûrement pour une version Ultra ou autre. Mais quand même.
Il en va de même du côté des animations. C’est le service minimum. Certaines sont pourtant léchées mais d’autres se contentent de faire sauter le Pokémon sur place (Double-Pied au hasard). On s’attend à mieux de la part de Nintendo sur sa propre console.
Côté bande-son, on sent que ce n’est plus Junichi Masuda qui est aux commandes. C’est plat. À part quelques thèmes qui ressortent comme le combat contre les champions d’arène (gâché par son final quand même) c’est très moyen dans l’ensemble. Notons tout de même que Toby Fox, le compositeur d’Undertale est responsable d’un thème de combat qui sort un peu du lot.
Quoi qu’il en soit Pokémon Épée et Bouclier restent des valeurs sûres. On ne s’ennuie pas. J’ai terminé le jeu en environ 30 heures en prenant mon temps sans lésiner sur la capture (151 Pokémon capturés). C’est solide, amusant mais il serait temps que Nintendo réalise que ceux qui ont commencé au début ont grandi et s’attendent à autre chose. Pourquoi ne pas retenter quelque chose comme Pokémon Colosseum ou Pokémon XD? Il serait temps.
Verdict
Les plus
- Un gameplay toujours aussi solide
- Une certaine prise de risque
- Les Pokémon toujours aussi attachants
Les moins
- Le côté niais et infantilisant
- Le scénario pas « ouf » du tout
- Le manque d’animation
- Les Pokémon absents
- La bande-son générique
- Trop dirigiste