Critique – Outriders

De nos jours, l’expression «live-service game» nous fait soupirer. C’est qu’en théorie, l’idée d’un jeu qui est constamment agrémenté de nouveau contenu, dont on peut profiter pendant plusieurs années, est géniale. En pratique, on se retrouve avec des désastres à la Marvel’s Avengers, qui ont recours à toutes les manigances anti-consommateur pour garder notre attention. C’est le royaume des microtransactions, des missions répétitives, du contenu étiré et de l’attente de DLC gratuits qu’on nous a promis depuis trop longtemps.

C’est alors qu’entre en scène Outriders, un jeu de tir coopératif à la troisième personne avec du loot, des pouvoirs spéciaux et du contenu post-game à l’infini qui a toutes les qualités de ces fameux «live service game», en éliminant la majorité de leurs défauts. Le meilleur des deux mondes.

Les changements climatiques ont atteint un point de non-retour et les catastrophes naturelles sont de plus en plus fréquentes. L’humanité n’a aucune chance de survie si elle ne part pas à la recherche d’une autre planète habitable (Dans le jeu aussi!).

Comme de véritables Charles Patenaude, vous arrivez sur une planète prometteuse pour soudainement faire face à une tempête d’énergie qui tue une partie de l’équipe, et vous donne des pouvoirs spéciaux. Futurama-style, vous êtes cryogénisé et réveillé 31 ans plus tard, alors que c’est le gros chaos sur la planète : guerres, créatures puissantes, extraterrestres au passé mystérieux, bref, tout est en place pour vous donner une raison de sortir l’arsenal et enchaîner les headshots.

C’est peut-être de la sci-fi classique, mais Outriders réussit réellement à garder notre attention grâce à des mystères de plus en plus attrayants, mais surtout, des cinématiques très courtes et claires : pas de jet de lore au visage à la Destiny. 

cinématique

Les missions consistent en une série de niveaux en format corridor aux multiples embranchements. Côté gameplay, c’est du Gears of War (ce dernier avait été codéveloppé par People Can Fly, le studio responsable d’Outriders), donc des fusillades derrière murets, mais avec un plus grand dynamisme grâce à des pouvoirs spéciaux avec cooldown à la Borderlands.

Outriders est disponible sur Game Pass depuis sa sortie

On sait, on vante souvent les mérites de Game Pass, mais encore une fois, on tombe sur un parfait exemple qui démontre les avantages du service. Puisque depuis un an, j’ai ignoré toutes les apparitions de Outriders dans les conférences de presse. Je n’ai jamais aimé ni Gears of War, ni Destiny. Outriders n’était définitivement pas pour moi.

Le jour de sa sortie, je me disais que j’allais tout le même l’essayer : je n’allais pas passer à côté de la chance de mettre la main sur un tout nouveau jeu à 80 $, ne serait-ce que pour le rayer définitivement de mon backlog, de confirmer que ce n’était pas pour moi. Après tout, son passage sur Game Pass allait probablement être d’une durée limitée : c’était le moment où jamais.

Trois jours plus tard, j’avais dévoré l’entièreté de la campagne d’Outriders, et j’ai même continué de faire des missions optionnelles après le déroulement du générique (rare pour moi, j’ai souvent tendance à passer à autre chose). Non seulement son inclusion dans Game Pass m’a poussé à essayer un jeu que j’aurais totalement ignoré, mais au final, j’ai adoré mon expérience et rentabilisé mon abonnement. Tout le monde y gagne.

Mais qu’est-ce qui m’as donc tant accroché dans Outriders, moi qui me lasse rapidement de ce genre de jeu? Au moins 1001 détails qui améliorent l’expérience de jeu.

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De la variété dans les ennemis, les décors et le gameplay

Rien n’est plus déprimant que de combattre les mêmes ennemis de la même façon dans les mêmes décors pendant des dizaines d’heures. Outriders semble être conscient de la répétition habituelle des jeux de tir avec éléments RPG et fait un effort pour garder tout ça vivant.

Les environnements sont ridiculement différents d’un secteur à l’autre. On passe du bidonville post-apocalyptique aux montagnes enneigées, à l’intérieur d’un volcan, puis à la forêt tropicale, le désert, bref, on se croirait dans un Mario Kart. Ça a pour effet de rendre la campagne excitante et mémorable, contrairement aux bases scientifiques/militaires infinies de Marvel’s Avengers. Ça demande assurément plus de budget, surtout que les décors sont toujours magnifiques (et fluides, à 4k [variable] 60 fps sur Series X). On lève notre chapeau à l’équipe.

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Même chose pour les ennemis, qui alternent entre les soldats armés et les créatures extra-terrestres. Si les premiers s’affrontent mieux en se cachant derrière des murets puisqu’ils font de même, les seconds courent vers vous, vous obligeant à avoir une plus grande mobilité. On doit changer notre approche à chaque nouvelle situation. Il y a des snipers qui vous encouragent à rester cachés, et des grenades lancées qui vous feront déplacer d’un mur à l’autre. Parmi ces deux groupes d’ennemis, on trouve des boss et mini-boss avec des pouvoirs spéciaux, qui pimentent eux aussi les combats. Évidemment, ça reste un jeu de tir. La répétition est donc inévitable, mais beaucoup moins ressentie.

Notons que quatre classes sont disponibles, chacune offrant un immense arbre de compétence unique, qui modifiera assurément votre manière de jouer.

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Une durée très élastique

La structure du jeu est exemplaire. D’un côté, on a une campagne d’une quinzaine d’heures, pas plus pas moins, lorsqu’on se concentre uniquement sur les missions principales. Pour ceux qui n’en veulent plus, on y trouve des missions optionnelles magnifiquement bien intégrées au trajet du joueur. En discutant avec les NPC, on peut activer ces quêtes et elles seront sur votre chemin : il suffit de suivre la flèche pour faire un petit détour, compléter l’objectif (souvent moins d’une quinzaine de minutes), pour ensuite être téléporté à nouveau sur le trajet principal.

On peut donc gonfler la campagne au double de sa durée (une trentaine d’heures) pour ceux qui le veulent bien, sans que l’on ait un sentiment de remplissage. Il faut dire que le contenu optionnel étoffe réellement l’univers du jeu avec des dialogues parfois touchants, parfois comiques.

Puis, il y a bien sûr le post-game : des missions infinies pour continuer d’améliorer votre personnage et obtenir du meilleur matériel. 

Il est donc satisfaisant autant pour celui qui cherche à jouer une courte campagne, qu’à celui pour qui Outriders sera leur unique divertissement pendant des semaines (voire mois).

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Aucun temps mort

Je voulais mourir lorsque je jouais à Watch Dogs Legion, et qu’à chaque fin de mission, je devais attendre un dialogue d’une minute ou plus avant de finalement savoir dans quelle direction se trouvait le prochain objectif. Un temps mort dans lequel je me retrouvais à rester sur place et attendre, pour éviter d’allonger mon chemin. C’était lourd.

Les dialogues d’Outriders continuent même si vous allez dans les menus pour changer votre équipement, parce qu’on est en 2021 et qu’on est capable de faire du multi-tasking. Même chose pour les objectifs, qui sont toujours affichés à l’écran, présents sur la carte, et faciles à trouver, puisque les niveaux sont des corridors. Comme si ce n’était pas assez, on vous offre même une extraordinaire ligne directrice qui trace le chemin que vous devez emprunter pour atteindre la mission sélectionnée : il suffit de cliquer sur le joystick…beaucoup mieux que le traditionnel compas imprécis qui ne prend pas en compte les obstacles.

Ce ne sont que quelques exemples pour faire comprendre que les irritants sont gardés au minimum tout au long du jeu. J’ai rarement senti autant de bonnes décisions côté game design : c’était jouissif. 

  • Les balles par terre sont automatiquement ramassées par votre personnage lorsque vous marchez près d’elles
  • Les items à ramasser sont visibles de loin, brillent de la couleur qui correspond à leur rareté, et leurs stats apparaît lorsque vous arrivez devant, vous savez donc instantanément si vous devez le prendre. Ils s’équipent automatiquement si vous n’en avez aucun!
  • Un inventaire assez grand pour être rarement plein
  • Un chargement à la vitesse de l’éclair grâce au SSD sur les nouvelles consoles

Même en termes d’accessibilité, Outriders est génial. Il vous offre 15 niveaux de difficulté (le modèle Diablo). Plus vous l’augmentez, plus le loot est intéressant et plus les ennemis sont coriaces. Il est modifiable en tout temps : tout le monde y trouve son compte.

La durée des sessions de jeux est malléable, puisqu’on croise régulièrement des points de sauvegarde, qui permettent aussi de se téléporter ailleurs sur la carte.

De la gestion d’inventaire, il y en a, mais pas de manière excessive. C’est fluide et sans réel compromis, puisqu’on peut toujours démanteler un item pour obtenir des ressources si vous avez les poches pleines.

Bonne expérience solo

J’ai joué à Outriders uniquement en solo. L’expérience n’était pas différente d’un jeu standard hors ligne à part un désagrément fâcheux. On ne peut pas mettre la console en veille et reprendre notre partie plus tard. Puisque l’on doit toujours être connecté au serveur (même en mode solo), la session expire et on doit repartir du menu principal. C’est particulièrement triste sur Xbox, alors que ça nous empêche de profiter de la fonction quick resume.

On a noté des plaintes au lancement : problèmes de serveurs, cross-play temporairement indisponible, version PC exigeante. Les joueurs PC devraient peut-être attendre quelques semaines avant d’y plonger.

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Outriders n’invente rien. Absolument rien. Pourtant, l’expérience est sublime grâce à l’élimination des nombreux irritants habituellement présents dans ce genre de jeux. Je le recommande à tous, particulièrement aux abonnés Game Pass, qui n’ont littéralement rien à perdre. Sinon, une version démo sur la majorité des plateformes où il est disponible, soit PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series, PC et Stadia.

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