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Critique – Death Stranding

Avec Death Stranding, Hideo Kojima polarise

Annoncé en 2016, Death Stranding est resté bien mystérieux. En même temps avec Hideo Kojima aux commandes, il était difficile d’en être autrement. D’autant plus que maintenant qu’il n’est plus chez Konami, il a le champ libre pour ne pas dire qu’il est en roue libre. Plus les mois avançaient, moins le brouillard autour de son dernier projet se dissipait. On savait qu’il s’agirait d’un jeu différent mettant en scène des acteurs bien connus comme Norman Reedus ou Léa Seydoux. Par contre, niveau gameplay, c’était le flou absolu (ou artistique, c’est selon). Alors, « walking simulator » ou jeu de l’année 2019?

Eh bien la réponse se situe quelque part entre les deux. Mais d’abord quelques explications s’imposent, sans spoiler. Death Stranding se déroule aux États-Unis d’Amérique dans un futur proche post-apocalyptique. Un cataclysme a ravagé le pays et le monde entier et votre but sera de connecter différentes villes tout en effectuant votre job de livreur. Oui, vous jouez un livreur, mais pas n’importe lequel. Sam Porter Bridges travaille pour la compagnie Bridges et est un cas un peu particulier que nous vous laisserons le soin de découvrir par vous même.

Si au départ on ne se déplace qu’à pied, on trouve vite différents véhicules électriques qui permettent d’accélérer notre cadence ainsi que des exosquelettes pour avoir un meilleur équilibre. Car oui c’est le nerf de la guerre, l’équilibre, la balance. Chargé comme une mule on doit se déplacer d’un point A à un point B et livrer des colis en bon état. Il faut donc veiller à garder l’équilibre pour ne pas endommager notre cargaison. On maintient donc L2 et R2 à tour de rôle pour rester droit et éviter de tomber. Tout en faisant attention à la jauge d’endurance. Mais ce n’est pas le seul danger.

DEATH STRANDING

Fantômes, morts-vivants, zombies et… BB? Le « bestiaire » de Death Stranding

Comme on avait pu le voir dans différentes bandes-annonces, le scénario de Death Stranding fait la part belle aux BT, ces étranges créatures invisibles, laissant seulement des traces de mains sur le sol et les différentes surfaces qu’elles touchent. Sachez donc que c’est lors des orages et des averses de pluie noire que ces sortes de fantômes apparaissent. C’est à ce moment que l’on peut remarquer l’influence de Lovecraft sur le travail de Kojima. Les différents romans de l’écrivain se concentrent sur la peur de l’inconnu, de l’indicible et des monstres tentaculaires… qui sont présents dans Death Stranding!

Assez rapidement dans votre aventure, vous serez amené à croiser une sorte de créatures mi-baleine, mi-sèche, noire comme du charbon avec des tentacules et un masque doré en forme de tête de mort. Certains de ces détails rappellent bien évidemment Cthulhu, l’abomination venant du cerveau fécond et malade de Lovecraft, l’un des grands anciens. Ce sera l’un de vos ennemis jurés. Cet animal rappelle également Moby Dick Studio, l’entreprise suédoise factice au logo en queue de baleine que Kojima avait utilisée lors de la communication autour de Metal Gear Solid V The Phantom Pain.

Mais quid du bébé que l’on a pu voir dans les trailers? Il s’agit d’un BB qui nous permet de voir ou d’apercevoir les BT. Normalement, leur espérance de vie ne dépasse pas quelques mois, suite à quoi, on les balance aux ordures. Ces derniers sont d’ailleurs retirés du ventre de mères en situation de mort cérébrale. Ils ne quittent jamais leur ventre artificiel. Certains de nos confrères trouvent cette pratique sexiste mais ça fait partie de l’univers développé par Kojima.

Tactical Espionage Action Game?

D’ailleurs quand on croise les BT, le gameplay change quelque peu. À la manière d’un Metal Gear Solid, on doit faire preuve de discrétion pour ne pas se faire attraper par ces monstres et perdre temporairement notre cargaison. Mais il y a une différence. On doit en plus retenir sa respiration pour garantir un passage en toute sécurité. Bien évidemment, on ne peut s’arrêter de respirer à l’infini. Il faudra donc faire des pauses bien calculées et faire attention avant de repartir. Inutile d’essayer de passer en force, en courant ou même avec un véhicule on se fera attraper forcément. On le sait, on l’a testé.

Démo technique

Avec Death Stranding, Hideo Kojima rappelle qu’il sait donner le la en termes de qualité technique. En effet, sa dernière production profite d’un moteur co-développé avec Guerrilla Games, Decima. On jurerait voir le Fox Engine tout de même tant les artifices utilisés par le créateur sont similaires. En tout cas les acteurs ont l’air plus vrai que nature et on reconnait sans mal les traits de Norman Reedus et consort.

Par ailleurs, la beauté du jeu transparait dans son aspect hyper contemplatif et très japonais dans l’esprit. Si l’on prend un ouvrage de référence comme La pierre et le sabre d’Eiji Yoshikawa, les scènes d’action occupent une place infime. Pourtant, la violence y est sans commune mesure. Tout le reste n’est que contemplation interne comme externe. Eh bien dans Death Stranding, c’est pareil à peu de choses près. Le développement est très lent et le tout ne démarre réellement qu’à partir du chapitre 3. C’est normal pour une production de ce type. Ce qui l’est moins c’est d’avoir des acteurs sommes toute bankable et occidentaux pour l’incarner. Ça choque au début mais on s’y habitue.

Mention spéciale pour la musique très planante surtout dans le choix des chansons. On dirait qu’on visionne une vidéo promotionnelle. En parlant de promotions, Kojima aurait pu nous éviter ses placements produits aussi grossiers qu’inutiles. La boisson énergétique Monster fait tache dans ce tableau.

Re:connect

Comme dit plus haut, le but du jeu est d’arriver à reconnecter les grandes villes restantes. On part de l’est et on va jusqu’à l’ouest avec bien évidemment quelques arrêts ici et là. Les plus observateurs ne manqueront pas d’y voir un lien avec une autre série qui aborde le même thème, Kingdom Hearts. Mais nous laisserons le soin à un certain professionnel de la saga le soin de nous expliquer la relation entre les deux jeux, malgré qu’elle soit assez évidente. Par exemple, la plage plongée dans le noir, éclairée seulement par la lune rappelle vraiment le monde des ténèbres de la série de Square Enix et Disney. On voulait tout de même le mentionner, tant la ressemblance nous a paru évidente.

Au final, Death Stranding est un jeu déroutant dans lequel on incarne l’archétype du héros tel que dépeint par Joseph Campbell. Mais pour un jeu vidéo, il pratique et nous fait pratiquer une activité si triviale que l’on croit à une mauvaise blague au départ. Heureusement, le jeu d’Hideo Kojima est rattrapé par son scénario accrocheur plein de mystères et de secrets à découvrir. Pas le jeu de l’année, pas forcément un jeu qui restera dans les annales (sauf pour ses placements produits grossiers), mais un excellent jeu d’un créateur aussi adoré que controversé.

Verdict

Les plus

  • La réalisation
  • Différent et captivant
  • Un vrai univers très bien exploité comme d’habitude avec Kojima

Les moins

  • Les placements produits
  • La lenteur du démarrage

Note finale

8 / 10

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