Vous êtes fan de Age of Empires I et avez fini tous les God of War dix fois à cent-pour-cent? Vous attendiez depuis longtemps un nouveau jeu sur le thème de la Grèce Antique? Plus besoin de patienter. Pour le nouvel épisode de l’une de ses séries les plus cultes, Ubisoft nous renvoie plusieurs millénaires en arrière vivre une aventure immersive et complète dans la Grèce d’Homère, de Socrate et de Léonidas. Voici notre avis sur Assassin’s Creed: Odyssey, cet open-world épique à l’ambiance méditerranéenne qui vient redéfinir en de nombreux points l’identité de la série.
Les dieux sont en colère, la guerre entre Sparte et Athènes ravage la Grèce, les campagnes sont infestées de bandits et des oligarques corrompus règnent sur les villes. C’est dans ce contexte chaotique que vous allez devoir évoluer aux commandes de l’un des deux personnages jouables du titre: Alexios ou Kassandra. Si j’ai trouvé le doublage anglais et le charisme général de Kassandra assez supérieurs à ceux de son homologue masculin, les deux protagonistes sont essentiellement les mêmes. Mercenaire sans le sou au passé obscur élevé dans une famille Spartiate, vous serez amené à parcourir le monde Grec en long et en large afin de lever le voile sur vos origines, affrontant au passage fanatiques religieux, brigands et bêtes mythiques. Sans donner plus de détails pour éviter les spoilers, le scénario du jeu a le mérite d’être plutôt intéressant à suivre et est parsemé de rebondissements, de décisions majeures influençant son déroulement et de personnages attachants.
La qualité esthétique et artistique du jeu saute aux yeux dès les premières minutes de gameplay. La Grèce Antique, parée de ses temples, ses villes et ses îles rocailleuses, a été magnifiquement reproduite avec des textures très soignées, d’impressionnants effets de lumière, des environnements détaillés et des personnages réalistes modélisés et animés avec une grande finesse. La ville d’Athènes, recréée avec minutie, fait notamment honneur aux autres villes historiques modélisées dans les épisodes précédents (New York, Florence, La Havane…). Bien conscients de la beauté du jeu, les développeurs y ont ajouté un mode photo permettant de prendre des captures d’écran personnalisées et de les partager directement sur le jeu. Notre épopée dans ces environnements grandioses est accompagnée d’une bande sonore et de musiques d’ambiance très immersives. Bien que certains doublages anglais soient parfois peu convaincants et que je vous conseille fortement d’y jouer en français, les voix originales Grecques viennent encore améliorer le réalisme et l’immersion dans l’univers du jeu. Le prix à payer pour cette qualité technique est que certains temps de chargement sont parfois un peu longs, et qu’on peut dénicher un certain nombre de petits bugs au cours de notre exploration. Sur PC, il faudra également une machine assez performante pour pouvoir lancer le jeu en qualité maximale sous peine de faire face à des chutes de FPS assez gênantes. Ces légers problèmes ne viennent en revanche pas sérieusement endommager l’expérience de jeu, et Assassin’s Creed: Odyssey demeure un titre d’une qualité technique remarquable, tant au niveau visuel qu’au niveau sonore.
Si les quêtes principales ne manquent pas d’intérêt, Assassin’s Creed: Odyssey est avant tout axé sur l’exploration et sur le jeu de rôle. Le titre propose une carte absolument immense parsemée de lieux d’intérêts, quêtes secondaires, forteresses à infiltrer etc…explorer cette vaste carte en entier en remplissant l’ensemble des quêtes annexes peut potentiellement requérir plus d’une centaine d’heures de jeu. Assassin’s Creed: Odyssey, sûrement inspiré par l’excellent The Witcher 3, offre un monde vivant et extrêmement riche où il y’a toujours quelque chose à faire pour rythmer son aventure, où les environnements sont truffés de détails, et où on ne s’ennuie globalement jamais. Quand on a fini d’infiltrer discrètement une forteresse gardée par plusieurs officiers, on peut rapidement aller nettoyer un campement de bandits à quelques mètres de distance ou partir affronter une créature légendaire en haut d’une falaise locale si on souhaite plus de challenge. Une partie importante du jeu se focalise sur la traque des membres du culte de Kosmos, notre plus grand ennemi. On récupère des informations sur un membre du culte anonyme, puis on le démasque, on identifie sa position et on s’en va l’assassiner. Ces phases de traque et d’assassinat ajoutent beaucoup d’intérêt au gameplay. Le jeu s’est également doté d’un système de chasseurs de primes, qui vient ajouter de la difficulté à notre périple. Lorsqu’on crée trop de grabuge dans une ville, par exemple, un contrat est placé sur notre tête et on se retrouve en permanence traqués par des mercenaires souvent plusieurs niveaux au dessus de nous. En plus d’être de véritables mines à loot lorsqu’on réussit à les tuer, ces mercenaires possèdent chacun des points forts et des points faibles que l’on peut exploiter pour les abattre, ce qui n’est pas sans rappeler un certain Middle Earth: Shadow of War. Ces mini-boss peuvent nous tomber dessus n’importe où et à n’importe quel moment, ce qui pimente sérieusement l’action tout le long du jeu et rend les combats plus dynamiques et intéressants. En plus de l’exploration à pied et à cheval, on peut circuler entre les différentes îles en navigant sur un bateau personnalisable et améliorable. Tout comme c’était le cas dans Assassin’s Creed: Black Flag, il est possible dans Odyssey de s’engager dans des batailles navales. J’ai malheureusement trouvé ces affrontements en mer assez répétitifs à la longue. Le schéma ne varie jamais, on lance des salves de flèches sur le navire adverse jusqu’à ce qu’il se retrouve immobilisé, puis on peut choisir de le couler instantanément ou de l’aborder pour affronter son équipage. Si lancer un ou deux abordages peut toujours être drôle lors d’un trajet entre deux îles, on a un peu tendance à laisser tomber et à se contenter d’aller d’un point A à un point B sans chercher d’ennuis. C’est dommage, car les possibilités poussées de personnalisation de son navire, en recrutant des nouveaux membres d’équipage à travers le monde ou en améliorant sa puissance de feu, auraient pu rendre ces phases d’action navales plus intéressantes et variées qu’elles le sont en réalité.
Assassin’s Creed: Odyssey renforce également l’aspect jeu de rôle de la série. Le jeu met plus d’emphase que ses prédécesseurs sur la customisation des personnages et sur les dialogues avec les PNJs, rendus plus vivants et convaincants par des animations faciales très réalistes. Tout le long de nos interactions avec les différents protagonistes, on est amenés à prendre des décisions importantes pouvant influencer la narration et avoir un impact sur l’environnement de jeu (par exemple: épargner ou ne pas épargner certains personnages clés). Les possibilités de customisation de son personnage sont également très poussées. Au cours de nos escapades, on peut ramasser un nombre impressionnant de pièces d’armure pouvant par la suite être améliorées chez le forgeron avec les matériaux et l’argent nécessaire. Si une pièce d’équipement nous plaît esthétiquement, on peut potentiellement la garder tout le long du jeu en allant l’améliorer, évitant ainsi d’être obligés de la remplacer par une pièce moins belle mais offrant de meilleures statistiques (comme c’est le cas dans la plupart des RPGs). Globalement, l’emphase sur le jeu de rôle a été bien réussie, mais la guerre de faction entre Sparte et Athènes aurait peut-être gagné à être mieux exploitée à cet effet. Dans chaque région Grecque que l’on parcourt, on peut choisir de soutenir ou bien Sparte ou bien Athènes dans le conflit continu qui oppose ces deux nations. On est alors amenés à aider l’un de deux camps en éliminant des officiers du camp adverse, en brûlant ses ressources et son ravitaillement, en saccageant ses camps militaires ou encore en assassinant son chef régional. Toutes ces actions contribuent à affaiblir la nation adverse. Lorsque cette nation est assez affaiblie, on peut déclencher une grande bataille entre les deux camps pour se disputer le contrôle de la région par le sang. Ce qui est regrettable, c’est que ce choix de faction n’a en réalité que peu d’influence sur le déroulement du jeu et sur le role play. On peut parfaitement soutenir Sparte dans une région dominée par Athènes, puis retourner sa veste et soutenir Athènes dans une région dominée par Sparte quelques heures de jeu plus tard. La guerre de faction mène donc à quelques petites incohérences, et aurait selon moi gagné à avoir un plus gros impact sur la narration et le déroulement de l’histoire.
Le système de combat a été révisé par rapport aux anciens titres. Pour les points positifs, les affrontements sont rythmés par de nombreuses habiletés passives et actives qui leurs donnent plus d’intérêt. Le meilleur exemple est sûrement le fameux Sparta Kick (je vous laisse deviner la référence), un puissant coup de pied permettant de battre des adversaires parfois beaucoup plus forts que nous en les éjectant du haut d’une falaise ou d’une tour. Parmi les autres habiletés disponibles, on peut tirer une flèche téléguidée au ralenti afin de ne jamais manquer sa cible, ou encore empoisonner ses armes pour leur faire infliger des dégâts sur la durée. Odyssey propose également un arbre de talents assez complet permettant d’envisager trois styles de jeu différents: assassin jouant sur la discrétion, chasseur préférant attaquer ses ennemis à distance avec son arc ou guerrier jouant plutôt sur la force brute et le combat de mêlée. Les multiples types d’armes trouvables dans le monde viennent également ajouter un peu de variété aux styles de combat. On peut ainsi choisir de se battre à l’épée, aux dagues, à la massue ou à la lance, entre autres. Malgré cette diversité, les combats peuvent rapidement devenir assez rigides, et on se retrouve souvent à simplement spammer la touche « parer » pour réussir à placer une attaque efficace, notamment face aux ennemis possédant des boucliers. Autre point négatif: l’action et les phases d’infiltrations sont souvent entachées par une IA qui laisse un peu à désirer. On se retrouve parfois face à des adversaires écervelés qui mettent un temps incroyable à attaquer, qui restent quasi-statiques alors qu’on est en train de leur tirer des flèches dans la tête ou qui arrivent à nous repérer de très loin sans raison apparente. Cette IA rend les phases d’infiltration assez difficiles et devrait être un peu retravaillée pour les prochains épisodes.
Globalement, Assassin’s Creed: Odyssey est un excellent Assassin’s Creed et un très bon open-world qui a su s’inspirer des meilleurs jeux du genre pour créer un monde attachant à l’ambiance immersive et unique. Le jeu est visuellement magnifique et disperse un contenu extrêmement riche sur une carte immense, offrant ainsi potentiellement des dizaines et des dizaines d’heures de jeu durant lesquelles on ne s’ennuie jamais. Malgré quelques petits bémols au niveau de la jouabilité et certains éléments de gameplay que j’ai trouvé légèrement sous exploités, Ubisoft a réussi à créer un jeu extrêmement complet et agréable à explorer. Assassin’s Creed: Odyssey est un incontournable pour les amateurs de Grèce Antique, une très bonne suite qui fait honneur au reste de la série pour les fans d’Assassin’s Creed, et un bon détour pour les néophytes qui veulent découvrir un open-world riche et immersif.