Until Dawn : notre critique

Les jeux d’horreur et de survie classiques représentent une espèce en voie de disparition. Dans une industrie polluée des mêmes types de jeux année après année, le studio Supermassive Games a pris un énorme risque en développant Until Dawn, une expérience digne des films à la Texas Chainsaw Massacre. Annoncé à l’origine sur PS3 comme un titre compatible avec le périphérique PlayStation Move, Until Dawn a beaucoup évolué depuis, passant notamment d’une vue subjective à une vue à la troisième personne. Longtemps considéré comme un projet mort dans l’œuf, le jeu est enfin disponible. Est-il à la hauteur des attentes?

Sauf une fois au chalet

Until Dawn, c’est l’histoire tragique d’un groupe de huit amis réunis dans un chalet isolé d’une chaîne de montagnes canadiennes. Un cocktail parfait pour mener à des situations tendues et dangereuses dans un environnement hostile. Au cours du prologue, Hannah, l’une des protagonistes, se fait jouer un tour cruel par certains de ses amis et décide de prendre ses jambes à son cou malgré la tempête de neige qui sévit dehors. Beth part à la recherche de sa sœur et toutes deux sont portées disparues peu de temps après. Le jeu débute un an après cet événement déclencheur alors que les autres amis se réunissent au chalet pour souligner ce triste anniversaire et tenter de comprendre ce qui s’est réellement passé.

Sans se mériter des éloges, le scénario d’Until Dawn nous tient en haleine jusqu’à la fin. Certes cliché par moment, il réussit à nous surprendre au détour avec des séquences inattendues. Divisé en 10 chapitres, le jeu se vit dans la peau de huit personnages. Ces derniers ont tous des traits de caractère uniques, du courageux Mike au timide Chris. Les interactions entre ces amis de longue date représentent un pilier de l’expérience signée Supermassive Games. Ce facteur est mis en relief par une multitude de dialogues poignants qui ajoutent énormément au réalisme de la chose.

L’effet papillon

« Toute action entraîne une réaction ». Until Dawn est un jeu de survie et d’horreur basé sur les choix. Vos choix. Tout au long de cette expérience, vous serez amenés à prendre des décisions. Celles-ci influencent la trame narrative et ouvrent des portes sur différentes destinées. Les conséquences ne sont pas toujours immédiates, mais les ramifications de vos actions peuvent parfois se révéler bien plus tard et causer de sérieux problèmes. La beauté du jeu est justement liée à cet effet papillon : que se passera-t-il si je choisis cette option plutôt que l’autre? Ai-je bien fait? À ce niveau, les développeurs ont vraiment visé dans le mille car c’est très efficace.

Film ou jeu?

Le gameplay d’Until Dawn se résume à explorer des pièces et appuyer sur des boutons pendant des séquences Quick-Time Events (QTE). Malgré les angles de caméra fixes et la musique angoissante, l’action est loin d’un Resident Evil. En revanche, l’atmosphère qui se dégage des scènes est tout aussi réussie, à un point tel que parfois le phénomène de « vallée dérangeante » est bel et bien présent. Le réalisme des visages, des situations et des dialogues a de quoi époustoufler. L’aspect visuel est certainement une grande force du jeu. Cela se traduit par des environnements prédéfinis qui regorgent de détails avec l’emploi de textures finement détaillées.

Il faut tout de suite se faire à l’idée qu’il n’y a pas de combat proprement dit dans Until Dawn. Les personnages se déplacent plutôt lentement et c’est un peu agaçant malgré l’option de marcher à une cadence plus rapide. Inspiré de slashers américains et de jeux comme Alone in the Dark, le scénario vous fera vivre toute une gamme d’émotions. Les créateurs ont misé sur différents aspects de l’horreur, quelle soit psychologique ou non. Certains segments sont dignes des films Saw alors que d’autres semblent honorer d’autres classiques comme The Ring. Sans vouloir trop en dévoiler, Until Dawn est un habile mélange de plusieurs genres de l’horreur. Seul bémol, cette expérience se vit un peu sur des rails, c’est-à-dire que les actions sont limitées consciencieusement, peut-être pour ajouter à la vulnérabilité du groupe.

L’Indien du placard

Pour moi, Until Dawn est un hommage aux classiques du genre survie et horreur : angles de caméra fixes, tank controls, atmosphère palpable, musique enveloppante. Je vais être franc, je ne pensais pas qu’un studio se risquerait à reproduire une ambiance aussi unique dans un monde dicté par la monotonie des grosses franchises à succès. En ce sens, le jeu est une véritable perle, de quoi se demander pourquoi Supermassive Games est le seul développeur à tenter sa chance avec un pareil projet.

Si vous avez apprécié Heavy Rain, voici sa mouture diabolique et plus engageante. Elle vous absorbera pendant les quelques heures que dure ce manège infernal. Au sujet de la durée, Until Dawn est plutôt court, trop même dirons certains, mais le système d’effet papillon ajoute tellement de possibilités que j’avais tout de suite envie de replonger dans cet univers glauque ne serait-ce que pour tester différentes voies et, bien sûr, maximiser le nombre de survivants une fois l’aube venue.

Verdict

Until Dawn est la matérialisation d’un jeu que je ne pensais pas possible en 2015. Pas que sur le plan technique avec une qualité visuelle bluffante, mais aussi en termes de décisions conceptuelles. Supermassive Games a créé une expérience interactive fascinante qui ne manque pas d’étonner. Les nombreux dialogues réussissent à établir des personnages attachants (ou non, personne n’aime Emily) et à briser la barrière entre le joueur et le jeu. Mon seul problème est lié à la durée du scénario, un peu court.

Toutefois, le système d’effet papillon devrait en inciter plus d’un à recommencer l’aventure en optant pour des choix différents. L’importance des différents indices disséminés dans les environnements peut aussi occasionner une légère gêne sans pour autant déplaire. L’exploration limitée est souvent récompensée par des informations sur le passé trouble de la région, donc ce n’est pas perdu non plus. Pour son originalité, son jeu d’acteurs et son effort global, Until Dawn se mérite une note quasi-parfaite et devrait se retrouver dans le salon de tout fan de jeux d’horreur qui se respecte.