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Retour aux sources 2: Pourquoi les jeux de rôle?

 

Comme je l’ai mentionné dans mon premier article, beaucoup de gens, lorsqu’ils apprennent que je suis un rôliste, me demandent ce qu’est un jeu de rôle. Il y a cependant une deuxième question qu’ils ne posent pas assez souvent, et c’est pourquoi jouer à des jeux de rôle. Et pour être honnête, c’est une question beaucoup plus intéressante à répondre, parce que c’est là qu’on peut faire sentir notre passion. Évidemment, je ne veux pas leur casser les oreilles pendant vingt minutes sur les plaisirs des jeux de rôle, alors je me contente de décrire l’expérience comme un film dans lequel nous ne sommes pas de simples spectateurs, mais plutôt les personnages principaux, nous ne connaissons pas l’histoire, et (idéalement) la fin n’est pas fixée à l’avance. Je pense que cette réponse est suffisante pour donner une bonne idée à mon interlocuteur, mais dans cette chronique, j’aimerais aller plus loin dans cette analyse. Pourquoi joue-t-on à des jeux de rôle?

De par sa nature, le jeu de rôle est une activité essentiellement sociale. La grande majorité du temps est passée en échanges verbaux entre joueurs, et entre les joueurs et le maître de jeu. On peut dire que sous sa meilleure forme, il s’agit d’un groupe d’amis qui se rencontre quelques heures par semaine pour avoir du plaisir ensemble. Mais ce n’est pas une explication suffisante, car on pourrait avoir le même résultat avec plein d’autres activités moins complexes, comme juste discuter autour d’un café. En quoi le jeu de rôle est-il différent?

Une première raison d’aimer les jeux de rôle est leur côté imaginatif. Pas besoin d’être frustré de sa vie normale pour vouloir vivre quelques heures par semaine dans un monde imaginaire. C’est une excellente façon d’oublier ses problèmes quotidiens et de faire sortir sa créativité.

Une deuxième raison est la possibilité de jouer des personnages très variés. Nous n’avons pas souvent l’occasion d’être des héros dans notre vie de tous les jours, et les jeux de rôle nous en offrent la possibilité. Ou, peut-être, veut-on être la pauvre victime qui se fait courir après par un psychopathe dans une partie d’horreur. Notre imagination est notre limite. Cela nous permet également de jouer des personnages qui sont complètement différents de nous. Par exemple, une personne gênée qui joue une vedette extravagante ou un politicien charismatique. J’ai même vu des personnes un peu renfermées prendre de l’assurance en jouant ce genre de personnage sur une longue période, surtout si on les encourage dans leur démarche et qu’on leur offre un environnement où ils ne seront pas ridiculisés si leurs premières tentatives ne sont pas au point.

Pour moi, l’esprit de camaraderie est aussi un aspect très important. Nous sommes là pour avoir du plaisir, point final. Bien que certaines personnes soient à l’aise avec ça, je n’aime pas mettre trop de compétition entre mes joueurs, car il y a toujours un risque que ça tourne personnel. Même le maître de jeu ne doit pas se considérer un adversaire des joueurs. Il doit créer des obstacles qui demanderont toute l’ingéniosité de ses joueurs, bien sûr, mais en même temps il doit être heureux de les voir en triompher. Le maître de jeu a le pouvoir de tuer tous les personnages quand il veut, comme il veut, de toute façon, alors je ne vois pas d’aspect compétitif là-dedans.

Un quatrième aspect est de pouvoir revivre des situations qu’on a déjà vues à la télévision, au cinéma ou dans un livre, et voir si on pourrait faire les choses autrement. On peut aussi vouloir jouer dans un monde qui nous intéresse, mais avec des histoires différentes et/ou des personnages différents. Star Wars est probablement l’exemple le plus connu, mais il y en a une quantité industrielle.

Comme je le disais plus haut, les jeux de rôle sont un excellent moyen d’exprimer sa créativité. Un joueur peut faire le personnage le plus tordu au monde ou le saint parfait, et tout ce qui se trouve entre les deux. Il peut faire un paraplégique qui vole et peut détruire les choses par la pensée, un barbare à un seul bras qui pleure quand il voit une rose, etc. Pour le maître de jeu, cet aspect est encore plus important car il doit créer son aventure et des personnages non-joueurs mémorables (à moins bien sûr d’utiliser des modules déjà faits, mais personnellement, ça ne m’intéresse pas).

Un autre point auquel on ne pense pas souvent est qu’être maître de jeu est un excellent entraînement mental pour garder son esprit vif et agile. Il faut constamment réagir à des situations imprévues, que ce soit les actions des joueurs ou les résultats de dés. Il faut toujours être prêt à improviser et créer des connexions, tout en calculant rapidement les conséquences de ce qu’on raconte. Je vais vous dire, j’ai un travail de nature très intellectuelle, mais je ne me sens jamais aussi alerte et concentré que lorsque je dirige une partie intense où tout le monde est complètement investi dans son personnage.

Évidemment, plusieurs de ces aspects dépendent de la chimie qui existe entre les joueurs et le maître de jeu. Je suis très chanceux d’avoir un groupe exceptionnel de joueurs, certains avec qui je joue depuis des années, et d’autres qui sont arrivés plus récemment (la dernière nous a rejoint voilà tout juste un an). Il est également très varié et se compose d’autant de femmes que d’hommes. Je suis bien sûr conscient que peu de gens sont aussi choyés. Plusieurs personnes ont même de la misère à se trouver des groupes de jeux et doivent se rabattre sur le jeu en ligne. Je n’ai rien contre, c’est quand même préférable à ne pas jouer du tout, mais personnellement, j’ai déjà essayé et je n’ai pas beaucoup aimé ça. Sébastien Savard, un collègue ici à Jeux.ca, m’a demandé à GNéthiQC si c’est parce que j’étais un vieux grognard qui n’aime pas la technologie. Je lui ai répondu en riant que non, puisque je travaille en haute technologie depuis plus d’une vingtaine d’années et que j’adore ça. Simplement, à distance, on perd beaucoup de ce contact personnel qui pour moi fait partie intégrale de l’expérience d’un jeu de rôle. Je suis tout à fait intéressé à utiliser de nouvelles technologies, que ce soit avoir les feuilles de personnage sur mobile ou utiliser des cartes électroniques, mais le contact direct reste très essentiel.

Et voilà, ça fait pas mal le tour de mes raisons pour jouer à des jeux de rôle. Je serais intéressé à entendre les vôtres et je vous invite à les partager dans les commentaires. Dans mes prochaines chroniques, nous allons aborder le rôle du maître de jeu. Nous verrons ce qu’est un maître de jeu, quels sont ses responsabilités, les qualités qui font un bon maître de jeu, et des trucs et astuces pour les développer. À la prochaine!

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