Mysterium
Âge : 10+
Joueurs : 2 à 7
Durée : 42 minutes
Auteurs : Oleksandr Nevskiy & Oleg Sidorenko
Illustrateurs : Xavier Collette & Igor Burlakov
Éditeur : Libellud
Distributeur au Québec : F2Z Entertainment
Année : 2015
Thématique : Surnaturel
Genre : Enquête, Coopératif
– Mon pendule avait raison! C’est bien le barbier que voulait me désigner notre fantôme préféré. Ah! Vous voilà, Conrad. Je gage que votre boule de cristal vous a guidé au bon endroit?
– Détrompez-vous, très chère… je n’ai absolument rien perçu dans la cuisine. J’aurais pourtant juré ma vision exacte…
– Nous devons faire vite… j’ai entendu sonner l’horloge du salon. Plus que quatre heures avant le lever du soleil!
THIS IS HALLOWEEN
Lors de la nuit de Samhain, des médiums sont invités au manoir Warwick pour tenter de communiquer avec le fantôme qui hante les lieux, et tâcher de découvrir la vérité sur le meurtre mystérieux dont il a été la victime…
ENSORCELANT
À l’ouverture de la boîte, la magie opère déjà. On a mis le paquet chez Libellud : le matériel est d’excellente facture tout en étant original et bien fourni. Les illustrations des cartes, oniriques à souhait, font rimer beauté et hanté. Mysterium va plus loin avec plusieurs astuces matérielles bienvenues (les emplacements du paravent, les jetons à usages multiples,etc.). Pour couronner le tout, Libellud propose une bande son à télécharger gratuitement, apte à plonger les joueurs dans une atmosphère inquiétante à souhait.
Le saviez-vous?
Mysterium est la version revisitée
d’un jeu polonais édité par
Portal : Tajemnicze Domostwo.
L’ESPRIT DU JEU
Le thème est fort, merveilleusement illustré dans les règles, qui se révèlent claires et précises. Un petit regret : si les spécialités respectives des médiums (boule de cristal, tarot, etc.) donnent une touche d’ambiance, elles n’apportent rien au jeu, tous les médiums jouant de la même façon.
Mysterium est un jeu coopératif asymétrique. Un joueur prend la place du fantôme. Son rôle sera de transmettre aux autres joueurs (les médiums) des visions, via des cartes aux illustrations surréalistes, afin de les guider dans leur enquête surnaturelle.
Au début de leur première partie, la plupart des joueurs s’attendent à rechercher d’emblée le coupable. Eh non! La majeure partie du jeu consiste en une phase « reconstruction des événements » qui permet à chaque médium de déterminer un trio suspect/lieu/objet. C’est seulement dans la seconde phase du jeu qu’il faudra tâcher de trouver le coupable parmi les suspects.
Le fantôme a la responsabilité de choisir les bonnes “visions” à transmettre aux autres joueurs (exercice parfois périlleux selon les cartes en main, et ce même si des possibilités de changer les cartes existent). Le tout sans prendre trop de temps afin de préserver le rythme de la partie, et en veillant à ne pas influencer les médiums par des mimiques ou des indications verbales. Un beau défi, mais pas toujours évident, et un rôle bien ingrat puisque les autres joueurs ne manqueront pas de souligner l’incompétence du fantôme en cas de visions non concluantes…
Dans le rôle de médium, le jeu fait appel à de belles qualités : la logique, mais aussi l’imagination, l’intuition ou encore l’empathie, qui sont nécessaires pour répondre à la question fatidique de chaque tour : « pourquoi le fantôme m’a-t-il donné cette carte précise? ». C’est un véritable plaisir d’être dans la peau de l’enquêteur et de chercher la vérité dans des cartes très oniriques (est-ce la forme qui est importante, ou bien la couleur, la thématique, les objets?).
On peut tout à fait glisser des suggestions à ses camarades médiums… à tort ou a raison! Il est également possible de valider (ou d’invalider) les choix des autres joueurs. Cet exercice, qui peut s’avérer délicat, est pourtant capital car cela aide à cerner le suspect lors de la dernière phase du jeu. Et les médiums doivent faire vite : ils ont 7 tours pour élucider les visions, pas un de plus, et chaque tour est limité dans le temps!
La dernière phase détermine l’issue de la partie ; certes, il peut être frustrant d’échouer à la toute fin alors qu’on a mené le jeu avec brio jusque-là…
…QU’Y A-T-IL APRÈS…
Après de nombreuses parties, on risque invariablement de retomber sur les mêmes cartes, mais les combinaisons possibles sont assez variées pour permettre une belle rejouabilité. Et surtout, changer de joueur fantôme d’une partie à l’autre permet de métamorphoser tout le visage du jeu. De plus, plusieurs niveaux de difficultés, bien pensés, sont proposés pour ajuster la partie selon l’expérience des joueurs. Enfin, une première extension nommée Hidden Signs est disponible (y compris au Québec) ; elle inclut de nouvelles cartes et une mécanique de jeu supplémentaire.
« AU-DELÀ » DE NOS ESPÉRANCES
Quel que soit le rôle endossé, ce qu’on aime dans Mysterium, c’est qu’on se prend au jeu. C’est fascinant de découvrir toutes les interprétations différentes des joueurs à propos de la même carte. Cet aspect rebutera certainement les amateurs exclusifs de gestion et d’optimisation. À cette exception près, le jeu plaît généralement à tous, enfants compris. Notons également que Mysterium se joue très bien de 2 à 7 joueurs ; une adaptabilité remarquable et très appréciable. Petit bémol : à deux joueurs, la phase finale inclut l’ajout d’une combinaison aléatoire, en plus de celles découvertes par le joueur médium. Même si cela permet de rendre le jeu tout à fait jouable à deux, on aurait aimé une solution plus élégante qui ne nuise pas à la cohérence de l’enquête.
Les parties sont plutôt courtes, vraiment intenses, et promettent de beaux éclats de rire quand le fantôme donne ses explications tirées par les cheveux, une fois une carte découverte.
Il serait dommage de résumer Mysterium, comme on le voit trop souvent, à un mélange entre Dixit (pour ses cartes) et Clue (pour les éléments à découvrir). Nous avons là un jeu qui possède une identité forte et apporte son lot d’innovations ludiques.
Grâce à ses nombreuses qualités, Mysterium s’impose déjà comme un classique qu’on sort avec plaisir et qui a largement mérité le prestigieux As d’or qu’il a remporté au FIDJ de Cannes 2016.
Entrez dans le manoir Warwick… vous ne le regretterez pas !