C’est avec tristesse que nous apprenons le décès d’une légende du jeu vidéo, Masaya Nakamura, fondateur de Namco en 1955. Il avait 91 ans.
C’est en 1955 que Nakamura fonde la Nakamura Manufacturing dans la capitale japonaise, une entreprise de fabrication de jeux, domaine qui le passionne. Il démarre très humblement avec des chevaux mécaniques pour enfants situés sur le toit d’un grand magasin de Tokyo. Puis en 1958, une première restructuration prend place et la société devient la Nakamura Amusement Machine Manufacturing Company. Contrairement à la croyance populaire, l’utilisation de l’acronyme Namco ne se fera qu’à partir de 1977, l’entreprise étant alors connue en tant Nakamura Seisakusho.
C’est en 1970 que la société produit une première borne d’arcade appelée Racer ou Nakamura Racer selon des affiches d’époque. Ce simple simulateur de conduite révèle que l’attrait de l’entreprise pour les jeux de course n’est pas né avec Ridge Racer qui révolutionnera à son tour le jeu vidéo en 3D sur PlayStation.
Ce qui arrive par la suite est peu connu, mais prouve à quel point Masaya Nakamura avait le sens des affaires. Alors qu’Atari Japan, branche nippone de l’entreprise lancée par Nolan Bushnell en 1972, est dans le rouge en 1974, il lui faut trouver un repreneur afin de continuer ses activités. Hide Nakajima, l’homme en charge de cette succursale, prétend même que des employés volent purement et simplement l’argent de la société et se voit contraint de mettre la main à la poche pour combler les manques. C’est SEGA, fabricateur de jukebox et fort de leur récent succès qu’était Periscope, qui approche Nakajima en premier pour lui proposer la somme de 50 000$. C’est à ce moment-là que Nakamura et son entreprise récemment rebaptisée Namco apparaissent sur le devant de la scène et propose la somme folle de 800 000$. Ce qu’on aurait pu prendre pour un excès de générosité s’est révélé être un investissement très sain, bien qu’il ait fallu deux ans à Nakamura pour rembourser la dette d’Atari Japan. En effet, cet achat lui a permis d’avoir une licence de distribution exclusive des jeux d’Atari au Japon pour une durée de 10 ans. Ni une ni deux, le patron de Namco en profite pour ouvrir des salles d’arcades dédiées aux jeux Atari. Le succès est au rendez-vous, Namco est définitivement lancé dans la course.
L’entreprise de Nakamura va ensuite enchaîner les succès et les révolutions. Dès octobre 1978, la société conçoit et commercialise Gee Bee, le premier jeu d’arcade de Namco conçu par nul autre que T?ru Iwatani, futur créateur de la boule jaune bien connue. Puis en 1979 c’est au tour de Galaxian de voir le futur, tout premier jeu à être affiché en RGB, le signal vidéo ultime. Enfin, en 1980, c’est la consécration avec la mise au monde du plus grand succès en jeu vidéo, Pac-Man. En à peine 18 mois, ce jeu vidéo non violent rapporte rien de moins qu’un milliard de dollars avec plus de 350 000 bornes vendues à 2400$ chacune. La suprématie de Namco est totale et Nakamura est bien évidemment aux anges.
Suite au rachat en 1993 des studios Nikkatsu, Nakamura s’est investi dans cette nouvelle partie de l’entreprise et participe à de nombreux projets en tant que producteur exécutif que ce soit pour le cinéma ou la télévision comme Warm Water Under a Red Bridge ou A Stranger of Mine. Il occupe également ce rôle pour la controversée adaptation cinématographique de sa licence Tekken. Il a été décoré de l’Ordre du Soleil Levant en 2007 pour ses nombreuses contributions à l’industrie du jeu vidéo.
Les circonstances quant à sa mort n’ont cependant pas été révélées.