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La ludification du mieux-être : Quand jouer rime avec santé

 

Tel que mentionné dans mon dernier article, la ludification peut nous aider à accomplir de grandes choses, et ce, de manière ludique, créative et amusante. Rappelons-le, la ludification est l’utilisation de mécanismes de jeu dans un contexte qui n’est pas un jeu, soit des structures de récompenses, des renforcements positifs et des boucles de rétroactions subtiles en même temps que des mécanismes comme des points, des médailles, des niveaux, des défis et des tableaux de classement.

 

Pour cet article, je voulais traiter d’un aspect de la ludification que sûrement peu d’entre vous connaissez : celle de nous aider à être plus en santé et de vivre plus longtemps! Dans cette perspective de ludification beaucoup plus humaniste, on ne tente pas de faire répéter un comportement ou fidéliser une audience à un produit, on essaye plutôt d’aider la personne à se créer un but unique qui a un sens.

L’auteure et la conceptrice de jeux Jane McGonical est une pionnière de ce genre de ludification. Elle dit elle-même vouloir changer le monde pour le meilleur à l’aide de jeux. Elle a d’ailleurs donné plusieurs conférences TED expliquant les bénéfices de jouer à des jeux. Parmi celles qu’elle a animées en 2012, elle nous parle de son application ludique Super Better et ses capacités qui pourraient nous faire gagner quelques années de vie de plus.

Les origines

Elle eut l’idée de faire ce « jeu » suite à sa commotion cérébrale en 2011. Son expérience se résumait à des maux de tête, une santé fragile et des idées destructives de plus en plus présentes. Elle explique que dans de rares cas, les symptômes à une commotion cérébrale peuvent justement donner des idées suicidaires. Considérant que son médecin lui a dit qu’elle ne pouvait avoir aucune distraction (téléphone, jeux vidéo, télévision et pas mal toute activité outre que rester assis et ne rien faire), il devient évident que la vie peut paraître très ennuyante et sans but.

Quand la situation a atteint un point où sa vie pouvait être gravement en danger, elle a décidé de tourner son malheur en un jeu. Elle désirait relever l’immense défi qui l’attendait de manière créative, innovante et ambitieuse, et surtout, en utilisant sa plus grande force : conceptrice des jeux.

Super bet… quoi?

L’aventure que propose McGonical débute avec diverses études dans le domaine de la psychologie. notamment sur les études entourant le phénomène de la croissance post-traumatique. En résumé, la croissance post-traumatique est un processus qui par lequel, suite à un accident traumatisant, un patient peut voir des changements positifs dans sa vie. Généralement, ces patients ressentent un sentiment de bien-être, se sentent plus proches de leur famille et de leurs amis, comprennent mieux qui ils sont, et mettent plus l’accent sur leurs buts et rêves. C’est avec cela en tête que McGonical a tenté de concocter un jeu pouvant contribuer à son rétablissement.

En premier lieu, elle nous dit de nous trouver une identité secrète à titre d’avatar. Dans son cas, elle avait choisi d’être Jane the Concussion Slayer (un clin d’œil à Buffy contre les vampires). Deuxièmement, il faut trouver ses alliés. Par alliés, cela peut être des membres de la famille, des amis proches ou toutes personnes proches pouvant nous soutenir et nous appuyer dans cette démarche.

Ensuite, il est important d’identifier les bad guys (les méchants). Ceux-ci représentent les bêtes noires ou plutôt ce qui nous tourmente sur une base quotidienne. Ça peut être vouloir se départir de notre anxiété, certaines peurs, avoir plus de confiance en soi ou vouloir perdre ou gagner du poids.

Finalement, pour nous permettre de passer au travers tout ça il nous faut nos Power-Ups. La conceptrice explique que pour avoir des Power-Ups, il faut avoir fait des missions. Chaque mission permet d’augmenter notre résilience face aux défis auxquels nous faisons face et les Power-Ups sont en quelque sorte les points que nous accumulons après chaque mission pour voir notre cheminement. Les points donnent accès à d’autres missions, à monter de niveau et nous donne accès à du contenu scientifique sur des études en psychologie.

Augmenter sa résilience!

Selon des études en psychologie positive, il y aurait quatre sortes de résilience : physique, mentale, émotionnelle et sociale. C’est en faisant régulièrement les missions qu’il serait possible d’augmenter notre résilience et que nous réussirions à être capables de passer à travers nos défis.

Premièrement, nous avons la résilience physique. Pour augmenter cette résilience, il faut accomplir quelque chose de simple : ne pas rester assis. Moins qu’on reste assis, plus que nous sommes actifs, mieux c’est pour notre cœur et notre santé en général. Un exemple de mission associée à la résilience physique serait de faire trois pas en avant en levant les jambes ou bien de se lever et lever ses poings dans les airs en signe de fierté. Le simple fait d’être debout ou prendre une position de la sorte peut facilement nous donner un regain d’énergie positif pour le restant de la journée.

Par la suite, la résilience mentale est notre volonté et notre niveau de concentration sur une tâche. Les deux exemples utilisés dans la conférence étaient de claquer des doigts cinquante fois ou bien de compter de cent à zéro en intervalle de trois (100…97…94…91…). Le fait de pouvoir se concentrer à une tâche relativement exigeante (et croyez-moi, claquer des doigts cinquante fois est plus exigeant que l’on peut penser!) nous donne un exercice très sain pour notre cerveau et nous permet à long terme d’être plus axés sur notre tâche plus facilement.

Pour ce qui est de la résilience émotionnelle, c’est elle qui nous permet de gérer plus facilement nos émotions et notre empathie. McGonical suggère comme exercice de regarder des vidéos d’animaux mignons ou bien de regarder le paysage par la fenêtre. Simplement en prenant un moment pour se détendre ou de regarder des vidéos d’animaux, nous réduisons notre niveau de stress et augmentons notre capacité à être plus empathiques.

Enfin, la résilience sociale comprend tous les aspects entourant de la famille, nos amis ou même notre communauté. Ceux-ci nous supportent, nous aident et, surtout, nous motivent. Plusieurs missions sont suggérées pour nous rapprocher de nos proches telles que serrer la main d’un ami ou bien simplement lui envoyer un message gentil.

Est-ce que ça marche vraiment?

Alors, est-ce que ça fonctionne? Ça dépend, Super Better est tout de même une application qui a permis le début d’un genre de ludification et a donné suite à une multitude d’autres applications ludifiées, comme Headspace et Luminosity, notamment.

Bien que ce soit un projet ayant des bienfaits sur la santé, il n’en empêche, en mon sens, qu’il y a encore quelques lacunes sur les mécanismes de jouabilité à l’intérieur de l’application. Depuis le lancement de Super Better, peu de mises à jour ont été émises par les concepteurs. Depuis environ 5 ans, Super Better n’a pas vraiment changé ses manières d’agir, ses missions et n’a pas donné plus de nouveau contenu

scientifique (ce sur quoi s’appuie principalement McGonical). Donc, les défis ne sont pas renouvelés et deviennent rapidement répétitifs pour le participant.

En plus, Super Better semble avoir de la difficulté à comprendre le côté humain des problèmes mentaux. L’application est un bon support temporaire pour aider les gens qui éprouvent des difficultés mineures ou majeures. Ceci dit, je ne crois pas qu’il peut y avoir une formule magique pour régler tous ses problèmes en même temps. Super Better est un bon accompagnateur dans notre démarche et non la solution.

Sinon, connaissez-vous d’autres applications ludiques de la sorte? Est-ce que ça fonctionne pour vous?

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