C’est lundi et, on le sait tous, le lundi personne n’a envie de travailler. On recherche le moindre prétexte pour procrastiner. C’est donc avec grand plaisir que je vous annonce vouloir vous aider dans votre quête de tout-faire-sauf-du-travail. Tous les lundis, je vous donne le droit de décrocher quelques minutes en vous présentant un jeu de société. Qu’il soit récent ou sorti il y a 50 ans, le jeu sera tout le temps un coup de cœur personnel.
Le jeu de cette semaine va probablement susciter un peu de controverse. Je dois avouer que j’ai hésité avant de me décider à le présenter. Et ce jeu, c’est Secret Hitler. Un jeu à rôle secret beaucoup plus intense que le fameux Loups-Garous de Thiercelieux.
Et donc, qu’est-ce que c’est que ce jeu?
Il est une question que je me suis longtemps posé : « Peut-on faire un jeu sur le nazisme? ». Évidemment, j’exclus les jeux de conquête militaire où l’on joue un commandant de la Wehrmacht plutôt qu’un SS. Non, je pensais vraiment à un jeu où l’on peut incarner un nazi. Et maintenant, c’est possible. Et je dois avouer que je trouve le jeu vraiment bon…
Loin de moi l’idée de faire l’apologie du nazisme, mais je trouve que celui-ci présente de façon juste la période chaotique qu’a été la république de Weimar tout juste avant la prise du pouvoir par Hitler. En bref, les joueurs sont séparés, de façon secrète, en deux camps : les libéraux et les fascistes. Évidemment, comme dans tout bon jeu à rôle secret, les joueurs du camp antagoniste se connaissent dès le départ, à l’exception de celui-ci qui incarnera le Fürher. Ainsi, on se retrouve avec un camp de libéraux qui ne savent pas en qui ils peuvent avoir confiance et un Hitler soutenu par son équipe, mais ne sachant pas qui ils sont.
L’objectif pour chaque équipe est assez simple : faire adopter un certain nombre de lois soit fascistes, soit libérales, selon le camp dans lequel on se trouve. À ces objectifs, s’ajoutent deux façons alternatives de terminer la partie. Si, après l’adoption d’une quantité x de lois, Hitler est nommé chancelier, son équipe l’emporte. Par contre, s’il est assassiné avant de pouvoir y arriver, ce sont les libéraux qui peuvent réclamer la victoire.
Mécaniquement, le jeu est très simple. À chaque tour, il y a une « élection » qui résulte en la dénomination d’un nouveau président. Celui-ci, doit choisir, par les élus au parlement (ici, les joueurs), celui ou celle qui prendra le rôle de chancelier. Ce choix est ensuite soumis au vote du parlement. Si la majorité refuse, il y a un retour en élection (donc le président passe au joueur suivant) qui doit à nouveau nommer un chancelier. S’il y a trois refus consécutifs, une loi fasciste est automatiquement adoptée. Une bonne façon de mettre la pression sur les joueurs. L’idée ici est de représenter l’énorme incertitude politique qui a eu court au début des années 30 en Allemagne où l’on changeait de chancelier comme de chemise.
Par contre, si la personne proposée par le président obtient le vote des élus, le président doit piger trois cartes qui représentent les lois soit libérales, soit fascistes. Parmi celles-ci, il en exclus une sans la montrer puis donne les deux autres au chancelier qui doit, à son tour, en exclure une et faire adopter l’autre. Et c’est là que se cache tout le sel du jeu! Quand une loi fasciste est adoptée, on voit immédiatement le président et le chancelier s’accuser mutuellement. Est-ce le président qui a volontairement donné deux lois fascistes au chancelier ou alors il n’avait pas le choix. À moins qu’ils soient tous les deux dans le camp d’Hitler et qu’ils s’amusent à jeter la confusion…
Autre élément intéressant, plus de lois fascistes sont adoptés, plus le président gagne des pouvoirs liberticides, mais qui peuvent aider les joueurs. Ainsi, il est possible pour le président de connaitre l’identité secrète d’un joueur ou même d’en assassiner un. Chose tentante pour des libéraux qui seraient prêts à tenter de combattre le mal par le mal… Mais en jouant avec le feu de cette façon, il est possible que les fascistes en profitent pour consolider leur pouvoir.
En somme, on se retrouve avec un jeu qui, s’il peut paraitre n’être conçu que pour choquer, apporte des réflexions intéressantes sur le risque politique et sur une période trouble de l’Allemagne. Au passage, pour les intéressés, il existe une mini-extension où l’on peut remplacer le camp des fascistes par Trump et ses conseillers.
Je vous laisse méditer là-dessus…
Secret Hitler (anglais seulement) – 5-10 joueurs – 45 min. – 13+
À essayer si :
- Vous avez le sentiment d’avoir fait le tour des Loups-Garous de Thiercelieux.
- Vous êtes capable de prendre une distance entre un jeu et la réalité.
- Un beau matériel est un argument de poids pour vous faire embarquer dans un jeu.
À éviter si :
- Vous avez un profond malaise à accuser vos amis de fascistes.
- Vous n’êtes pas un bon acteur et qu’on le sait dès que vous mentez.
- Vous n’avez pas plus que 4 joueurs autour de votre table.
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