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Est-ce que Zelda est un RPG?

Je suis abonné à beaucoup de groupes de jeux vidéo sur Facebook, et il arrive régulièrement que les nouveaux propriétaires d’une console utilisent ces groupes pour demander des suggestions de jeux.

Récemment, j’ai vu quelqu’un demander des suggestions de RPG. Parmi les réponses, plusieurs proposaient The Legend of Zelda: Breath of the Wild.

J’ai roulé des yeux. Franchement, Zelda c’est pas un RPG!

Dans un RPG, on incarne un personnage dans une quête pour sauver le monde et… attendez, c’est quoi un RPG?

Voici le moment de résoudre le mystère: est-ce que Zelda est un RPG?

Retourner aux origines

Il y a une époque où c’était facile de définir un jeu de rôle: c’était un jeu où on posait des actions en tour par tour.

Mais ça s’est compliqué avec le temps. Final Fantasy XV n’est pas en tour par tour, pourtant il serait difficile de croire qu’il ne s’agit pas d’un jeu de rôle.

Skyrim est également considéré comme un jeu de rôle, même si son gameplay rappelle celui d’un jeu de tir à la première personne.

Et que dire de la série Tales of, qui n’a jamais utilisé un système de combat tour par tour, mais qui est pourtant une série de RPG japonais emblématique.

À la base, les premiers RPG tentaient d’émuler ce qu’on retrouvait dans les jeux de table comme le célébrissime Donjons et Dragons.

Des précurseurs comme Wizardry et Ultima réutilisaient en grande partie les systèmes hérités de D&D: création de personnages, statistiques et lancement de dés (sauf que cette fois-ci c’est l’ordinateur qui lançait les dés en secret).

Définir le RPG

Sauf qu’avec le temps, le RPG vidéoludique a maturé, et c’est éloigné petit à petit de ses racines Donjons et Dragons.

Les japonais, qui ont grandement popularisé le genre, ont aussi paradoxalement éloigné le RPG de ses racines.

Soudainement, au lieu de créer un personnage que le joueur ferait évoluer à sa guise dans un scénario, on proposait des personnages créés d’avance, souvent avec une personnalité propre, et un scénario pré-déterminé, beaucoup plus près du roman que du jeu de table.

Il faut donc se demander ce qui compose aujourd’hui le jeu de rôle moderne.

C’est un sujet qui fait rage parmi les académiciens. Il n’y malheureusement pas de consensus à ce sens.

Je vais par contre me permettre de proposer quelques critères qui définissent selon moi le jeu de rôle:

  1. Incarner un personnage
    Le nom le dit; dans un jeu de rôle. On joue un rôle.

    Cependant, les approches en ce sens diffèrent. Certains jeux nous proposent de créer notre propre personnage, et de le faire évoluer en fonction de la personnalité qu’on lui attribue. Ainsi, dans Fallout, vous pourrez jouer un diplomate altruiste ou encore un technophile sadique. Tout est possible.

    D’autres jeux, comme Final Fantasy, nous imposent un protagoniste avec sa propre personnalité. Vous pourrez faire ce que vous voulez, Cloud va toujours rester un blondinet un peu emo.

    Mais peu importe, il reste qu’on incarne un personnage, et que notre aventure est vue à travers le prisme de sa personnalité, qu’on l’ait choisie ou non.

  2. Une expérience narrative avant tout
    Le jeu de rôle va offrir un focus important sur l’histoire. Certains nous proposent de créer notre propre histoire (Skyrim, Fallout) alors que d’autres nous imposent une histoire pré-déterminée (Final Fantasy, Dragon Quest).

    Ceci étant dit, l’histoire reste le moteur principal du jeu. Le déroulement du scénario devient le but à atteindre, la récompense au bout de nos heures de jeu.

  3. Un système de progression
    Pour moi, l’élément essentiel du RPG, c’est la progression. Contrairement à un jeu d’action où c’est avant tout la dextérité du joueur qui est mise à l’épreuve, le RPG récompensera surtout le temps investi et la stratégie.

    Ça ne veut pas dire pour autant que la dextérité et les réflexes ne jouent aucun rôle. Un joueur qui maîtrise les codes du jeu d’action aura moins de difficulté à terminer The Witcher 3 qu’un joueur moins expérimenté.

    Mais au final, le progrès est déterminé par les niveaux qu’on gagne, par les chiffres associés à nos capacités qui augmentent.

Est-ce que Zelda passe le test?

Soumettons maintenant The Legend of Zelda: Breath of the Wild à ces critères.

  1. Incarner un personnage
    Sur ce point, Zelda se qualifie haut la main.

    En faisant de Link un protagoniste muet, Nintendo a permis aux joueurs de s’identifier à ce personnage au bonnet vert. Les joueurs, à leur tour, ont eu l’impression de jouer un rôle dans le monde fantastique d’Hyrule, donnant de la force à l’argument de jeu de rôle.

  2. Une expérience narrative avant tout
    Oui et non.

    La franchise Zelda propose évidemment des personnages marquants, et certains sont vraiment en amour avec l’histoire éternelle de Link, Zelda et Ganon.

    Je crois également que le fait que la série se déroule dans un univers médiéval et fantastique tend à faire croire aux joueurs qu’il s’agit d’un RPG.

    Ceci étant dit, j’ai de la difficulté à accepter l’argument selon lequel la narration est la préoccupation principale de la série.

    Le scénario reste en général assez mince, les dialogues presque inexistants, et surtout, ça ne semble pas être le crochet principal qui accroche les joueurs.

    À mon sens, Zelda est davantage une série qui motive les joueurs par l’action, la résolution de puzzles et l’exploration, pas par la narration.

  3. Un système de progression
    Pour moi, c’est ce dernier critère qui disqualifie complètement Zelda. Il y a peu de progression chiffrée dans la série.

    Bien sûr, on peut gagner des coeurs de plus à force d’explorer et de relever des défis, et on peut trouver de nouvelles armes et de nouveaux gadgets.

    Mais les capacités de Link restent les mêmes. Les coups portés n’augmenteront pas en dégâts au fur et à mesure que vous accumulerez les combats.

    Link ne deviendra pas plus intelligent, même si vous passez des heures à tourner en rond dans l’herbe haute en affrontant tous les Bokoblins qui croisent votre chemin.

    La seule façon de rendre Link meilleur, c’est de devenir soi-même un meilleur joueur.

    Ça fait un très bon jeu. Mais ça ne fait pas un RPG.

Florian est un expert canadien en jeux vidéo et pilier de jeux.ca depuis 20 ans. Passionné par le gaming depuis l’enfance, il maîtrise tous les genres, avec une prédilection pour les RPG et les jeux d’action. Critiques, guides stratégiques ou analyses, Florian partage son expertise avec enthousiasme. Streamer actif sur Twitch, il offre des sessions interactives et des tutoriels. Défenseur du partage de connaissances, il inspire la communauté à progresser et à savourer le monde du gaming.

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