Tour à tour ambitieux, puissant, touchant et frustrant, God of War tient plus de reboot que de la suite à proprement parler.
God of War deux personnages pour le prix d’un
Qu’il était attendu cet épisode de God of War! Il aura fallu attendre cinq ans entre le dernier épisode (le désastreux God of War Ascension) et cette “suite”. Bien évidemment, il faisait partie de notre liste. Mais le jeu de Santa Monica répond-il à nos attentes? Oui et non.
Sans révéler aucun moment clé de l’intrigue, dans ce God of War cuvée 2018 on incarne un Kratos vieilli, aigri et expérimenté. On sait également que le dieu de la guerre est accompagné de son fils Atreus qu’il va guider, élever et à qui il va apprendre les rouages de la vie d’aventurier.
Si les duos n’ont rien de nouveau dans le jeu vidéo (après même une mode à l’aube des années 2010), la relation entre Kratos et Atreus est particulièrement touchante. Très crédible, la symbiose entre ces deux personnages est par ailleurs au cœur du gameplay. Le fiston peut vous aider en combat, se faufiler dans des recoins trop petits pour la parure du père ou encore discuter avec les PNJ croisés dans les terres nordiques.
C’est par ailleurs, le premier grand changement. Exit la Grèce et bienvenue dans les terres froides du nord. Cette fois-ci on explore la mythologie nordique. Zeus, Poséidon et Arès laissent place à Odin, Thor, Loki et consorts. Mais Cory Barlog et son équipe ne se sont pas contentés de modifier l’arrière plan. Pour le meilleur mais aussi pour le pire.
Frustrant, déséquilibré et mal configuré
God of War est un jeu d’action dans la droite lignée de ses prédécesseurs. Mais pour une raison que l’on ignore Sony Santa Monica a décidé de modifier complètement les contrôles. Au lieu des habituels boutons de façade pour taper les monstres, on doit se servir des gâchettes, à l’image de Bloodborne. Si ce choix paraissait logique dans la production de From Software, elle ne l’est pas du tout dans celle-ci. Résultat: on a l’impression de jouer à un FPS en vue à la troisième personne. On est malheureusement plus proche du Gears of War que du God of War. On s’emmêle les pinceaux régulièrement, pestant contre cette modification qui choque et ne fait aucun sens.
Ce n’est d’ailleurs pas le seul parallèle avec les jeux de From Software. God of War est un jeu difficile, aux antipodes de ce à quoi la série nous avait habitués. En mode normal, le jeu est très (trop?) frustrant. Dès que l’on est entouré de quelques monstres, c’est rapidement la panique. Les pierres de soin sont en trop petites quantités pour espérer survivre assez longtemps. Les animations trop longues. On constate également un méchant temps de latence entre le moment où on presse une touche pour faire une roulade par exemple et le moment où elle s’exécute causant un Game Over bête. À l’inverse, en mode facile on s’ennuie rapidement. L’équilibrage est donc bien raté et c’est fort dommage. En ce sens, on se sent plus en face d’un reboot que d’une véritable suite de God of War.
Simplification
De plus, fini les changements d’armes. Ici, Kratos peut soit se battre à mains nues soit se servir de sa fameuse hache de glace, Léviathan. Non seulement elle sert au corps à corps mais elle peut aussi servir d’arme de jet. En effet, elle revient dans la main de son propriétaire tel, Mjölnir, le marteau de Thor. Cette dernière pourra être améliorée de même que les armures et autres accessoires. Le crafting est par ailleurs très simplifié pour notre plus grand bonheur. On récolte des ressources, on trouve des nains pour faire le travail et voilà!
La beauté venue du nord
A contrario, God of War peut s’avérer surprenant par moment. Surtout, il nous rappelle que certains dans l’industrie osent encore prendre des risques. Parmi les développeurs AAA, ils sont suffisamment peu nombreux pour être remarqués. Cory Barlog fait partie de ces développeurs même si sa production est loin d’être parfaite.
Tout d’abord, God of War est d’une beauté sidérante. Testé sur PlayStation 4 on ose à peine imaginer le rendu sur PlayStation 4 Pro avec une télévision 4K. Tout parait si réel! C’est magnifique. Des forêts désolées aux monts enneigés en passant par les lacs qui font office de léger monde ouvert, c’est fabuleux. Quant aux personnages, leurs visages sont criants de réalisme. On aurait aucun mal à les voir partager l’affiche dans des films comme Ready Player One.
Puis, preuve de la pertinence de la nouvelle génération de machines, aucun temps de chargement n’apparait hormis lorsqu’on lance le jeu. Ensuite plus rien. Toute la progression se fait de manière transparente pour le joueur. De l’apparition des monstres aux voyages entre les dimensions. On a là un gros point fort pour God of War.
Enfin, comme à son habitude, les dialogues de God of War sont très réussis. Tantôt touchants à l’image des échanges entre Kratos et Atreus, drôles comme avec les nains, ils restent très crédibles et peu sur-joués.
Conclusion
Vous l’aurez compris, notre ressenti sur ce God of War est mitigé. Il nous a surpris comme il nous a frustré. Il nous a touché comme il nous a ennuyé. Mais on reste d’accord pour dire que quoi qu’il arrive il nous a ébloui. On reconnait également la prise de risque et rien que pour cela, il mérite notre respect.