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Classique de la décennie 2000-2010 : BioShock

 

Cet article tient compte du jeu original, et non de la version remasterisée.

Genre : Jeu de tir à la première personne

Sous-genre(s) : Jeu de rôle, jeu d’horreur, jeu de survie

Multijoueur :  Non

Développeur(s) : 2K Australia et 2K Boston

Plate-forme : PC, Xbox 360, PlayStation 3

Public ciblé : Public mature (présence de sang et atmosphère lugubre)

Score Metacritic : 96%

Dans BioShock, le joueur incarne « Jack », qui voit son avion s’écraser dans l’océan Atlantique. Jack doit ensuite nager jusqu’à une île servant de point d’entrée à la cité sous-marine Rapture. De là, il emprunte un ascenseur qui l’amène profondément sous le niveau de la mer. Dès sa sortie de l’élévateur, Jack constate qu’il se retrouve en situation profonde de galère dans un monde qui lui est hostile.

Effectivement, les habitants de la ville sont en grande majorité devenus fous et agressifs suite à des croisements génétiques effectués avec des espèces aquatiques. Ces modifications avaient à l’origine le but de conférer certains pouvoirs aux habitants, comme par exemple des capacités pyrotechniques ou électriques.

L’objectif du joueur est donc ultimement d’aider Jack à s’enfuir de Rapture en survivant aux attaques de la population à la recherche d’ADAM, la substance utilisée pour les « améliorations » génétiques. Pour ce faire, il dispose d’une panoplie d’armes, de munitions diversifiées et de capacités surhumaines amenées par une exposition à l’ADAM.

Narration

Bien souvent, les jeux vidéo font l’erreur d’arrêter le joueur dans son action pour lui présenter le contexte historique de l’aventure. C’est une pratique qui a longtemps été naturelle étant donné qu’un bon nombre de professionnels de l’industrie du jeu vidéo provenait jadis du cinéma. Dans ce média, le spectateur regarde une histoire qui se déroule devant lui, ce qui entre en contradiction avec la principale dimension d’un jeu : c’est-à-dire l’interactivité. Ce que Bioshock réussit très bien, c’est le simple fait de ne pas imposer au joueur son histoire. Effectivement, le joueur n’est aucunement obligé d’écouter les extraits audio ou de poser son attention sur quelconque graffiti : il peut choisir de ne se concentrer que sur la progression vers le but final s’il le désire.

Au début de son aventure, le joueur reçoit de l’information au compte-goutte, ce qui fait en sorte d’éveiller sa curiosité. En effet, il se retrouve plongé dans un univers dont il ne connaît ni les habitants, ni les règles, mais dans lequel il doit déjà agir. Son seul contact avec un être humain qui ne tente pas de l’attaquer se fait au moyen d’une radio et il ne peut que répondre au mystérieux Atlas. Une bonne quantité des informations sur le passé ou le présent de Rapture se récoltent au moyen d’extraits audio de personnages importants que Jack rencontrera ou non lors du jeu. À la lumière de ces données audio, le joueur sera amené à faire quelques choix moraux drastiques qui influenceront par la suite son expérience.

Environnement unique

Les inspirations de BioShock sont tout de même assez originales. Rares sont les jeux qui ont exploité les océans comme un véritable environnement. L’océan est sombre, l’océan est dangereux, l’océan est mystérieux. Voilà trois lignes directrices à dégager derrière la construction cohérente de l’univers du jeu. Évidemment, ce ne sont pas des matrices inédites dans le jeu vidéo, mais l’idée de jumeler cette ambiance avec un univers utopique au croisement de 1984 de George Orwell et de la mythique cité d’Atlantis vient pousser l’atmosphère et le dépaysement à un très haut niveau.

Par-delà les considérations un peu plus atmosphériques et artistiques, il faut admettre que la mise en scène de l’environnement crée de véritables moments marquants. Il n’y a qu’à penser à aux improbables situations dans lesquelles Jack se retrouve. Il peut arriver qu’il tombe face à un docteur fou en train de zigouiller des habitants, qu’il se situe à l’intérieur d’une immense pièce à l’éclairage vacillant propice à une série d’attaques voilées par la noirceur ou encore qu’il progresse dans un environnement rempli d’inquiétantes petites filles. En somme, plusieurs instants placent le joueur dans une situation profondément marquante et il faut souligner l’excellent travail de l’équipe de design dans la composition réussie de tels événements.

Choix stratégiques

BioShock, bien que principalement un jeu de tir à la première personne, présente certaines caractéristiques issues du jeu de survie. Par exemple, les munitions ne sont pas monnaie courante, ce qui fait en sorte qu’un joueur ne pourra pas progresser du début à la fin avec la même arme : il n’aura pas les ressources pour le faire. Cela permet un système de jeu dans lequel plusieurs armes sont disponibles et qui offrent différents niveaux d’utilité selon l’ennemi rencontré. En effet, si une arme d’assaut peut s’avérer très utile dans les situations où plusieurs ennemis sont présents, elle perd tout son avantage quand les adversaires sont moins nombreux et plus résistants.

Pour compléter le système d’armement, vient le catalogue de pouvoirs issus de la consommation d’ADAM via les plasmides (des fioles ressemblant à des potions). Ils contiennent 12 habilités uniques à vocation offensive ou défensive. Ces pouvoirs sont intéressants étant donné qu’ils peuvent débloquer l’accès à certains endroits facultatifs et que leur impact est modulé selon le lieu dans lequel ils sont utilisés. Par exemple, les ennemis mouillés s’avèrent une cible de choix pour les capacités électriques, mais le joueur doit tout de même faire attention à ne pas s’électrocuter soi-même ! En résumé, la complexité du système d’armement jumelée aux possibilités des pouvoirs créent plusieurs façons de jouer et il est difficile de dégager une stratégie optimale qui tiendra toute la partie.

Bruitage

L’élément qui vient compléter à merveille l’environnement glauque, sombre et merveilleux de Rapture est sans contredit la présence savamment calculée d’effets sonores tout au long de l’aventure. Bien souvent, Jack se retrouve dans un nouvel environnement et il entend des voix en conversations cohérentes quoique dérangeantes sans parvenir à en localiser la source. Il peut arriver qu’elles induisent le joueur en erreur ou qu’elles le guident sur le bon chemin. Il s’en dégage un plaisir certain tant il est difficile de savoir quel défi elles dissimulent ou même de savoir si défi il y a. Les voix créent une ambiance à elles seules. Tout comme pour la narration, ce côté lugubre et angoissant est balancé par la grâce musicale de Rapture qui propose bien souvent des extraits musicaux inspirés des sonorités d’un bon vieux gramophone des années 1940 date à laquelle la cité engloutie a été fondée. Le jeu quant à lui se déroule dans les années 1960.

BioShock est un jeu culte étant donné son excellence à plus d’un niveau. Il propose suffisamment de complexité pour plaire à un joueur plus passionné, mais il est assez agréable à prendre en main pour un joueur plus occasionnel. Le monde alternatif de Rapture est une merveille à découvrir et surtout à vivre. Bref, BioShock est un excellent jeu qui mérite amplement d’être revisité aujourd’hui, près de neuf ans après son lancement original.

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