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Les meilleurs personnages Noirs dans les jeux vidéo
Ce n’est un secret pour personne, les Noirs, à l’instar d’autres communautés, sont sous-représentés dans le jeu vidéo (d’où cette liste des meilleurs personnages noirs) que ce soit dans les jeux eux-mêmes ou bien dans l’industrie au sens large. J’en veux pour preuve, je suis le seul au sein de l’équipe de jeux.ca et je sais que c’est même mieux que certains de nos confrères au Québec et au Canada. La représentation ne fait jamais de mal.
En ce mois de l’histoire des Noirs (dont les origines remontent à 1926 aux États-Unis), j’avais envie de marquer le coup et de souligner la représentation de gens qui me ressemblent même si c’est encore bien trop rare et le plus souvent un prétexte soutenu par une équipe largement blanche.
On passera les clichés et autres représentations limites racistes comme Evil Ryu ou Akuma dans Street Fighter qui sont des personnages qui font croire qu’un teint mat est synonyme de personnage malfaisant (merci le Japon).
Je vais également m’abstenir de parler de personnages connus comme Michael Jordan, Shaq ou d’autres célébrités noires qui jouent leur propre rôle dans des jeux car ce n’est pas le but.
Mais j’ai quand même envie de parler de déshumanisation d’un peuple et de rappeler l’étron Call of Juarez The Cartel d’Ubisoft, entreprise qui a validé des missions, des succès et autres achievements en lien avec le massacre d’une population noire dans un contexte contemporain en 2011. Ou Resident Evil 5 même si cela se discute.
On va s’intéresser ici à des personnages marquants de l’histoire du jeu vidéo, qui font avancer le médium. Vous remarquerez d’ailleurs qu’il s’agit souvent de rôles secondaires et non de héros, comme si nous n’avions pas les épaules ou l’ambition. Heureusement, cela tend à changer. Pas assez vite à mon goût mais on prend ce qu’on a.
Voici donc les meilleurs personnages noirs dans les jeux vidéo.
Barret Wallace – Final Fantasy VII (1997)
Bien qu’on ne soit pas loin du cliché avec lui, Barret Wallace se révèle un personnage attachant. Très exubérant, surtout dans le remake, Barret est par ailleurs le premier personnage qui s’adresse à Cloud, le héros de Final Fantasy VII. Bien que ce soit un éco-terroriste, il agit avant tout pour le bien de la planète.
Ce qui est étrange cependant, mais pas tant lorsqu’on réalise que c’est un jeu japonais, c’est qu’on ne croise que très peu de personnages noirs dans toute l’aventure : des hommes de main à Wall Market et dans la prison de Corel, les bandits parmi les ennemis et c’est à peu près tout.
Fortune – Metal Gear Solid 2 Sons of Liberty (2001)
Fortune est un personnage marquant à plus d’un titre. Lorsqu’elle apparait dans Metal Gear Solid 2 Sons of Liberty, elle est très froide et distante. Elle incarne à merveille son rôle de leader des Dead Cells, le groupe surhumain prêt à tout pour stopper Raiden. Ce qui frappe au premier abord c’est qu’il s’agit d’une femme noire aux longs cheveux blonds, trait assez rare chez nous.
Puis, ce personnage tire son nom de sa chance puisque aucune balle ne peut la toucher ce qu’elle voit comme un don autant que comme une malédiction et semble en souffrir. L’un des tout meilleurs personnages noirs dans les jeux vidéo. Fait intéressant et rare dans un jeu de l’époque, Fortune était doublée par une actrice noire dans la version occidentale, Maura Gale.
Mistral – Metal Gear Rising Revengeance (2016)
Toujours dans la série de Hideo Kojima et bien qu’il s’agisse d’un spin-off, on trouve une autre antagoniste de couleur très marquante, Mistral, à la magnifique chevelure rousse. Son design est ce qui frappe, avec ses 16 bras et sa combinaison noire et rouge. Son nom est tiré du vent qui souffle régulièrement des Alpes à la Méditerranée en France et qui m’a accompagné toute ma jeunesse.
On apprend d’ailleurs qu’elle aussi était en quête de vengeance après que sa famille a été tuée. On sait qu’elle a retrouvé les tueurs et les a massacrés. Lorsqu’on l’affronte elle manie un long bâton qui peut se transformer en fouet et qu’elle appelle L’Étranger. Le seul problème c’est que ce personnage franco-algérien est doublée par une femme blanche, et elle est loin d’être la seule.
Dandara – Dandara Trials of Fear (2018)
En tant que jeu lui-même, Dandara est déjà excellent et innovant. Il s’agit d’un metroidvania mais dans lequel on se déplace en se téléportant plutôt qu’en marchant ou courant. C’est déstabilisant au départ mais on finit par s’habituer.
Puis le jeu gagne en profondeur lorsqu’on se rend compte que son héroïne noire, Dandara, est basée sur guerrière afro-brésilienne du même nom! Cette dernière a vécu au XVIIè siècle et est connue pour s’être rebellée de sa condition d’esclave puis pour s’être suicidée une fois capturée pour éviter de revenir à son ancienne condition. Mais les données sont très minces à son sujet, la confinant de facto au statut de légende. Badass!
Lincoln Clay – Mafia III (2016)
La série Mafia est pour ainsi dire inégale. Le troisième volet n’a pas vraiment impressionné. Mais était-ce pour les bonnes raisons cependant? On y incarne en effet un héros noir, Lincoln Clay, et les faits se déroulent en Louisiane dans les années 60 dans la ville fictive de New Bordeaux donc peuplée majoritairement de personnes noires.
Quoi qu’il en soit, Lincoln est un excellent personnage plein de conflits et la culture noire est plutôt bien représentée. On retrouve beaucoup de clichés mais ce n’est quand même pas tous les jours qu’on est à ce point représenté dans des jeux vidéo à gros budget.
Eddy Gordo – Tekken 3 (1998)
Bien qu’il ne soit pas apprécié de tous car soi-disant trop facile à jouer, Eddy Gordo, apparu pour la première fois dans Tekken 3 en arcade puis sur PlayStation, m’a profondément marqué. Si on avait eu droit à Jax dans Mortal Kombat et Balrog puis Dee Jay dans Street Fighter II, il a fallu patienter un moment avant de voir un Noir de nouveau sur le devant de la scène dans un jeu de combat en 3D (Virtua Fighter avait prévu un personnage arabe du nom de Siba mais ce dernier a été coupé avant de réapparaitre dans Fighters Megamix).
Pour une fois dans un jeu de combat 3D j’avais un personnage qui me ressemblait et avait du style avec ses mouvements de capoeira. C’est comme ça que j’ai découvert cet art martial brésilien. J’ai même songé à m’inscrire mais je n’ai pas osé.
Carl Johnson – GTA San Andreas (2004)
Cette liste ne serait pas complète sans CJ alias Carl Johnson, le héros de GTA San Andreas, mon GTA préféré au passage. Pourquoi? Parce que pour une fois, eh oui, on joue un héros noir. Ou plutôt un anti-héros. Parce que oui, un Noir dans un Los Angeles fictif des années 90 est forcément un gangster et a forcément des amis gangsters. Mais passons. J’ai apprécié qu’un studio AAA prenne un tel « risque ».
Bien que réalisé par une équipe majoritairement blanche, GTA San Andreas a au moins le mérite de dépeindre la réalité des Noirs de cette époque et de ce lieu de manière certes exagérée mais crédible. Avec les émeutes qui ont éclaté en 1992 et la condition des afro-américains à ce moment-là qui baignaient dans l’injustice, on ne peut pas dire que Rockstar se soit trompé lorsqu’ils dépeignent l’officier Tenpenny et son acolyte en tyrans.
Victor Vance – GTA Vice City Stories (2006)
Deux ans après San Andreas, Rockstar remet le couvert avec un autre héros noir mais cette fois-ci dans un spin-off, GTA Vice City Stories sorti d’abord sur PSP puis porté un peu plus tard sur PS2. À nouveau ce qui m’a attiré hormis la licence, c’est qu’on jouait un personnage noir, Victor « Vic » Vance, un ancien soldat de l’armée américaine qui se réfugie dans ce Miami fantasmé.
Il est à nouveau question d’injustice puisque Vic est accusé à tort d’avoir caché de la drogue sous son lit et d’avoir amené une prostituée sur la base. À nouveau, le conflit est là et on a un bon vieux récit de vengeance qui nous amène à faire tout exploser.
Aveline de Grandpré – Assassin’s Creed III Liberation (2012)
Une fois n’est pas coutume malheureusement, Ubisoft continue sur la voie de la diversité : après Altair dans l’original, puis Connor dans le III, c’est désormais Aveline de Grandpré, une héroïne noire, qui se retrouve sous les feux de la rampe dans le spin-off Assassin’s Creed III Liberation sorti sur PS Vita d’abord.
Il se déroule dans la Louisiane du XVIIIè siècle en pleine guerre opposant les Britanniques et les Français, chacun profitant de certains appuis autochtones. C’est dans ce contexte qu’on incarne Aveline de Grandpré dont la mission est de libérer les esclaves et d’éradiquer les Templiers, ennemis récurrents de la série. L’intérêt de ce titre, hormis son héroïne, est que cette dernière peut changer de tenue pour s’adapter à la situation : Assassine, Esclave, et Dame. C’est impressionnant qu’un studio, qui disait avoir du mal à modéliser des femmes, parvient à créer l’un des meilleurs personnages noirs féminins dans le jeu vidéo.
Marcus Holloway – Watch Dogs 2 (2016)
Je ne pensais pas parler autant d’Ubisoft dans cette liste surtout qu’on se rend compte que cette représentation à l’écran n’est pas du tout en adéquation avec la diversité dans l’entreprise. Quoi qu’il en soit, je me dois de mentionner Marcus Holloway de Watch Dogs 2.
Car si le premier avait un héros qui possédait le charisme d’une tomate (et encore c’est méchant pour la tomate), le deuxième mettait en scène un héros noir, athlétique, doué en informatique et qui sait se battre. Autant dire que même si je l’enviais, j’étais ravi de me voir à nouveau représenter (en partie) dans un jeu. Bizarrement, il s’agit à nouveau d’un titre passé sous le radar. Coïncidence?
Kiros Seagill – Final Fantasy VIII (1999)
Même s’il s’agit d’un rôle très secondaire, j’avais envie d’aborder le cas de Kiros Seagill dans Final Fantasy VIII. On découvre ce personnage assez tôt dans l’aventure. On comprend qu’il s’agit d’un ami du mystérieux Laguna.
Quand je l’ai vu pour la première fois de ma vie lorsque j’avais 13 ans, j’étais ravi de voir un personnage qui me ressemblait dans un Final Fantasy. Avec toute l’affection que je porte à Barret, Kiros est quand même bien moins cliché. Et sa Limit Break qui consiste en enchaînement avec ses katals est juste parfaite.
Sazh Katzroy – Final Fantasy XIII (2009)
Dernier protagoniste noir en date dans la série de Square Enix, Sazh Katzroy est un excellent personnage. Il apparait dès le début de Final Fantasy XIII aux côtés de Lightning. De plus, en tant que pilote hors-pair, il est indispensable à l’équipe qu’il sauve plusieurs fois grâce à ses talents. Mais ce n’est pas ce qui marque le plus chez lui. Ce qui me plait c’est sa quête, sa raison d’être : l’armée a enlevé son fils Dajh pour l’étudier et il n’aura de cesse de le retrouver. Leurs retrouvailles constituent l’un des moments les plus touchants de la série dans son ensemble.
Mais son aventure ne s’arrête pas là puisqu’il se retrouve plongé dans un paradoxe dans Final Fantasy XIII-2 où il doit parier aux jeux du casino de Serendipity pour gagner son fils dans un DLC. Mais c’est surtout dans Lightning Returns Final Fantasy XIII qu’il brille à nouveau. On le retrouve ici dans les Wildlands à veiller sur son fils tombé dans un profond coma. Auparavant joyeux et plein d’espoir, il est désormais froid, aigri et accablé de chagrin. Il s’agit d’un des meilleurs arcs de la série et surtout l’un des meilleurs personnages noirs dans les jeux vidéo.
Tyler Miles – Fahrenheit (2005)
Je n’aime pas non plus beaucoup Quantic Dream et encore moins David Cage surtout depuis les révélations de Mediapart. Mais bref, il est ici question de Tyler Miles dans Fahrenheit (ou Indigo Prophecy). Ce jeu ambitieux met en scène trois protagonistes différents : Lucas Kane, un homme qui en tue un autre au début du jeu ; Carla Valenti, la détective en charge de l’affaire ; et son coéquipier Tyler Miles.
L’action se déroulant aux États-Unis, le fait que Tyler soit noir ne surprend pas outre mesure. Mais, à nouveau, cela fait du bien de voir un peu de représentation. Quelque chose que le studio a oublié depuis.
Lee Everett – The Walking Dead (2012)
L’un des personnages noirs les plus marquants de l’histoire du jeu vidéo est assurément Lee Everett du jeu d’aventure The Walking Dead de Telltale Games. Bien que débutant l’aventure à l’arrière du voiture de police, ce personnage va très vite se révéler comme pilier de la communauté et prendre en charge Clémentine (autre excellent personnage noir mais comme je n’ai pas joué à la suite, je préfère parler de Lee).
Tout au long de cette première saison, Lee n’aura de cesse de protéger la petite fille allant même jusqu’à se sacrifier à la fin pour qu’elle puisse vivre et grandir quand bien même cela doit arriver dans un monde envahi par les zombies. L’un des meilleurs personnages noirs dans les jeux vidéo, point.
D’arci Stern – Urban Chaos (1999)
Souvent oubliée, D’arci Stern est l’une des premières héroïnes noires vues dans un jeu vidéo à gros budget (pour l’époque) dans Urban Chaos. Dans ce jeu d’action aventure en 3D on contrôle donc D’arci Stern, une jeune recrue qui intègre la police d’Union City.
Durant son aventure elle va révéler au grand jour un important complot qui implique un gang et un candidat à la mairie qui tire les ficelles. On passera sur le « Urban » du titre qui n’émeut personne et on s’attardera sur le fait que cette héroïne est particulièrement badass et surtout en contrôle de sa propre vie sans qu’elle n’ait besoin d’un homme pour l’aider à accomplir ses tâches.
Nadine Ross – Uncharted 4 A Thief’s End
Terminons avec le cas de Nadine Ross, l’une des antagonistes les plus marquantes de l’histoire du jeu vidéo au complet et l’un des meilleurs personnages noirs. Cette dernière, dans Uncharted 4 A Thief’s End, est la chef d’une milice sud-africaine privée, Shoreline. Elle s’associe rapidement à Rafe Adler pour trouver le trésor de Henry Avery. Tentant de barrer la route à Nathan et son frère, elle perd de nombreux hommes dans la bataille. C’est ce qui la conduit à vouloir prendre les choses en main et à s’opposer à Nathan en personne dans un combat mémorable.
Si on apprécie ce personnage noir très réussi et pas du tout cliché, on aime beaucoup moins le fait qu’elle soit doublée par une actrice blanche (en l’occurence Laura Bailey qui double également Abby dans The Last of Us Part II). Naughty Dog aurait pu faire un sans faute mais Neil Druckmann s’est simplement contenté de dire que Laura Bailey convenait pour ce rôle.
C’est dommage car les doubleuses noires ne sont pas ce qui manquent dans l’industrie, mais on préfère les invisibiliser apparemment. Et à tous ceux qui diront que c’est une question de talent et que ça n’a rien à voir avec la couleur de peau, je rétorquerai cette citation de Denzel Washington : « au delà de la couleur de peau, c’est une question de différence de culture ».
J’aurais préféré terminé sur une note plus gaie mais mon pessimisme a refait surface durant l’écriture de cet article et je ne peux m’empêcher de me dire que ce n’est pas la dernière fois qu’on voit ça arriver.