Critique – Art Sqool

Un jeu vidéo peut-il vous rendre plus créatif?

Un jeu vidéo peut-il vous améliorer en tant qu’artiste?

Avez-vous ce qu’il faut pour graduer de l’école Art Sqool?

Ainsi va la prémisse du plus récent jeu de Julian Glander, un artiste 3D de la ville de New York.

Se décrivant en tant que simulateur d’éducation à l’art (arts education simulation), Art Sqool propose au joueur d’incarner Froshmin, un élève dont l’unique tâche est de réaliser et remettre divers dessins à une entité d’intelligence artificielle, Professeur Qwertz. Le joueur obtient une directive aléatoire et apparaît sur une des îles du monde tantôt abstrait, tantôt psychédélique du jeu en 6 couleurs.

Passé l’introduction complètement absurde, il n’y pas vraiment de didacticiel. Il faut comprendre que l’on peut se mouvoir avec WASD, sauter grâce à la barre d’espacement, que l’on peut changer l’angle de caméra avec la touche X et que seules 2 fenêtres sont accessibles via l’usage de la souris. Ces deux interfaces font directement penser à  Microsoft Paint, soit le stylo, le pinceau, la gomme à effacer ou le lettrage, avec quelques subtiles différences d’utilisation. Il faut toutefois d’abord débloquer les différentes fonctionnalités en trouvant divers objets qui flottent un peu partout dans l’univers.

« Suis-je vraiment en train de jouer à cela? »

Le jeu est un peu mal codé et surement rempli de bogues. Par exemple ici, où sauter plusieurs fois dans les airs permet de voler.

Mon expérience d’Art Sqool a passé plusieurs stades. D’abord, l’attrait de l’étrange et la découverte du jeu sont rigolos, puisque le visuel, la musique et les tâches que l’on nous demande d’accomplir donnent au départ une esthétique d’absurdité. Je n’étais pas certain si j’avais le goût de prendre les directives au sérieux ou si je désirais simplement me moquer du jeu en dessinant n’importe quoi. Au fil des dessins, je ne réussissais pas non plus à comprendre pourquoi j’avais obtenu le grade de B dans un premier dessin et un A dans le suivant, alors que j’avais mis beaucoup plus d’efforts sur le premier et qu’il était «objectivement plus beau». C’est alors que je me suis mis à (sur-) interpréter ce qui se passait. Il s’agit d’art ici. D’art dont une intelligence artificielle juge de sa qualité. L’art est une discipline à la fois complexe, avec ses propres codes institutionnels, mais aussi simple, car la beauté réside dans l’œil du spectateur. Ainsi, j’ai réalisé que le plaisir de jouer à Art Sqool se maintient tant que j’éprouve du plaisir à dessiner. Si j’attends que le jeu me surprenne et me récompense, comme dans n’importe quel autre jeu vidéo, je manque la cible. Sur ce point, la métaphore qu’a peut-être espérée l’auteur fonctionne. Tout comme dans sa propre éducation dans la vie réelle, il ne faut pas investir de temps pour obtenir des notes, mais bien pour son cheminement personnel. Si jamais l’école Art Sqool n’est pas pour vous, abandonnez-la (surtout si vous avez moins de deux heures de jeu sur Steam). Si vous pensez que vous pouvez améliorer vos compétences ailleurs, allez-y. Il faut néanmoins garder en tête qu’il se peut que quelqu’un devienne effectivement bon à dessiner grâce à Art Sqool. C’est… possible, disons.

Dans un ComicCon et dans une chaîne YouTube près de vous

En étant innovant, coloré et absurde, Art Sqool détient un énorme potentiel de viralité. À sa sortie, il a atterri dans la colonne «Nouveau et populaire» de Steam et plusieurs médias de la presse vidéoludique comme Kotaku et Rock, Paper, Shotgun en ont parlé, ce qui veut dire que le titre connaît ou connaîtra de bonnes ventes, d’autant plus que ce n’est qu’une question de temps avant que des influenceurs comme Pew Die Pie ou Le Joueur du Grenier l’essaient. À n’en pas douter, la possibilité de dessiner ce que l’on veut suscitera une pléthore de blagues (phalliques), memes et situations cocasses sur l’internet. Vous verrez aussi assurément cette année du cosplay de Froshmin. Pour toutes ces raisons, je suis prêt à mettre ma main au feu que Julian Glander encaissera gros avec son œuvre, puisque son jeu se vend 13.49$ l’unité. Gardez en tête que c’est loin d’un jeu qui rivalise en qualité avec Mario Paint pour son engin de dessin, sorti sur la Super Nintendo en 1992.

Verdict: le jeu en vaut-il la chandelle? «Pas tellement», comme dirait l’autre.

Pour conclure, je tiens à partager avec vous, chers lecteurs et chères lectrices, mes propres réalisations, puisque l’Art mérite d’être distribué. Je suis convaincu que vous saurez l’apprécier.

 

J’ai interprété « Draw the right thing » comme quelque chose qui pointe vers la droite. Ma lecture de la consigne n’a vraisemblablement pas impressionné le Professeur Qwertz. 

Vous pouvez avoir accès à tous les dessins que vous réalisez dans le jeu, simplement en appuyant sur le bouton PORTFOLIO dans le menu principal qui ouvre automatiquement un dossier sur votre disque dur. J’y ai retrouvé «Banane sur abat-jour» qui fait partie des œuvres dont je suis le plus fier.

Le logo de Jeux.ca va peut-être changer pour celui-ci. À suivre!