D’ici plus ou moins une semaine (23 septembre), les portes du Sanctuaire s’ouvriront à nouveau avec Diablo II: Resurrected. Un remaster qui arrive 20 ans après la dernière extension du jeu, Lord of Destruction (2001). La version réimaginée pour une nouvelle génération a développée sur PC et, pour la première fois, pour consoles de salon (PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series).
Disons-le tout de suite : Diablo II fait partie des meilleurs jeux. La série démarrée par Blizzard en 1997 est encore très populaire de nos jours : elle a défini un genre. L’arrivée de ce remaster devrait donc être des plus anticipées. Un événement grandiose, un rêve qui se réalise. Pourtant, je suis d’avis que vous ne devriez pas acheter cette version du jeu malgré ses belles apparences.
Raison #0 : Activision Blizzard est une compagnie toxique et hostile envers les femmes
Avant même de parler de Diablo II: Resurrected en tant que tel, il est bon de se rappeler à quoi ressemble l’environnement de travail à Activision Blizzard. Pour faire bref, l’état de Californie a intenté une action en justice contre la compagnie en raison de ses pratiques douteuses en matière d’emploi. Il a été prouvé qu’elle « a fait preuve de discrimination à l’égard des employés de sexe féminin en ce qui concerne les conditions d’emploi, y compris la rémunération, l’affectation, la promotion, le licenciement, le congédiement déguisé et les représailles ». Et ce n’est que la pointe de l’iceberg.
Si la réputation d’un studio vous tient à cœur ou plutôt devrais-je dire, l’égalité des sexes en matière d’inclusivité dans l’industrie, vous ne devriez pas acheter Diablo II: Resurrected. C’est aussi simple que ça.
Raison #1 : jouer en TCP/IP ne sera pas possible
Bon d’accord, vous pouvez peut-être séparer l’artiste de son œuvre.
Par contre, saviez-vous que Diablo II: Resurrected n’offrira pas la possibilité de jouer en réseau local par TCP/IP?
C’était pourtant une promesse du producteur Rod Fergusson. Bizarre pour une équipe qui vise à offrir une expérience authentique. Oups.
En guise de rappel, Diablo II ne propose pas non plus de couch co-op comme Diablo III. Il vous est donc impossible de partager l’aventure contre les forces du mal sur un même écran. C’était un avantage du TCP/IP : pas de partager l’écran, mais de pouvoir organiser des parties entre amis sur un réseau privé. Sans bots. Sans spam. Dommage que « l’enjeu lié à la sécurité » sans Battle.net l’emporte aux yeux des développeurs.
Raison #2 : l’option ultrawide a été retirée
Encore une fois, Activision Blizzard revient sur ses paroles avec l’option d’écran ultra-large (ultrawide). MrLlamaSC, un influenceur reconnu dans l’univers Diablo, avait demandé à l’équipe de développement si cette résolution serait offerte au lancement du jeu en septembre. La réponse? Bien sûr que oui! Dans le jargon du studio, ça veut plutôt dire le contraire.
En plus de ne pas offrir l’ultrawide, Activision Blizzard a pris soin d’ajouter des barres noires sur les côtés de l’écran. Oui, comme avec les vieux films dont la résolution ne concorde pas avec les écrans haute définition ou en 4K. C’est laid et, encore une fois, un exemple de mensonge éhonté.
Au moins l’équipe a un argument qui se tient pour ne pas inclure cette option : elle brise le jeu, carrément. La résolution 21:9 empêchait l’intelligence artificielle de détecter le joueur et de déclencher ses attaques. De plus, la meilleure visibilité permettait aux héros d’attirer plus de monstres dans une zone que prévu, ce qui conférait un avantage important.
Raison #3 : oubliez la plupart des modifications (mods)
Il existe toute une scène de mods pour Diablo II, comme c’est le cas avec la plupart des jeux populaires sur PC. Moi le premier, j’utilisais le map hack à l’époque afin d’optimiser mes tueries de démons et autres viles créatures. Depuis, il y a eu des reconversions totales comme Path of Diablo et Median XL, en plus de projets d’amélioration comme Project Diablo II et PlugY. Ces modifications ont leurs propres mérites, selon le type d’expérience que vous recherchez.
Avec Diablo II: Resurrected, Activision Blizzard ne soutiendra pas cette communauté. Le producteur Chris Lena a déclaré ceci en entrevue : « Par le passé, il y a eu des mods qui injectaient du code directement dans le jeu, et c’est ce genre de choses que nous ne pouvons soutenir ». Toujours selon M. Lena, il sera toutefois plus facile de modifier le jeu que par le passé : « Lorsque nous avons passé en revue le jeu, nous avons remplacé plusieurs choses qui étaient codées en dur dans les données ».
Sans la possibilité de coder en dur, de serveurs privés (dont le TCP/IP), la scène des mods sera bien moins florissante. Il y a d’ailleurs une pétition signée par plus de 8000 personnes pour tenter de faire bouger les choses à Activision Blizzard.
Raison #4 : pas de Ladder au commencement
Pour certaines personnes, le plaisir de Diablo II est d’arriver en haut du classement mondial en premier. Le mode Ladder est une course qui représente en quelque sorte un trophée, un objectif à atteindre.
Avec Diablo II: Resurrected, les développeurs ont confirmé que cette fonctionnalité ne sera pas disponible au lancement du jeu le 23 septembre prochain. Cela pose problème, car plusieurs objets uniques ne sont disponibles que dans ce mode de jeu effréné.
Mon côté sceptique croit que la fonctionnalité est en attente parce que les serveurs ne tiendront pas le coup à la sortie. Un phénomène observé pour la plupart des grosses sorties en ligne, même si aux dernières nouvelles Diablo II: Resurrected proposera également un mode solo hors-ligne.
Raison #5 : c’est exactement le même jeu qu’il y a 20 ans, pour le meilleur… et pour le pire!
À quelques détails près, notamment les cinématiques recréées de toutes pièces, la couche graphique moderne qui s’ajoute au jeu existant et l’ajout d’options d’accessibilité, Diablo II: Resurrected sera le même jeu qu’il y a 20 ans.
Est-ce un problème? Je dirais oui et non. Oui, car nous retrouverons les mêmes bogues (Andariel Quest Loot, Ethereal Bugged Armors, etc.) et glitchs. Non, parce que le jeu dans sa plus récente version (1.14) demeure un grand classique malgré ses fautes.
Ce qui me chicote un peu, c’est un certain purisme de la part d’Activision Blizzard ou plutôt Vicarious Visions. Je comprends l’idée de ne pas trop s’éloigner du matériel source, de peur de le dénaturer. Par contre, corriger des bogues connus et des erreurs de game design me semble honnête. Il ne faut pas prendre le jeu avec des pincettes et le considérer sacro-saint. La perfection n’existe pas; il y a toujours place à amélioration.
Diablo II est excellent mais débalancé. Plusieurs habiletés ne valent rien sans mods. Attendez-vous à voir des sorcières et des paladins tout raser en ligne comme c’était le cas en 2001. Pas que les autres personnages ne soient pas intéressants, mais ils sont nettement inférieurs. Et que dire de la statistique d’énergie, qui n’a aucune utilité pratique.
Donc oui, j’appuie de revisiter Diablo II, mais pas avec une attitude aussi conservatrice. Je ne demande pas de le transformer en Diablo III, mais bien d’aller plus loin que des changements superficiels. Quitte à créer un mode Legacy pour séparer l’expérience originale et laisser place à une version actualisée, avec pourquoi pas un vrai end game cette fois.
Bonus : d’autres raisons valables de ne PAS acheter Diablo II: Resurrected
- Joueurs et joueuses Switch : cette version n’a JAMAIS été présentée, ce n’est vraiment pas bon signe!
- Sur consoles, il n’y a aucune option de chat ni de lobbies
- De nouveaux bogues ont été introduits avec la version actuelle