Le 3 avril sortait Minit sur Steam, PlayStation 4 / Pro et Xbox One / X. C’est un jeu indépendant développé par une petite équipe de quatre personnes: Dominik Johann, Jan Willem Nijman, Kitty Calis et Jukio Kallio pour la musique. Ce jeu d’aventure Zelda like disponible pour une dizaine de dollars se distingue par son gameplay original. Il n’offre aux joueurs que soixante secondes pour progresser d’un seul trait. À la fin du compte à rebours on meurt et réapparait à un point de départ défini.
Soixante secondes chrono
Vous êtes maudits! Après avoir mis la main sur une épée maléfique, vous êtes condamnés à ne pas pouvoir vivre plus de soixante secondes d’affilée avant de décéder et de réapparaître à votre point de départ: la maison. Dans Minit, il vous faudra utiliser ces précieuses minutes au mieux afin d’avancer dans l’univers 2D pixelisé du jeu, résoudre ses divers puzzles, affronter les adversaires se dressant sur votre chemin et récupérer des objets essentiels à l’avancement du jeu et à l’abolition de la malédiction.
Pas le temps de traîner, cette course contre la montre vous obligera à utiliser chaque seconde à son plein potentiel. Le gameplay du jeu se base sur des mécaniques extrêmement simples qui ne sont pas sans rappeler la sacro-sainte NES ou la Gameboy. Outre les mouvements directionnels, seulement deux actions sont possibles: attaquer et de suicider pour réapparaître au point de départ plus rapidement. Malgré cette simplicité, chaque mouvement et chaque interaction devra être préméditée, car le temps est limité et ne laisse que peu de d’espace pour les actions superflues!
Un concept intéressant à défaut d’être novateur
Si ce concept consistant à tuer le joueur au bout de soixante secondes pourrait paraître lourd, il offre en réalité à ce titre une jouabilité très originale et fluide soulignée par un level design impeccable. Minit ne s’adresse par contre pas à tout le monde, et ceux et celles d’entres vous qui préfèrent prendre leur temps et apprécier un univers immersif seront sans doute frustrés de ne pas pouvoir accorder plus de temps à l’exploration et l’interaction avec les nombreux personnages du jeu. Les speedrunners ainsi que ceux et celles qui cherchent une expérience de gameplay inédite trouveront en revanche sûrement leur bonheur en s’essayant au titre.
Les objectifs du jeu consistent majoritairement à trouver des objets et à les utiliser pour débloquer de nouvelles zones et avancer. Ainsi, récupérer un gant de jardinier permet de couper des arbres pour ouvrir de nouveaux passages et utiliser l’arrosoir permet d’éteindre des feux pour accéder à de nouvelles zones. Ces objets peuvent être débloqués en résolvant des puzzles, et leur utilisation permet par la suite de résoudre encore plus de puzzles. Certains items auraient par contre pu être mieux exploités à travers les niveaux. Par exemple, je n’ai personnellement utilisé l’arrosoir que deux fois tout au long du jeu.
Minit peut se boucler en deux heures à peine, voire moins. Si cette courte durée est justifiable de par le budget restreint et la petite équipe de développement, certains ne seront sans doute pas disposés à dépenser dix dollars pour une expérience aussi courte. A noter que le jeu offre également plusieurs quêtes et puzzles annexes qui viennent rallonger quelque peu l’expérience.
Une très bonne ambiance rétro
Outre ses mécaniques à l’ancienne, Minit se distingue par son esthétique rétro et son ambiance visuelle et sonore très soignée. Votre personnage au long bec évolue dans un univers 2D tout en pixels et en noir et blanc. Le jeu est également peuplé d’autres créatures à l’allure animale. Bien que Minit soit visuellement très simple, il vous placera dans un univers cohérent et accrocheur.
L’ambiance sonore offerte par les compositions de Jukio Kallio renforce l’immersion. De plus, chaque nouvel environnement a son propre thème musical. Pour couronner le tout, la traduction du jeu en Français est particulièrement soignée. C’est assez rare pour être souligné.
Minit papillon!
L’univers du jeu est d’autant plus attachant qu’il inclut de nombreux personnages et de clins d’œil humoristiques. Minit gagnerait tout de même à pousser ce monde et sa narration encore plus loin. Par exemple en offrant plus de possibilités d’interaction avec les PNJ. Il est assez dommage que l’on ne puisse pas obtenir plus d’une ou deux répliques par personnage. Mais on s’en contentera.
De plus, si le titre révèle une histoire simple et un certain engagement politique, Minit aurait pu pousser cet élément encore plus loin. Dénoncer les dégâts environnementaux et sociaux causés par le capitalisme est une bonne idée. Mais le jeu aurait gagné à renforcer sa narration. Bémol sur ce point donc.
Pas facile, en revanche, de vivre une expérience narrative riche quand votre personnage se fait automatiquement tuer au bout de soixante secondes. Si le concept de gameplay du jeu est très original, la narration et l’exploration en souffrent.
Conclusion
Globalement, Minit est un bon jeu indépendant. Il est à conseiller à ceux et celles qui souhaitent dépenser dix dollars pour une expérience intéressante. Le tout dans un univers rétro à l’ambiance visuelle et sonore très soignée. Résultat du travail de seulement quatre personnes avec un budget restreint, Minit fait honneur au jeu indépendant et exploite un concept original et efficace. La recette comporte les bons ingrédients et le bon dosage.
Mais, le titre ne s’adresse clairement pas à tout le monde. En revanche, et le gameplay qui consiste à tuer le joueur au bout de soixante secondes n’est pas sans conséquences sur la narration et l’exploration. Mais il ne fait pas de Minit un jeu sans intérêt pour autant.
Si vous êtes speedrunner ou cherchez une expérience de gameplay inédite, foncez! Sinon, vous devriez peut-être passer votre chemin.