C’est en octobre 2005 que la suite spirituelle du jeu Ico fait son apparition sur nos PlayStation 2 en fin de vie. Shadow of the Colossus, créé par Fumito Ueda et la Team Ico, est un succès commercial autant que critique, souvent cité comme l’un des meilleurs jeux vidéo de tous les temps. Retour sur ce titre qui nous revient plus beau que jamais grâce à la sortie du remake sur PlayStation 4 / Pro.
AVOIR LES YEUX PLUS GROS QUE LA PANSE
C’est en 2002 que le développement du jeu commence sous le nom Nico (combinaison du mot japonais ni voulant dire deux et du mot Ico). C’est en 2003 durant les conférences DICE qu’on a pu voir les premières images de Shadow of Colossus, soit 4 personnages à cheval (même modèle 3D qu’Ico) collaborant afin de mettre à genou un colosse.
À l’origine, Ueda et son équipe voulaient inclure dans le jeu 48 colosses, avant de décider de couper ce nombre de moitié. Au bout du compte, ce sont 16 colosses qui ont été gardés dans la version finale. Cette décision s’explique par une trop grande ambition qui ne pouvait être réalisée à cause des contraintes technologiques de la PlayStation 2 et du fait que certains design des colosses devenaient répétitifs. En fouillant dans les données de la version démo du jeu, on peut trouver des images et modèles de 8 des colosses qui n’ont pas survécu jusqu’à la version commerciale. Fait cocasse, aucune de ces créatures géantes n’a de nom officiel, tous les noms qu’on trouve sur internet ont été créés par les admirateurs du jeu.
Il existe un objet inutilisé dans la version démo/preview du jeu, le Eye of the Colossus. Tout laisse croire qu’à un certain point, l’équipe de développement voulait permettre au joueur de voir le jeu à travers les yeux des colosses, sans pour autant être capable de les contrôler. L’objet en question fonctionnait avec la majorité des colosses, sauf sur le #3. L’option n’a pas été gardée pour la version finale du jeu, probablement à cause des problèmes de performances engendrés sur la PlayStation 2.
UN MARKETING VIRAL POPULAIRE
Une campagne publicitaire sur internet est lancée près d’un an avant la sortie du jeu. Un blogue intitulé Giantology écrit par Eric Belson, un employé d’une compagnie d’appareils électroniques de 28 ans, fait son apparition sur le web. Se décrivant comme étant le premier géantologue de l’histoire, Belson utilisait son blogue afin d’archiver ses découvertes sur les géants. La découverte d’un squelette géant dans les montagnes iraniennes, un tsunami qui transporte les restes d’un colosse, la découverte d’une statue étrange au Pérou, bref le blogue regorgeait de découvertes fictives faisant toute référence aux créatures du jeu. La campagne a eu un succès fulgurant, et est vue par 25 millions de personnes dans plus de 110 pays. Le site a depuis fermé, mais a pu être archivé.
SHADOW OF THE COLOSSUS: LE FILM
C’est en avril 2009 qu’on apprenait que le jeu Shadow of the Colossus serait adapté au grand écran, distribué par Sony Pictures et produit par Kevin Misher (Le Roi Scorpion, Blanche Neige, Carrie), avec l’implication du créateur du jeu Fumito Ueda dans la production du film. En mai 2012, les noms du scénariste Seth Lochhead (Hanna) et du réalisateur Josh Trank (Chronicle, Fantastic Four) sont associés au projet avant que ce dernier vers la fin de 2014 abandonne le projet afin de se concentrer sur un nouveau spin-off de Star Wars. Sony Pictures annonce alors Andy Muschietti (Mama, It) comme remplaçant à la réalisation. Depuis, aucune nouvelle, ce qui laisse présager que le projet cinématographique de Shadow of the Colossus est mort et enterré…
Mais Shadow of the Colossus a déjà eu une vie au grand écran, grâce au film Reign over me (2007), un drame américain mettant en vedette Don Cheadle et Adam Sandler. Dans le film, le personnage d’Adam Sandler a perdu toute sa famille lors des attentats du 11 septembre à New York et s’en est jamais remis. 6 ans plus tard, il croise par hasard un ancien ami (Don Cheadle) qui va tenter de lui redonner goût à la vie. Le jeu sert d’échappatoire tout au long du film, montrant ainsi l’évolution de l’état émotionnel des personnages au fur et à mesure des obstacles rencontrés. C’est un des rares films qui utilise le médium du jeu vidéo intelligemment afin d’appuyer le scénario et je vous recommande de le regarder (disponible sur Netflix), une bonne performance d’Adam Sandler, différent des rôles comiques qu’on a l’habitude de le voir incarner.
UN REMAKE RESPECTUEUX DE L’ŒUVRE ORIGINAL
La sortie prochaine du jeu sur PlayStation 4 n’est pas une simple version remastérisée de l’œuvre originale comme The Ico & Shadow of the Colossus Collection l’était sur PlayStation 3 en 2011. Ça sera bel et bien un remake, tous les éléments visuels vont être refaits, afin de répondre au standard des jeux vidéo d’aujourd’hui. Un tout nouveau moteur de rendu, tous les modèles refaits en haute résolution, animations améliorées, même les contrôles ont été adaptés afin qu’il soit plus facile de contrôler le héros du jeu. N’ayez crainte, ceux qui voudront utiliser le schéma de contrôle qui a fait tant rager les joueurs du temps de la PlayStation 2 vont pouvoir le faire sans problème.
Ce remake est développé par le studio américain Bluepoint Games, reconnu pour être les « masters des remasters », ayant par le passé travaillé sur God of War Collection (PS3), The Ico & Shadow of the Colossus Collection (PS3) et Uncharted : The Nathan Drake Collection (PS4). Afin d’être le plus fidèle possible à l’œuvre originale, l’équipe deBluepoint a réussi à faire fonctionner le code original du jeu sur la PlayStation 4 et ont par la suite fusionné ce code avec le nouveau moteur de rendu du studio. Bien que le créateur du jeu, Fumito Ueda, ait donné une liste d’amélioration qu’il aimerait que le studio implante dans cette nouvelle monture du jeu, il ne faut pas s’attendre à voir de nouveaux colosses étant donné que le but du remake n’est pas de changer le scénario de l’œuvre, mais on peut s’attendre à des nouveautés subtiles ici et là.
QUELQUES SECRETS SUR LE JEU
La relation du personnage principal et Agro, son cheval, est un élément important du jeu et afin que l’attitude de l’équidé soit le plus réaliste possible, il se peut que ce dernier n’écoute pas toujours vos directives, comme Trico dans The Last Guardian. Ueda justifie cette décision en nous rappelant qu’un cheval n’obéit pas tout le temps dans la vraie vie, contrairement à une automobile. Est-ce vraiment un concept que l’équipe voulait implanter ou simplement une façon de justifier que l’intelligence artificielle du jeu n’est pas parfaite ? Le mystère demeure…
Dormin, une des entités qu’on croise dans le jeu, n’est pas doublé que par une personne, mais bien deux. La voix masculine par Kazuhiro Nakata et la voix féminine par Kyoko Hikami. Leur voix sont par la suite synchronisée une par-dessus l’autre afin que la nature de Dormin reste neutre et ambiguë tout au long du jeu.
Concept clé de la jouabilité du jeu, le fait de pouvoir s’agripper à presque tout afin de pouvoir grimper les colosses qu’on veut vaincre. Mais il est aussi possible de s’agripper aux oiseaux et poissons…
Si vous aviez une sauvegarde du jeu Ico sur votre carte mémoire de PlayStation 2 en démarrant le jeu, le symbole en forme de diamant sur la tête de votre compagnon à sabots va se transformer en un « i » similaire à celui dans le logo du jeu Ico. Alors que le remake de Shadow of the Colossus est à peine disponible pour le grand public, certains sites de jeu vidéo ont déjà trouvé une petite référence à The Last Guardian, un peu avant la confrontation avec le 6e colosse. Ouvrez l’œil !