Si vous êtes québécois et vouliez vous impliquer professionnellement en tant que joueur de Call of Duty, nous avons une mauvaise nouvelle pour vous. Nous apprenons en effet que la Call of Duty League, circuit compétitif officiel du titre phare d’Activision-Blizzard organisé par MLG, n’autorise pas les québécois à participer à ses tournois.
L’information nous provient de François Savard, membre du conseil d’administration de la Fédération Québécoise des Sports Électroniques. François lutte activement contre l’exclusion du Québec dans le domaine des Esports depuis 2014. Heureux de constater sur le site officiel de GameBattles qu’aucune restriction ne semblait exister quant à la participation des québécois à la scène compétitive de Call of Duty, ce dernier s’est empressé de contacter le service à la clientèle du site pour confirmer qu’il ne s’agissait pas d’une fausse joie. Il s’est retrouvé bien déçu.
« La plateforme GameBattles n’est pas ouverte au Québec. Les québécois ne sont pas autorisés à jouer à quoi que ce soit à partir de GameBattles », lui a aussitôt répondu le représentant. «Il s’agit d’une politique interne. Il n’est pas nécessaire de la citer sur la page des réglementations officielle », a-t-il continué alors que François lui faisait remarquer qu’il n’était stipulé nulle part officiellement que le Québec était exclu de ces tournois.
L’exclusion du Québec dans le domaine des Esports n’est pas chose nouvelle. Plusieurs cas d’interdiction de participation de joueurs québécois ont notamment été déclarés sur des titres tels que Rocket League, FIFA ou encore NHL au cours des dernières années. Cette exclusion retarde bien évidemment le développement de la scène des sports électroniques locale et a amené de nombreux talents du milieu à s’exporter vers d’autres provinces ou vers les États-Unis.
On aurait pu s’imaginer avoir amené à son terme l’exclusion du Québec dans le milieu des sports électroniques, qui payaient auparavant (bien qu’il semble que ce soit toujours le cas) les frais d’un statut ambigu devant les institutions et les acteurs du secteur privé. Avant 2016, ces derniers considéraient souvent à tort que les compétitions de jeux vidéo tombaient selon les lois québécoises sous la même réglementation que celle imposée aux concours publicitaires par la Régie des alcools, des concours et des jeux. Les organisateurs de tournois de Esports se pensaient de ce fait obligés de payer des frais supplémentaires pour inclure le Québec dans la compétition, ce qui n’a pourtant jamais été le cas. En 2016, la Fédération Québécoise des Sports Électroniques avait clarifié le statut des Esports au Québec en obtenant de la part de la RACJ une lettre officielle affirmant que les Esports ne constituaient pas une forme de concours publicitaire et que, par conséquent, ils n’étaient pas sujets à cette réglementation. S’il s’agit là d’un réel progrès, l’ambiguité demeure et il semblerait qu’il soit toujours difficile de renseigner les grandes ligues quant au statut des Esports au Québec afin de faire valoir le droit de participer aux compétitions pour les habitants de la Belle Province. MLG, organisateur de la Call of Duty League dont les québécois se retrouvent exclus, avait pourtant figuré parmis les premiers à avoir reçu la lettre de clarification de la RACJ en 2016.
« Le problème demeurera présent tant et aussi longtemps que la réglementation et le registre des concours publicitaires existeront. » nous a confié François alors que nous lui demandions son explication de la situation. « Je fais face aujourd’hui à des cas d’exclusions qui n’étaient pas présents il y a quelques années, ou des cas qui étaient réglés, tout simplement parce que c’est une nouvelle personne qui est responsable de X ou Y événement. En pratique, il nous est impossible d’avertir toutes les personnes au monde qui organiseront potentiellement un tournoi, un jour. »
Selon François, les moyens disponibles pour remédier à la situation sont limités étant donné la nature des organisations québécoises dédiées aux Esports telles que la FQSÉ, ainsi que leur cruel manque de ressources.
« Étant donné que nous n’avons pas de ressources autres que notre temps donné bénévolement, nos plans sont limités. », déplore François. « Malgré de très beaux succès avec EA, NHL, Blizzard, etc., le cas de MLG avec Call of Duty montre notre limite. Lorsqu’une compagnie refuse d’accepter le Québec, même si elle n’est pas capable de nous expliquer exactement pourquoi, nos recours sont limités. »
Cette nouvelle interdiction vient douloureusement rappeler qu’il reste encore beaucoup de travail à accomplir afin de continuer à développer les sports électroniques à l’échelle de la province et de donner aux québécois, eux aussi, la chance de transformer leur passion pour le jeu compétitif en carrière professionnelle viable.