Des jeux où il faut tuer des gens, il y en a beaucoup. Des jeux qui nous demandent de tout détruire aussi.
Mais des jeux qui nous proposent de redonner vie à la nature, de cultiver et de regarder grandir? C’est plus rare.
C’est ce que propose Winds & Leaves, le nouveau jeu du studio montréalais Trebuchet.
La poésie pousse dans le sol avec Winds & Leaves
Plus jeune, une de mes tantes, la plus spirituelle du groupe, m’avait emmené faire une balade en forêt. C’était une belle journée ensoleillée et l’air sentait bon les fleurs et la sève sucrée des arbres.
Me voyant apaisé, moi qui était de nature anxieuse, elle m’avait dit : « Tu sais, presque tous les grands artistes et philosophes viennent se promener en forêt pour réfléchir et relaxer ».
Je ne sais pas si c’était vrai, mais c’est une idée qui avait beaucoup de bon sens à mon avis, et j’y repense souvent. L’ennui, c’est que j’habite en plein coeur de l’île de Montréal, et s’il y a des ilôts de forêt et de verdure un peu partout, la solitude y est une denrée plus rare.
C’est peut-être pour ça que j’ai réagi aussi positivement au nouveau titre de Trebuchet.
Dans Winds & Leaves, vous n’avez qu’une seule mission simple : planter des arbres. On vous lance dans un monde désertique et, petit à petit, vous plantez des arbres qui développent autour d’eux un biome; d’autres arbres se mettent à pousser naturellement, la verdure gagne du terrain et la faune et la flore se multiplient.
Par une belle métaphore, c’est aussi la nature qui vous garde en vie. Si vous vous aventurez trop loin des arbres, votre vie se met à décliner, et vous devez vite planter d’autres arbres pour éviter de disparaître.
La métaphore environnementaliste est claire.
D’une grande poésie, l’univers de Winds & Leaves m’a rappelé L’homme qui plantait des arbres, un court-métrage de Frédéric Back. Ce film, un véritable poème animé, racontait l’histoire d’un ermite qui consacrait sa vie à repeupler d’arbres une étendue naturelle désertique. À sa mort, le monde découvrait la forêt à laquelle l’homme avait donné vie.
Je n’ai donc pu m’empêcher de sourire quand je suis tombé sur un billet de blogue signé par le cofondateur et directeur créatif du studio, Alexandre Pernot Lopes, qui citait L’homme qui plantait des arbres comme inspiration majeure.
Bravo, c’est réussi.
À bout de bras
Mais concrètement, comment on joue à un jeu où il faut planter des arbres?
Trebuchet se spécialise en réalité virtuelle (Prison Boss VR, Jousting Time), et le studio s’est allié cette fois-ci avec PlayStation, qui détient l’exclusivité de ce titre.
De façon inusitée, notre personnage se promène avec des échasses. Pour vous déplacer, vous devez donc agiter les bras pour faire avancer ses échasses au sol. Ce n’est pas le système de déplacement le plus fluide, il faut l’avouer. La vitesse de déplacement est difficile à gérer, si bien que parfois on fera un large bond vers l’avant alors qu’on voulait simplement s’avancer de quelques centimètres.
Mais au-delà de ces petites anicroches, le déplacement reste relativement fluide et on arrête vite d’y penser.
On dispose aussi de deux outils : un foret pour creuser le sol, puis un espèce d’éventail qui fait avancer le temps. Il suffit donc de creuser un trou, d’y lancer un fruit qu’on peut retrouver au sol ou dans les arbres, puis de faire avancer le temps pour voir notre arbre pousser.
Attention, toutefois, ce n’est pas si simple; certains sols sont plus accueillants envers certaines variétés de fruits. Il vous faudra également combiner des fruits afin de donner naissance à de nouvelles variétés d’arbres, ce qui deviendra essentiel quand vous voudrez vous aventurer sur des terres plus hostiles qui n’acceptent que certaines variétés bien spécifiques.
D’ailleurs, on aurait apprécié des instructions un peu plus précises. On doit se fier à des peintures rupestres trouvées sur certains murs pour décoder ces mécaniques, et ça m’a causé quelques problèmes, même s’il est tout à fait possible que je sois simplement un peu lent.
Au rythme de la nature
Winds & Leaves n’est pas une très longue expérience, environ 5 à 6 heures de jeu (ajoutez quelques heures si vous voulez débloquer tous les trophées).
Mais c’est correct ainsi, puisque le jeu devient rapidement répétitif. Il ne s’agit probablement pas d’un titre que vous voudrez dévorer en une soirée. De toute façon, personnellement ça serait impossible, le VR me donne la nausée sur de trop longues périodes (c’est un phénomène que j’observe avec tous les titres, pas juste celui-ci).
Winds & Leaves est conçu pour vous offrir des petits moments de relaxation. C’est un bon jeu à lancer quand vous êtes stressé et que vous avez besoin d’un petit moment pour vous : la musique est zen, avec une énergie très médicatrice.
Mais surtout, quand j’ai regardé derrière moi après avoir passé une quinzaine de minutes à avancer en ligne droite en plantant des arbres, et que j’ai découvert une forêt dense et colorée là où se trouvait quelques minutes auparavant une plaine désertique, j’ai ressenti un sentiment qui s’approche de la plénitude.
Et ça, c’est une expérience rare dans le monde du jeu vidéo.
Verdict
Les plus
- Poétique
- Apaisant (belle trame sonore!)
- Original
Les moins
- Courte durée de vie
- Répétitif
- Parfois un peu trop énigmatique