On célèbre cette année le 35e anniversaire de la franchise The Legend of Zelda. Les fans des aventures de Link espéraient donc des célébrations de taille, à la hauteur des festivités pour le 35e anniversaire de Mario.
Finalement, Nintendo s’est contenté d’annoncer un Game & Watch de Zelda et une réédition du jeu préparé pour le 25e anniversaire de Zelda, Skyward Sword.
Ce n’était rien pour ravir les fans, d’autant plus que Skyward Sword est l’un des épisodes les moins appréciés de la série.
De nouveaux contrôles et une couche de peinture HD suffisent-ils à réhabiliter ce classique mal-aimé?
Comme si vous étiez Link (avec des problèmes de mobilité)
L’attrait principal de cet épisode sorti à l’origine sur Wii était de pouvoir contrôler l’épée de Link directement. Entre les mains des joueurs, la Wiimote devenait la fameuse Master Sword.
Le jeu tirait partie de cet élément avec des ennemis et des puzzles demandant un contrôle plus précis de l’épée. Par exemple, les traditionnels Deku Baba, les plantes carnivores d’Hyrule, ouvraient leurs gueules soit à l’horizontale ou à la verticale, et il fallait tailler dans le bon sens pour éliminer les viles créatures.
Le problème, c’est que la Switch n’est pas la Wii. Beaucoup, comme moi, jouent presque exclusivement en mode portable. Et à moins que ça vous tente de vous faire aller les bras dans tous les sens dans l’autobus, il fallait trouver une autre solution.
On a donc offert la possibilité de contrôler le jeu avec les boutons, ce qui ne vient pas sans son lot d’inconvénients. C’est surtout de cette façon que j’ai complété le jeu, et c’est évident que le jeu n’avait pas été conçu avec ces contrôles plus traditionnels en tête.
On contrôle l’épée avec le joystick droit, ce qui permet de reproduire les mouvements à 360 degrés permis avec la Wiimote. Le problème, c’est que pour tourner la caméra, il ne suffit plus de tourner le joystick droit; il faut maintenant le faire en maintenant le bouton L enfoncé puis en tournant le joystick droit.
Il devient alors impossible d’attaquer en tournant la caméra, ce qui donne l’impression de retourner aux contrôles tank de Resident Evil. C’est aussi très lent, ce qui s’est avéré fâcheux dans quelques pièces remplies d’ennemis vers la fin du jeu. Heureusement, Skyward Sword n’est pas très difficile.
Plus souvent qu’autrement j’ai fini par utiliser ZL, le bouton qui ramène la caméra directement derrière Link. L’ennui, cette fois-ci, c’est que le bouton sert aussi à verrouiller la caméra sur un ennemi. À plusieurs reprises, alors que j’étais encerclé par les forces adverses, j’ai voulu me retourner rapidement, mais j’ai plutôt verrouillé la caméra sur l’ennemi le plus près, me laissant à découvert.
Puisque les gâchettes sont toutes utilisées, le bouclier est alors confiné au joystick gauche. Oui, il faut appuyer sur le joystick.
Ça se fait, mais c’est loin d’être naturel, ce qui m’a aussi valu quelques cœurs perdus.
Qu’on se comprenne bien : c’est jouable. Il est tout à fait possible de compléter le jeu avec ces contrôles, sans trop de difficultés. Mais on garde l’impression de se battre avec les contrôles.
Et même vers la fin de mon aventure, quand j’étais plus familier avec les contrôles atypiques de cet épisode, j’avais quand même l’impression de ne pas profiter pleinement de l’aventure. Il y a quelque chose de satisfisant à tailler le bouclier d’un ennemi en rubans grâce à nos coups d’épée. Mais en contrôlant avec le joystick, on perd un peu de cette satisfcation.
Les joycons, pas des Wiimotes
Je vais être franc, je ne peux pas comparer avec l’original sur Wii, puisque j’y ai joué un total de 10 minutes en 2011.
Mais les motion controls sur Switch ne fonctionnent pas très bien.
Oui, c’est possible de jouer. Vous pourrez terminer l’aventure en secouant vos joycons sans (trop de) problèmes. Mais ça demeure imprécis, ce qui est vite devenu frustrant.
Comme la Switch ne possède pas de barre lumineuse comme le senseur de la Wii, elle se repose donc sur les gyroscopes. Je simplifie pour ceux qui ne sont pas des maniaques de techno (ce que je ne suis pas non plus, pour être parfaitement honnête) : la Wii pouvait détecter où votre manette pointait. La Switch ne fait que calculer de combien de degrés votre manette a bougé depuis sa position originale.
Qu’est-ce qui arrive alors, si vous changez de position sur votre sofa ou si votre bras bouge tout simplement? Il faut CONSTAMMENT réinitialiser la position de départ. C’est simple : il suffit de faire pause et d’appuyer sur « Y ». Mais c’est agaçant.
Je m’en rendais souvent compte en essayant d’attraper des insectes avec mon filet; ce dernier se retrouvait dans des positions improbables, et il me fallait faire des contorsions de poignet dignes du Cirque du soleil pour arriver à attraper les bestioles.
C’est pourquoi je suis vite retourné aux contrôles avec les boutons; c’était moins frustrant.
Un manque de personnalité
Je ne suis pas nécessairement un fan fini de la franchise The Legend of Zelda, mais je dois admettre que ces jeux ont habituellement une personnalité, un petit côté presque magique bien à eux.
Je me rappelle encore de Castle Town dans Ocarina of Time qui semblait pleine de vie, concept poussé encore plus loin dans la suite, Majora’s Mask, où la ville de Clock Town était littéralement remplie de personnages avec leur propre vie.
C’est aussi ce qui faisait le charme de Wind Waker; quand on aboutissait sur une île, on se savait jamais ce qu’on allait découvrir. Une nouvelle ville? Un trésor? Un personnage unique?
Le monde de Skyward Sword manque de vie. Il n’y a qu’une seule véritable ville, Skyloft, flottante dans le ciel où l’aventure commence.
Or, elle est un peu vide. À part une quête secondaire qui nous demande de trouver un enfant perdu, je n’y ai pas vu grand chose qui n’avait pas qu’une fonction purement utilitaire : un magasin pour acheter des potions et améliorer nos équipements, l’académie où certains personnages habitent et… c’est pas mal ça. Rien de bien excitant.
Le reste du jeu se déroule à la surface du monde, où le même manège se répète : trouvez une poignée d’éléments éparpillés, débloquez l’accès au donjon, complétez le donjon, répétez.
Le seul élément qui brille vraiment, selon moi, c’est Groose. Celui qui agit au début comme un bully qui pourrit la vie de Link et qui tente de lui ravir la belle Zelda vit au cours de l’aventure plusieurs événements qui l’amènent à reconsidérer sa place dans le monde et le rôle qu’il veut jouer.
C’est honnêtement une histoire très attachante, mais le pauvre Groose tient le poids de la toute la personnalité de Skyward Sword sur ses épaules.
Une formule éprouvée
Je suis très négatif depuis le début de cette critique, mais vous serez peut-être surpris de voir que la note que j’ai attribué au jeu (bravo d’ailleurs de lire l’article sans directement sauter à la note!) n’est pas si basse.
C’est que Skyward Sword repose quand même sur une base solide. Les jeux The Legend of Zelda nous ont habitué à un niveau de qualité qui reste présent : les boss sont amusants, les puzzles sont intéressants sans être trop difficiles, les donjons sont satisfaisants à compléter.
C’est une formule qui commençait toutefois à vieillir en 2011, ce qui explique le virage abrupt pris par Breath of the Wild 5 ans plus tard.
Je fais partie de ces gens qui aiment les jeux linéaires, et j’ai quand même apprécié la formule de Skyward Sword. Le problème, c’est que l’élément qui différencie cet épisode des autres, ce n’est ni l’histoire, ni les personnages, ni un nouveau système de progression original.
L’élément différenciateur, c’est les contrôles. Et ils fonctionnent mal.
Pour une poignée de rubis
Quand le prix de The Legend of Zelda: Skyward Sword a été dévoilé (80 $), les joueurs ont grincé des dents, non pas sans raison. L’année dernière, Super Mario 3D All-Stars nous a offert 3 jeux pour ce prix, et beaucoup estimaient déjà que c’était corsé pour des jeux sortis il y a plus de 10 ans.
Je ne peux que me ranger du côté des critiques. Skyward Sword est une expérience intéressante, mais très imparfaite. On lui reprocherait ses défauts si le jeu se situait dans les environs de 30 $, mais payer plein prix pour un jeu vieux d’une décennie, avec des mises à jours mineures (seule la résolution a été augmentée, on est loin d’un remake à la Crash N.Sane Trilogy, par exemple), c’est exagéré.
Attendez une vente (si une telle chose existe chez Nintendo), où mieux encore, jouez à un autre Zelda qui a plus à offrir.
Verdict
Les plus
- De bons puzzles
- Groose
Les moins
- Coûteux
- Des contrôles frustrants
- Un manque de personnalité