Il faut dire qu’on revient de loin, mais il aura fallu attendre plus de quatre ans avant qu’Eidos Montréal ne ponde finalement sa suite : Deus Ex Mankind Divided. Voilà un jeu qui va encore une fois aborder des thèmes d’actualité, comme celui de la xénophobie, notamment en lien avec l’animosité des humains face aux augmentés.
Ce jeu est disponible sur Xbox One, PlayStation 4 et via Steam sur PC!
La haine du pouvoir
L’action commence quelques temps après les événements qui ont été relatés dans Human Revolution, avec les humains qui ont une haine viscérale pour les augmentés. Une situation qui profite allègrement à certaines sociétés, leur permettant d’asseoir leur suprématie, tandis que le climat de violence ne fait que s’amplifier. C’est après une première mission qui sert de tutoriel déguisé que l’on plonge vraiment l’ambiance pesante et dangereuse de Mankind Divided. Avant d’être lancé dans le scénario principal, suite à un attentat qui va servir de prétexte à une très longue enquête, on découvre la ville de Prague et l’oppression que subissent les augmentés.
Ce qui saute aux yeux dès qu’on met les pieds dans la ville, c’est qu’un gros travail a été fait pour rendre l’ensemble cohérent. Malgré la technologie omniprésente, les éléments architecturaux sont toujours mis en évidence. Bien que le premier épisode ait déjà permis de mettre en place un univers graphique percutant, le rendu atteint ici un nouveau sommet qui arrive parfois à nous en mettre plein la vue. Même si l’on a déjà vu des jeux bien plus beaux, le travail effectué sur les effets de lumière met vraiment en valeur la superbe direction artistique de Mankind Divided.

Fais ton propre chemin
Point moins impressionnant : le gameplay du jeu, qui reprend en gros ce qui avait déjà été instauré par Human Revolution. Pourquoi pas, après tout, puisque dans l’ensemble, cela fonctionnait assez bien. Encore une fois, on donne au joueur la liberté de choisir la direction qu’il veut prendre, et cela dès le début du jeu, en nous donnant le choix entre une arme létale ou non . Cette décision ne sera pas unidirectionnelle, car il sera possible à tout moment d’adapter notre manière de jouer selon la situation. Il est à noter que ceux qui décideront de jouer la carte de l’infiltration et des armes non-létales, n’auront pas un grand choix en terme d’équipement. Il faudra passer à côté de la grande majorité des armes ainsi que des modifications qu’on peut leur apporter.
Là où le jeu arrive vraiment à se démarquer de son prédécesseur, c’est dans la liberté qu’on nous laisse dans la réalisation de nos objectifs. Chaque situation peut se résoudre de plusieurs manières, en fonction de nos envies, des chemins alternatifs qu’on aura trouvé pour accéder à un endroit ou encore, des capacités qu’on aura débloqué ou non dans notre arbre de compétence. Par exemple, en ayant développé le piratage, on ira plutôt contourner les ennemis en utilisant des chemins dérobés, tandis qu’un joueur ayant affiné l’utilisation de ses armes avancera en envoyant quelques balles dans la tête de ses adversaires. Il ne s’agit là que d’une grossière description des possibilités, puisque les missions peuvent avoir des approches très différentes, en plus d’être parfois très subtiles et de nécessiter d’explorer un peu son environnement.
Un gros travail d’écriture à été réalisé sur les quêtes secondaires, au point qu’elles sont presque plus intéressantes que l’aventure principale. Cela s’explique facilement par le fait que la trame de fond est plus ou moins fixe et propose peu d’embranchements secondaires, tandis que les objectifs annexes peuvent être parcourus de plusieurs façons différentes, en plus de pouvoir débloquer d’autres quêtes par la suite en fonction de nos choix. Par exemple, épargner la vie d’un personnage peut le faire revenir à un autre moment dans la partie, avec une autre quête à nous proposer. Il est ainsi très facile de délaisser complètement la campagne, pour une mission secondaire qui semble d’apparence très simple mais qui se révèle rapidement très prenante, au point qu’on peut s’y engouffrer pendant plusieurs heures sans même s’en rendre compte.

L’immersion avant tout
Là où il ne faut par contre pas s’attendre à de grandes nouveautés, c’est sur le plan du contenu, en tous cas en ce qui concerne les armes et les améliorations d’Adam Jensen. La personnalisation des armes est légèrement plus poussée que dans l’opus précédent, avec le choix d’activer ou non les mods, en allant jusqu’à choisir le type de munition, mais les nouveaux ajouts sont tout de même très limités. De plus, il faut cette fois faire un choix sur les augmentations qu’on souhaite activer, dans la mesure où l’activation de certaines d’entre elles pourraient bloquer l’accès à d’autres compétences.
Il y a en effet un système de surchauffe qu’il faut prendre en considération, qui permet de restreindre l’utilisation abusive de certaines capacités. Malgré tout, l’arbre de talents reste très similaire à ce qu’on avait déjà dans Human Revolution. Malheureusement, certaines augmentations sont toujours utilisées de façon excessive, notamment celle qui permet de devenir totalement invisible , qui s’avère même trop efficace, peu importe le niveau de difficulté choisi.
Comme toujours, les niveaux regorgent d’objets en tout genre qu’on peut ramasser et stocker dans notre inventaire. Celui-ci n’a d’ailleurs pas changé et est toujours compartimenté, avec une gestion automatique. Toutefois, si le cœur vous en dit, il est toujours possible de tenter d’optimiser par vous-même l’emplacement de chaque objet. Il n’est plus possible de manger tout et n’importe quoi pour regagner de l’énergie et il faut se contenter des biocells, tandis que les ressources qu’on ramasse un peu partout sont utilisables dans l’artisanat. Ce système n’est pas très poussé , servant d’aide pour compléter notre arsenal en nous donnant l’opportunité de créer à la volée des soins, des munitions et autres petits outils.

Solide, mais sans plus.
Deus Ex : Mankind Divided reste très similaire à Human Revolution, malgré un gameplay largement fignolé. Il faut également faire mention des boss, qui, même s’ils manquent parfois de charisme, peuvent être balayés en utilisant plusieurs approches. Malheureusement, cette grande diversité a aussi ses lacunes, car il est toujours possible d’user de feintes contre l’IA, qui n’en fait parfois qu’à sa tête. On voit tout de même qu’un effort a été fait pour rendre leurs réactions moins prévisibles et surtout, moins binaires, malgré les quelques fois où nous avons fait face à quelques égarements qui ont quelque peu plombé notre expérience.
Un reproche qui pourra également être établi envers l’histoire principale qui n’atteint jamais l’apothéose à laquelle on pouvait s’attendre. Même si la narration reste très complexe et bien ficelée, le dénouement de fin est légèrement décevant et nous laisse sur notre faim, en plus de clairement laissé la place pour une suite. Un mal pour un bien et qui est rattrapé par l’écriture du jeu sur laquelle plane presque un sans fautes. On va régulièrement s’engager dans des dialogues qui laissent entrevoir les sentiments des personnages, même si comme souvent la synchronisation labiale n’est pas toujours au rendez-vous. Si vous le pouvez, on vous conseil d’ailleurs de laisser tomber la version française qui est en dessous de la VO, en plus de souffrir d’un mixage très particulier avec des voix dont le volume est très inégal d’un personnage à l’autre.
La cerise sur le gâteau, si la vingtaine d’heures de l’aventure et son New Game+ ne vous suffisent pas, sera de vous adonner au mode Breach. Petit bonus en parallèle du mode principal, il est possible ici d’effectuer des petites missions, parfois très courtes, dans lesquelles il faut remplir divers objectifs en utilisant l’équipement mis à notre disposition. Si l’on vous énumère au même moment les VR mission de Metal Gears Solid et bien vous aurez vite fait le rapprochement. Rien de grandiose, mais le fait d’avoir des classements en ligne et de pouvoir voir les performances des autres joueurs, nous permet tout de même de donner un peu de consistance à ce mode. Il ne fait pas de doutes que les joueurs ayant envie d’approfondir leur expérience dans Deus Ex : Mankind Divided y passeront pas mal de temps.
Sans atteindre la perfection, Deus Ex : Mankind Divided essaie tout de même de s’en rapprocher en s’appropriant les bases établies par son aîné, tout en améliorant le plus possible ce qui pouvait l’être. Un dernier coup de pinceau n’aurait pas été superflu pour gommer les quelques imperfections restantes, notamment sur l’IA, mais il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une franche réussite. On craint parfois que les développeurs essaient de trop en faire quand il s’agit de produire une suite, mais force est de constater qu’Eidos Montréal a su trouver le juste milieu. Ils ont affiné la recette de Deus Ex : Human Revolution, mais en y apportant aussi une plus-value en laissant une plus grande liberté à l’utilisateur. C’est véritablement le joueur qui peut façonner son expérience selon ses envies et ainsi créer son propre chemin à travers le jeu.
Ce jeu est disponible sur Xbox One, PlayStation 4 et via Steam sur PC!
