« Voyant l’ennemi terrassé, les cauchemars qu’il vous faisait vivre enfin finis, elle pose un petit et tendre baiser sur ta joue. Rouge, elle n’ose dire un mot, mais ses yeux, eux, veulent tout dire. Que fais-tu? »
Votre MJ (Maître du jeu) vous a-t-il déjà donné ce genre de scène? Oui? C’est bien. Non? Mais quelle honte! Je blague, il n’y a pas de honte à ne pas avoir eu de telles interactions. Certaines personnes n’aiment pas la romance dans leur campagne. Mais avant de dire que vous n’aimez pas ça, avez-vous déjà essayé?
Bon, je sais déjà que certaines personnes vont me dire : «C’est normal que tu aimes ça la romance, Mel. Les filles veulent toujours une histoire de princesse et de chevalier! » Chut, chut, je vous arrête tout de suite. Premièrement, il n’y a pas que les filles qui aiment les scènes d’amour, les messieurs aussi aiment avoir des dames à charmer. Deuxièmement, la princesse et le chevalier, c’est trop classique comme histoire. Je préfère le néphilim aux allures démoniaques qui cherche à protéger sa douce ange des mains du prince des enfers, Lucifer lui-même. Le plus que c’est épique, le plus que j’aime!
La romance dans les jeux sur table donne une toute autre dynamique et, comme je suis une éternelle romantique (c’est mon côté quétaine, bon) notre jasette va porter sur ça.
Une histoire amoureuse, romantique, voire même simplement sexuelle, est quelque chose recherchée et appréciée par le grand public. Il n’y aurait pas autant de films, de livres, de chansons, et autres sur le sujet si ça ne touchait que la moitié de la population. Certes, quelques personnes, peu importe leur genre, peuvent ne pas apprécier ce style et vont plutôt aimer autres choses, alors offrez-leur quelque chose de différent. Je peux affirmer, grâce à mon expérience, que la plupart des gens aiment savoir que leur personnage est courtisé et ils aimeraient, eux aussi, chasser un ou plusieurs partenaires.
Je suis une fervente défenseure du roleplay. Un combat c’est plaisant, mais pour moi, rien n’est plus agréable qu’une bonne passe de discussions entre deux ou plusieurs personnages. Un intérêt romantique est la meilleure excuse pour du bon vieu Roleplay. Imaginez, vous jouez un loup-garou (sous forme humaine, on n’entrera pas dans la bestialité) et vous savez que c’est le printemps. Vos instincts sont amplifiés à cause de vos hormones qui sont dans le tapis, vous êtes aussi follement amoureux de la belle vampire qui vous rend quelquefois visite. Lors de sa visite, un autre loup-garou s’essaie sur elle. Étant la femme qui attise autant votre corps que votre coeur, vous allez pousser ce rival hors de votre chemin. C’est un scénario simple, mais qui peut rapidement virer en combat ou en événement cocasse. Deux alphas qui s’engueulent et la belle qui, suite au conflit, va vous panser, cela peut offrir un sentiment d’accomplissement au joueur même s’il échoue le combat.
Passer sur une horde de gobelins, tuer des démons, terrasser le dieu de la malice, en voilà des choses « simples » à faire pour vos héros. Ils arrivent sur le champ de bataille, roulent leurs capacités et détruisent les ennemis avec courage. Mais, que feront-ils face à la séduisante courtisane aux courbes divines ou encore le mystérieux voleur au visage digne de Jason Momoa ? (je ne suis pas une groupie de ce monsieur du tout…*toussotements*… passons. ) Vos joueurs ne peuvent pas simplement sortir leur épée et pourfendre leurs adversaires comme ils le feraient sur un champs de bataille. Leurs antagonistes, dans ce genre de situation, sont non-violents et ne cherchent qu’à discuter. Une réponse faite par la force de frappe serait mal vue et ne suivrait pas la « moralité classique » (je mets ces mots entre guillemets, car si il y a bien quelque chose de variable, c’est la moralité). Cela force le joueur n’ayant pas l’habitude de ce genre de situation à sortir de sa zone de confort. Il doit oui ou non entrer dans la valse RP du jeu de séduction. C’est un défi à relever qui ne peut pas être réglé par la force ou la dextérité que le personnage possède. Allez, il faut sortir son RP!
Sauf si c’est un barbare Orc. Là, je peux concevoir que votre joueur répond par la voie de sa hache…Mais, juste ça, rien d’autre.
Je dirais que la clé pour un bon partenaire serait un mélange entre ce que le joueur et son personnage aiment chez quelqu’un. Par exemple, je sais qu’un de mes joueurs a tendance à aimer les personnes à caractère fort. Je sais aussi que le personnage aime les personnes courageuses et fières, donc un fier guerrier qui ne se laisse rien imposer par personne est de mise. Cependant, j’aime donner des petites faiblesses à ces PNJs. C’est un grand guerrier, mais il a de la misère à parler avec les personnes qu’il trouve attirantes. En donnant des forces, mais aussi des faiblesses aux PNJs, ça leur donne un côté plus humain, même si c’est une créature, ça les rend accessibles. (Lien connexe : allez voir la section « Les PNJs sont des personnes normales, eux aussi » dans la chronique « Trucs et Astuces pour MJ : Partie 1 ». Je fais intéragir de manières différentes ce PNJ avec le joueur pour que ce dernier ne perd pas intérêt. Ainsi, si le joueur incarne un assassin charismatique, je lui donne une belle rivale d’une guilde opposée. Il joue un guerrier fort et rustre, je lui offre un mage très séduisant et sophistiqué. Il joue une nécromancienne aux idées noires, je lui offre une prêtresse qui glorifie le bonheur. Il joue une archère à la visée magistrale, je lui offre un barde à la verve exceptionnelle (les jeux sur tables peuvent aussi être LGBT, après tout).
Imaginez votre MJ : un homme dans la vingtaine, mesurant plus de six pieds, avec une grosse barbe au visage. Bref, il a l’air d’un barbare viking. Il vous fait entrer, vous les joueurs, dans une taverne classique où il joue le tavernier qui a l’air tout aussi d’un tueur que le MJ lui-même. Jusqu’à là, tout va bien. Cependant, vient la serveuse ; il la décrit comme une très jolie dame avec beaucoup de personnalité (avec une généreuse poitrine). Là, vous voyez votre MJ, qui ressemble à un jarl (duc viking) prêt pour la guerre, ajuster sa poitrine inexistante, prendre une petite voix aiguë de pimbêche et commencer à jouer la serveuse qui essaye de séduire l’un d’entre vous. C’est ce qui m’est arrivé et je peux vous dire que ça suit encore aujourd’hui mon MJ. Ce fut simplement hilarant et ça offre des moments tellement drôles avec vos amis qui resteront mémorables!
La romance, mes amis, n’est pas juste un truc de fillette. Essayez-le dans vos prochaines campagnes, c’est du RP bonus d’ajouter cette touche à vos scénarios. Si jamais vos joueurs n’aiment pas l’idée, ils vous le diront. Dans une de mes campagnes, j’ai un de mes sept joueurs qui n’aime pas ce type de roleplay. Un sur sept, c’est une bonne moyenne. Ironiquement, c’est mon copain.
J’ai un petit conseil bonus à vous donner, cependant : si vous ouvrez cette porte, faites des parties avec quelques joueurs, un à quatre maximum. Ce RP prend beaucoup de temps et tous les joueurs doivent avoir leur bonbon romantique à part égale ou ils vous le diront! Les séances romantiques privées entre chaque personnage et leur partenaire vont gruger du temps de jeu de façon considérable et les autres joueurs, qui eux ne sont pas dans la scène, vont s’ennuyer. Faire ces moments en quatrième vitesse ne les rends pas magiques. Il faut prendre le temps de bien décrire et présenter ces scènes. Sur une campagne avec beaucoup de joueurs, ce temps n’est pas là. Il est possible de le faire, sachez-le, mais la gestion de votre temps sera la clé de votre succès ou échec.
Petit bonus, je vous montre un dessin de la si belle serveuse (mon MJ va la trouver drôle, car je sais qu’il va lire ce texte. Moi aussi je t’aime cher MJ !) :