Parlons de la Montée de Lait de Fred Savard

 

Bonjour Monsieur Fred Savard,

Je me doute que vous n’aurez probablement pas le temps de lire cette publication (voire même vous ne le remarquerez pas parmi la pluie de notifications que vous devez recevoir, mais j’ose espérer que mon commentaire sur la vidéo ci-dessous se rendra jusqu’à vous).

[AJOUT : Vous trouverez plus bas dans l’article une réponse de Monsieur Fred Savard.]

[AJOUT 2 : Monsieur Fred Savard a fait mention de cet échange à son émission La soirée est (encore) jeune –ici, à la 13e minute-.]

Avant tout, j’aimerais spécifier que, de façon générale, j’apprécie vos interventions pince-sans-rire tant à La soirée est (encore) jeune qu’à vos autres chroniques sur les ondes de Radio-Canada (j’appréciais aussi votre humour quand vous étiez dans Les Zapartistes donc notre relation remonte à quand même plusieurs années). En fait, ne voyez pas en moi un adversaire qui cherche à vous contredire, mais plutôt un ami qui aimerait juste vous aider à réajuster le tir. Laissez-moi simplement m’expliquer…

Plusieurs de mes amis facebook, investis dans la communauté professionnelle et/ou amateure des jeux vidéo, ont partagé votre Montée de Lait, tirée de l’émission Format familial diffusée sur les ondes de Télé-Québec. Dans celle-ci vous dites et je cite « [être] tanné que les parents dénigrent les jeux vidéo ». Vos sortez une série d’arguments pour soutenir votre propos et je ne vous cacherai pas qu’étant moi-même amateur de jeux vidéo depuis mon plus jeune âge, je suis pas mal d’accord avec le message que vous portez. Certes, l’enrobage est un peu simpliste, mais c’est tout à fait pardonné car cela fait partie du style chialage propre à une montée de lait.

Pour y aller comme vous le faites, je dirais « Moi là, y’a un discours qui commence à me taper sur les nerfs; c’est les gens qui disent que les jeux de société c’est poche ».

Évidemment, je suis tout à fait d’accord que le Monopoly, Mille Bornes et Risk sont des jeux complètement dépassés. Pourtant, et c’est ici que j’aimerais ajouter mon astérisque, les jeux de société d’aujourd’hui ce ne sont plus les dinosaures dont vous parlez.

Le jeu de société moderne n’a plus grand chose à voir avec ces antiquités. C’est comme si, pour parler de musique (comme vous le faites lors des Vendredisques de On dira ce qu’on voudra), je vous disais « Hey, la musique québécoise c’est vraiment mauvais… Tsé ce sont Les Baronets et Les Classels ». Vous me répondriez sûrement « oui, je suis d’accord, mais depuis on fait mieux ! ».

Et en jeu de société, aujourd’hui on fait beaucoup mieux ! Des jeux qui se jouent plus rapidement, qui sont immersifs, qui retirent le hasard au profit de la stratégie, qui font réfléchir, qui font rire, qui impliquent les joueurs dans le jeu, qui permettent de prendre de décisions plus rationnelles, qui promeuvent l’entraide entre les joueurs… et surtout (surtout!), excusez-moi ici de vous contredire, qui permettent de socialiser.

À cela, je tiens particulièrement; les jeux de société sont parmi les meilleurs outils de socialisation qui existent. Pour exister, le jeu de société implique une interaction; à la différence de la majorité des autres produits culturels comme les films, la télévision (ou même la radio) où le spectateur est passif, un jeu ne pourra être sans l’intervention active de son pratiquant. Et dès qu’il y a deux personnes ou plus qui interagissent, on peut, à mon humble avis, commencer à parler de socialisation.

En somme, je ne sais pas si vous êtes familier avec les jeux de société modernes et que vous les avez sciemment occultés pour le bien de votre montée de lait. Mais, je dois avouer que votre commentaire me laisse à penser que vous n’êtes pas au courant de toute la richesse et la diversité d’expériences que proposent les jeux de société modernes. Si c’est le cas, je vous invite à aller faire un tour dans la boutique de jeux de société la plus proche de chez vous pour vous faire une idée et, si jamais vous avez besoin de conseils, n’hésitez pas à me faire signe et je vous inviterai avec plaisir sur ma table de jeu.

Vous verrez, autant vous que votre fils Ludovic allez avoir beaucoup de fun et je vous garantis qu’on va socialiser.

Ensuite, on se fera une petite game de jeux vidéo. 😉

D’ici-là, jouez bien !
-Sylvain A. Trottier
Le Ludologue