Pour être franc avec vous, j’y croyais. Après avoir visionné la première bande-annonce, je me disais qu’on allait enfin avoir droit au premier RPG Paper Mario depuis la version Gamecube.
On pouvait pardonner à Super Paper Mario sur Wii d’avoir essayé quelque chose de nouveau, en remplaçant les combats par du platforming. On pouvait excuser Paper Mario Sticker Star d’être un spin-off de la série puisqu’il était sur une console portable. Et finalement, on se disait que Paper Mario Color Splash avait peut-être été développé rapidement et sans grand budget, vu le faible nombre de Wii U vendue.
Mais voilà que 16 ans plus tard, alors que la Switch est un succès confirmé, nous avions l’espoir que Nintendo écouterait ses fans et nous donnerait enfin le RPG qu’on réclame tant. J’ai le malheur de vous apprendre que ce n’est pas le cas, mais que The Origami King est le meilleur de ces spin-off.
Que serait un jeu Mario sans une bonne vieille visite au château pour se rendre compte que la princesse a été enlevée? Cette fois, Peach et les habitants du royaume champignon ont été transformés en origami par le vilain roi Olly. Heureusement, vous ferez équipe avec sa sœur pour détruire les banderoles de couleurs qui tiennent le château en otage.
L’utilisation de la thématique d’origami dans un Paper Mario est ingénieuse pour des raisons évidente, mais continue de l’être tout au long de l’aventure au travers les dialogues loufoques, des boss surprenants et des décors finement construit.
S’il y a une chose dont je suis certain, c’est que ce jeu a été écrit avec amour. L’humour est l’un des éléments clés de la série, et je dois avouer que les blagues dans celui-ci sont souvent hilarantes. C’est ridicule, mignon, absurde, du début à la fin. Ses clins d’œil à l’univers Mario ont réussi à me décrocher un sourire des dizaines de fois, comme ce château de Peach utilisant le design de Super Mario 64! C’est peut-être du fan-service, mais j’apprécie!
Des combats? Non, des casse-têtes!
Ce qui risque de surprendre le plus les fans de la série, c’est que les combats de style RPG classique ont été remplacés par des casse-têtes.
L’arène de combat est présentée sous forme de cercles concentriques. Au début du combat, on vous indique le nombre de mouvements auquel vous avez droit. Votre but est d’effectuer une rotation de l’un des quatre cercles, ou de déplacer l’un des 12 quartiers vers l’avant ou l’arrière, de sorte à aligner les ennemis pour les éliminer d’un coup.
Alignez une rangée de quatre ennemis l’un derrière l’autre et vous pourrez utiliser l’attaque «saut» pour les éliminer. Regroupez quatre ennemis dans une formation «2 de larges 2 de profonds» pour utiliser le marteau.
L’élément clé ici, c’est qu’il est possible de gagner la plupart des combats dès le premier tour en trouvant l’alignement le plus optimal. En gros, si vous réussissez le casse-tête, vous gagnez.
Le problème avec ce système, c’est qu’on finit par reconnaître certaines dispositions, donc dès la première seconde du combat, on voit la solution. Les combats deviennent alors une corvée plus souvent qu’autrement.
Si c’était un jeu de rôle standard, on pourrait tolérer des combats répétitifs pour l’amour du «grind», mais Paper Mario : The Origami King ne contient aucun système de point d’expérience!
Les combats vous font gagner de l’argent qui vous permet d’acheter des accessoires et des armes plus fortes, mais tout ceci n’est qu’une illusion. Les accessoires vous donnent plus de temps pour résoudre le casse-tête, ou encore quelques points de vies supplémentaires, mais rien qui soit réellement indispensable. Quant aux armes, on se rend compte qu’elles finissent par être obligatoires pour progresser. Si votre marteau de base fait 15 points de dégâts, une fois au troisième monde, les ennemis ont entre 20 et 30 points de vies… Vous devez alors acheter un «Shiny hammer» si vous souhaitez encore terminer les combats d’un seul coup. Est-je mentionné que les armes finissent par se détruire?
Du coup, perdre des points de vies dans un combat ressemble plutôt à une punition pour ne pas avoir compris le casse-tête. Mais puisqu’il est si facile de récupérer de la vie, on peut simplement s’armer d’un peu de patience et gagner en quelques tours en utilisant les armes de base.
Donc peu de défi, beaucoup de répétition, et pas énormément de raison d’engager le combat avec les ennemis que l’on croise.
Ce Paper Mario n’est pas un RPG!
À part les combats, dans Paper Mario : The Origami King, on fait trois choses :
On explore, à la recherche du prochain élément qui fera avancer l’histoire. Il s’agit parfois simplement de continuer à travers un chemin linéaire, mais bien souvent, on doit trouver un objet qui bloque notre progression. Certains moments m’ont fait rager puisqu’on voyait clairement que le but était d’allonger le temps de jeu en ajoutant des obstacles. Faire mile aller-retour dans une section open world pour ouvrir un temple, c’est juste pénible.
On cherche les Toads cachés un peu partout dans chacun des niveaux. Certains ont été transformés en créatures d’origamis, d’autres sont dans des meubles, sous des roches, bref, partout. Certains Toad sont obligatoires pour faire avancer l’histoire, mais en général, c’est une activité optionnelle.
On bouche des trous, en lançant des confettis. Rassurez-vous, cette mécanique est 100 fois moins pénible que dans Color Splash, où vous deviez SANS CESSE frapper sur des objets avec votre marteau pour les colorer. Ici, on appuie quelques fois sur une gâchette et c’est réglé. Je ne dirais pas que cette mécanique est particulièrement amusante ou nécessaire, mais au moins elle n’est pas irritante.
Paper Mario : The Origami King est donc un collectathon, un jeu de casse-tête et d’exploration, et non un RPG. Mais est-ce un mauvais jeu? Pas du tout. J’ai quand même eu du plaisir malgré quelques choix de design étrange. Par contre, ceux qui l’achèteront en pensant avoir un RPG dans les mains seront furieux!
Êtes-vous le public cible?
Paper Mario est fidèle à la tradition Nintendo, celle créer des jeux qui passent à un poil d’être incontournable, mais qui manque un degré de profondeur supplémentaire pour réellement nous accrocher. Pourtant, tout y est : une présentation magnifique, des dialogues franchement rigolos, une durée respectable et des personnages attachants.
C’est vraiment le vide entre les combats qui alourdit l’expérience. On se promène dans un décor, on bouche les trous avec des confettis, puis on trouve les toads caché, pendant des dizaines d’heures. 15 ans après l’introduction du système de succès (achievements) sur Xbox 360, j’avoue avoir de la difficulté à trouver la motivation à passer au peigne fin le décor en entier pour voir un «100 %» apparaître dans l’un des menus.
Peut-être que j’oublie, comme nous tous, que le public cible de Nintendo sont les enfants. Ou peut-être qu’à l’inverse, eux ne se rendent pas compte que beaucoup de leurs fans sont ceux qui sont assez vieux pour avoir grandi avec la NES ou SNES et qui souhaiteraient des jeux avec plus de consistances.
Quoi qu’il en soit, un joueur averti saura apprécier Paper Mario : The Origami King à sa juste valeur. Soit une aventure de Mario bien rigolote, pas trop complexe, qui se prend bien à petite dose.
Verdict
Les plus
- Un bon sens de l’humour
- Décors magnifiques
- Léger, idéal si vous voulez un jeu mollo
Les moins
- Il n’est pas le RPG dont vous rêviez
- Répétitifs, autant dans les combats que l’exploration
- On sent que certaines sections ont été artificiellement étirées