Critique – Azul

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Âge : 8+
Joueurs : 2 à 4
Durée : 30-45 minutes
Auteur : Michael Kiesling
Illustrateur : Chris Quilliams
Éditeur : Next Move Games
Distributeur au Québec : Asmodee CA
Année : 2017

Les jeux abstraits sont ces inventions sans thème véritable, avec des règles simples mais d’une efficacité chirurgicale. (On songera tout de suite aux vénérables échecs, mais aussi aux classiques modernes comme Abalone, la série GIPF, ou encore l’incontournable Blokus.) Or, ces créatures trouvent généralement peu de preneurs, se faisant couper l’herbe sous le pied par le dernier jeu d’action inspiré d’une franchise à succès, ou alors perdant la bataille devant le plus récent heavy Euro qui croule sous les règles et sous assez de carton pour reconstituer une forêt en entier.
Dans cette jungle impitoyable, quelques jeux abstraits parviennent malgré tout à se tailler une place envieuse ; c’est le cas du tout premier rejeton de Next Move Games, le magnifique Azul.

Tout en beauté

Dès le premier coup d’œil, c’est la séduction assurée. Dans Azul, l’élément central est un assortiment de superbes tuiles à la manière des faïences portugaises, déclinées en cinq motifs différents. Entre cinq et neuf socles (selon le nombre de joueurs) sont disposés au centre de la table, puis chaque socle reçoit quatre tuiles piochées au hasard. Enfin, chacun des joueurs installe devant lui son plateau de jeu personnel. Puis la partie est lancée.

Simple comme bonjour

Les règles d’Azul, en français et en anglais dans la même boîte, tiennent sur quelques courtes pages jalonnées de nombreux exemples. À l’oral, la chose s’explique dans l’espace d’un soupir.

À son tour, un joueur doit prendre toutes les tuiles d’une même couleur sur l’un des socles, puis pousser les tuiles restantes du socle vers le centre de la table. (Un joueur pourrait plutôt décider de s’emparer de toutes les tuiles d’une même couleur au centre de la table.) Le joueur place ensuite les tuiles ainsi choisies sur une seule rangée de son plateau personnel ; s’il y a plus de tuiles que ne peut en contenir ladite rangée, les tuiles excédentaires sont converties en pénalités. Une fois tous les socles (et le centre de la table !) vides, chaque joueur déplace les tuiles recueillies vers la mosaïque qu’il tente de compléter. À la manière d’un sudoku, un même motif ne peut apparaître qu’une seule fois dans chaque rangée et chaque colonne. Puis on marque les points selon de simples règles d’agencement.

Dès qu’un joueur complète une rangée de sa mosaïque, la partie s’arrête, on distribue quelques points bonis, et celui qui a accumulé le plus de points remporte la partie.

Agréable surprise

Habitué aux jeux plus vastes de Michael Kiesling, j’ai été très surpris à la fois de découvrir Azul, mais aussi de l’apprécier autant. À la lecture des règles, le jeu me semblait trop simple, trop court, voire trop mignon… alors qu’en fait, les ingrédients y sont savamment dosés. Chacun devrait y trouver son compte, des néophytes aux gamers les plus endurcis. Certes, on ne se retrouve pas devant un jeu aux profondeurs vertigineuses ou avec une rejouabilité infinie ; mais pour un jeu qui ne dure que 30 minutes, le degré d’efficacité est étonnant.

Essayez de n’en jouer qu’une seule partie.

Avenir assuré

Azul continue d’être louangé à gauche et à droite : il s’est entre autres mérité l’As d’Or 2017 en France, et s’est retrouvé en lice pour le prestigieux jeu de l’année (Spiel des Jahres) 2018, en Allemagne. Pas surprenant, donc, que Next Move Games lui planifie déjà une descendance constituée de jeux abstraits d’envergure semblable, et tous baptisés d’un titre à quatre lettres.

Une formule simple et évocatrice.