Après les succès de The Haunting of Hill House et sa suite, The Haunting of Bly Manor, le réalisateur Mike Flanagan revient à la charge avec une nouvelle série d’horreur : Midnight Mass.
L’histoire prend place sur une petite île reculée du monde, Crockett Island, qui compte moins de 200 habitants. Une communauté tissée serrée, hermétique même. Le personnage principal, Riley Flynn (Zach Gilford), retourne dans son patelin après un séjour de quatre ans en prison. Le premier épisode met tout de suite la table pour une trame sur fond de hantise : Riley a percuté de plein fouet une jeune femme avec son véhicule et elle trépasse à quelques pas de lui alors qu’il prie, toujours sous l’effet de l’alcool.
Il ne faut pas se méprendre : Midnight Mass n’est pas une histoire de fantômes comme les séries Haunting. Toutefois, Riley est véritablement hanté par la vision de son accident et revoit sa victime tous les jours avant son sommeil. Il est intéressant pour un protagoniste de ne pas être blanc comme neige; Riley est un jeune homme qui était destiné à un avenir brillant dans la finance avant de déraper complètement.
Revenir sur Crockett Island était donc une façon pour lui de trouver un salut, de faire la paix avec lui-même. Sur l’île, il pourrait revivre, car la réalité est tout autre que celle du monde extérieur. Une prémisse qui rappelle un certain The Village de M. Night Shyamalan.
Le contexte religieux de Midnight Mass est un pilier fondamental de la série. À défaut d’une vie sur le continent, les habitants de Crockett Island s’en remettent souvent à Dieu. Athée, Riley se voit bientôt obligé d’assister à la messe du dimanche par son père, qui digère encore très mal que son fils en état d’ébriété ait tué une pauvre innocente. À contrecoeur, Riley accepte de se présenter à l’église, ce qui met en branle une succession d’événements mystérieux et horrifiques.
La communauté apprend que son prêtre est malade. Son remplaçant, Paul Hill (Hamish Linklater) marque les esprits très tôt par ses discours énergiques, son audace et même un miracle. Cependant, Riley demeure sceptique et ne mord pas, soupçonnant un quelconque subterfuge. Pendant ce temps, des phénomènes étranges se succèdent sur l’île, qui font croire à une implication du paranormal. Décidément, il y a anguille sous roche, mais quoi exactement?
La distribution de Midnight Mass est diversifiée et remarquable. J’ai beaucoup apprécié les dilemmes auxquels sont confrontés les différents personnages, les deux que je retiens le plus étant Riley et son alcoolisme ou le shérif Omar Hassan (Rahul Kohli) par rapport à la religion musulmane et la chéritenneté. En ce sens, Midnight Mass a plutôt des allures de drame saupoudré de séquences d’horreur.
C’est aussi un peu le défaut de la série à mon avis : Mike Flanagan pousse l’aspect ésotérique, mais la conclusion est prévisible pour ne pas dire décevante. On croirait que le réalisateur et scénariste ne savait pas sur quel thème consacrer la majeure partie de son travail, ce qui donne un résultat mitigé. D’un autre côté, la confusion provoquée à savoir si nous avons affaire à un « film de monstre » ou non reflète bien toutes les incertitudes vécues par les habitants de Crockett Island, qui préfèrent le confort du quotidien à la recherche de vérité et de réponses.
Un autre aspect qui m’a agacé avec Midnight Mass est son rythme saccadé avec une intrigue qui prend du temps à s’installer. C’est lent, et plusieurs scènes m’ont parues superflues. Quand on apprend ce qui est à l’origine du mal qui ronge l’île, c’est tellement cliché et farfelu que ma comparaison avec The Village n’est pas si exagérée au bout du compte.
En somme, Midnight Mass est une série qui fait réfléchir sur la place de la religion dans les communautés, sur la rédemption et comment se défaire d’une image de pariah. Le côté horreur se décline d’abord en visions troubles, puis en événements de plus en plus inquiétants qui culminent en une révélation plus ou moins choquante. En l’espace de seulement sept épisodes, Mike Flanagan a créé un univers assez bien ficelé, même si la peur est moins au rendez-vous qu’avec ses séries Haunting.
Si vous êtes à la recherche d’une série d’horreur qui n’est pas trop explicite et qui se dévore en une soirée, Midnight Mass fait très bien l’affaire. Soyez avisé toutefois qu’il y a énormément de dialogues et de monologues, et qu’au final la série verse plus dans le dramatique en comparaison à d’autres créations semblables.