Le jeu vidéo perd un génie avec le décès de Masayuki Uemura
C’est aujourd’hui que l’on a appris le décès à 78 ans survenu le lundi 6 décembre de l’une des plus grandes figures de l’ombre de l’histoire du jeu vidéo : Masayuki Uemura. Si ce nom ne vous dit rien, sachez qu’il s’agit ni plus, ni moins que du concepteur à l’origine de deux des plus grandes consoles de l’histoire du jeu vidéo, la NES et la Super Nintendo.
Entré à Nintendo en 1971 après un passage à Sharp où il a travaillé sur les cellules photovoltaïques utilisées dans les pistolets optoélectroniques de Nintendo, Uemura a rapidement gravi les échelons. Son premier projet a été le Laser Clay Shooting. Il s’agissait d’anciennes salles de bowling reconverties en zone de tir factice en utilisant la même technologie de cellules photovoltaïques mais à plus grande échelle. Malgré un départ en fanfare, la crise pétrolière de 1973 a mis un coup de frein net à cette initiative et plongé Nintendo dans le rouge.
Après avoir été sauvée en partie grâce au succès tonitruant des Game & Watch de Gunpei Yokoi, Nintendo a ensuite continué d’utiliser cette technologie de Uemura jusqu’à trouver la consécration avec le jeu d’arcade Duck Hunt en 1976 commercialisé par… SEGA! Il sera ensuite adapté sur NES en 1984.
La création de la NES
En ce qui concerne la création de la NES, la légende veut que Yamauchi ait eu l’idée « d’une machine qui nous permet de jouer à des jeux d’arcade à la maison sur notre TV » en voyant d’abord la ColecoVision de Coleco. En effet, des représentants de l’entreprise du Connecticut (dont apparemment Eric Bromley, le concepteur de la console) étaient venus rencontrer l’entreprise japonaise en quête d’un hit à inclure avec leur console. Leur dévolu s’est jeté sur Donkey Kong, le succès de Nintendo du moment. Puis, alors que Nintendo leur aurait proposé de s’associer pour concevoir une console, les représentants de Coleco leur auraient simplement ri au nez. En termes de protocole japonais, ça ressemble à une insulte.
C’est ce qui aurait causé l’étincelle de la création de la console et Uemura a été désigné comme tête pensante et architecte du projet. La console doit par ailleurs respecter trois critères :
- Elle doit utiliser des cartouches.
- Elle doit être suffisamment sophistiquée pour ne pas être copiée pendant au moins un an.
- Elle doit coûter moins de 10 000 yen.
Il arrivera à tenir parole sur deux des trois critères puisque la console, baptisée Family Computer (Famicom) au Japon sort 15 juillet 1983 au prix de 14 800 yen. Le succès est immédiat et une véritable folie s’empare du pays à une période où, rappelons-le, le jeu vidéo est considéré comme mort et enterré en Occident.
Après avoir remis le couvert avec la Super Famicom quelques années plus tard, Uemura prend finalement sa retraite de Nintendo en 2004. Il devient par la suite directeur du Center for Game Studies à la prestigieuse Ritsumeikan University.