Laissez vos stratégies de Jour de paye et vos vieux réflexes de Serpents et échelles au vestiaire : les jeux de société modernes n’ont plus grand-chose à voir avec ces ancêtres bien ancrés dans la culture nord-américaine.
Tout a commencé au milieu des années 90, alors que le jeu Catane déclenche une folie en Allemagne avant de franchir l’océan Atlantique pour venir envahir toute l’Amérique du Nord. La planète au complet découvre enfin les jeux à l’allemande (souvent appelés « Eurogames »). Ceux-ci se distinguent des vieilles boîtes usées que chaque adolescent retrouve au chalet quelques fois par années (avec une certaine résignation) sur quatre aspects bien définis : les règles, la durée, le thème, et le but du jeu.
Les règles d’un jeu de société moderne s’enseignent habituellement en 10 minutes ou moins.
Oubliez les explications maladroites de Monopoly : au bout de quelques instants, tous vos invités sauront exactement comment jouer aux Les Aventuriers du rail.
En règle générale, ça se passe en 60 minutes. Parfois moins !
Fini les parties interminables de Risk, où l’accomplissement ultime était de réussir à se faire éliminer en premier pour aller faire autre chose – n’importe quoi d’autre. (Malgré ce que peut en dire mon collègue.)
Non : en moins d’une heure, vous et vos six amis aurez terminé votre partie de 7 Wonders. Vous aurez même eu le temps de ranger tout le matériel dans sa boîte !
Les sujets plutôt drabes des jeux d’antan sont remplacés aujourd’hui par à peu près tous les thèmes imaginables. En plus de l’incontournable « marchand médiéval qui fait des points en vendant des épices et de la soie », chaque membre de votre famille prendra grand plaisir à se transformer en fermier (Bohnanza), en artificier (Hanabi), en braqueur de banque (Ca$h’n’Gun$) ou même en microbiologiste chargé de mettre fin à une épidémie mondiale (Pandémie).
Alors que Risk fonctionne selon un processus d’élimination et que Monopoly encourage tout un chacun à causer la faillite de ses adversaires, le jeu de société moderne se remporte typiquement en accumulant le plus grand nombre de points avant la fin de la partie. Personne n’est éliminé : tout le monde joue jusqu’à la fin, et c’est celui ou celle qui saura le mieux utiliser les mécanismes mis à sa disposition qui l’emportera.
C’est tout ? Bien sûr que non. Ce qui fait le piquant des jeux de société modernes (comme pour bien d’autres choses), ce sont les exceptions. Certains d’entre eux s’imposent pendant de longues heures ; d’autres requièrent un doctorat en physique quantique pour en déchiffrer les interminables pages de règles ; d’autres encore poussent l’audace jusqu’à ne proposer qu’un thème bassement économique ! D’autres, enfin, exigent l’extermination de tous les adversaires.
Bref, il y en a pour tous les goûts. Si vous avez envie de vous lancer, en plus des quelques titres donnés en exemple plus haut, je vous suggère les jeux suivants : Formula D, Codenames, Tiny Epic Galaxies, Puerto Rico, Diamant, Isle of Skye.
Amusez-vous bien !

Olivia Grondin est une journaliste indépendante spécialisé dans les jeux de société. Elle a rédigé des articles pour des magazines spécialisés, a contribué à des livres et a conçu plusieurs jeux à succès.