Depuis la sortie des jeux de rôle sur table, ceux-ci ont passé par toutes sortes de stéréotypes et de préjugés avant d’être pleinement acceptés dans notre culture tel que nous les connaissons aujourd’hui. Je dis pleinement, mais les jeux de rôle sont encore perçus comme étant difficiles apprendre et une perte de temps, ou ils sont tout simplement incompris par le grand public.
Nombreuses études se sont intéressées aux impacts d’apprentissages et aux comportements sociaux avec l’usage de jeux de rôle. En effet, le jeu de rôle est maintenant utilisé dans plusieurs écoles comme méthode d’apprentissage et même dans les organisations pour faciliter les tempêtes d’idées (en voici un exemple dans un précédent article).
Parmi ces études, nous résumons dans cet article celle de l’auteur Mikko Meriläinen, chercheur à l’Université d’Helsinki en Finlande, qui a été publiée en 2012. Celui-ci s’intéresse à l’effet et l’influence que pouvaient avoir les jeux de rôle sur le développement social et mental. Plus précisément, il désire comprendre le potentiel sociopédagogique des jeux de rôle auprès des différents types de joueurs.
Pour se faire, l’équipe du chercheur a étudié plusieurs groupes d’enfants jouant à des jeux de rôle sur table. Les types de groupes pouvaient varier en taille, âge et aussi par genre. Lors des séances de jeu, l’équipe observait les comportements et les échanges, et tentait de voir les éléments qui se répétaient de groupe en groupe.
Selon le point de vue de Meriläinen, ces jeux auraient certains éléments importants en ce qui a trait au développement positif de l’être humain, tels que l’encouragement à l’expérimentation quant à différents rôles et types de personnalité dans un groupe, le développement de l’imagination et la gestion de conflit.
L’auteur s’inspire aussi des recherches sur l’intelligence empathique, qui est un concept scientifique faisant référence à la capacité de reconnaitre, comprendre et maîtriser ses propres émotions tout en s’adaptant à ceux des autres personnes. Meriläinen émet l’hypothèse que les joueurs de jeux de rôle seraient en mesure « d’utiliser plusieurs formes d’intelligence et de sensibilité pour fonctionner efficacement auprès des autres membres d’un groupe ». Allant dans le même sens, Meriläinen soutient que les éléments narratifs de ces jeux permettent d’acquérir « l’habileté de se positionner soi-même dans un monde autre que le sien ». En plus, « les aspects narratifs aident à structurer le développement émotionnel envers soi-même et permettent une meilleure compréhension des autres ».
Meriläinen soutient aussi que le lien social qui se développe entre les membres crée un fort engagement sur le court terme, voire même sur le long terme. L’engagement est créé, en quelque sorte, par le sentiment d’enthousiasme partagé et aussi par le sentiment de soutien des autres joueurs.
Donc, les intérêts de recherche de Meriläinen nous apprennent que les jeux de rôle sont bel et bien des jeux centrés sur la narrativité, mais aussi sur les liens sociaux, les processus mentaux, les relations interpersonnelles ainsi qu’aux acquis éducationnels des participants. Les jeux de rôle promeuvent la créativité, le développement de l’intelligence empathique et, surtout, l’engagement dans un groupe et sa communauté.
Sources
Arnold, R (2004, Novembre-Décembre). Empathic intelligence : the phenomenon of intersubjective engagement. Actes de conference organise par le International Education Research Conference, Melbourne, Australie, p.23.
Arnold, R. (2005). Empathic intelligence: teaching, learning, relating. Sydney, University of New South Wales, p.238.
Bettelheim, B. (1991 [1976]). The uses of enchantment – the meaning and importance of fairy tales. Angleterre, Clays Ltd, St Ives PLC, p. 352.
Meriläinen, M., (2012). The self-perceived effects of the role-playing hobby on personal development –A survey report. International Journal of Role-Playing, No.3, p.65
Talib, M-T. (2002). Voiko tunteita opettaa? In: Kansanen, P. & Uusikylä, K., eds. Luovuutta, motivaatiota, tunteita – Opetuksen tutkimuksen uusia suuntia, IN Meriläinen, M., (2012). The self-perceived effects of the role-playing hobby on personal development–A survey report. International Journal of Role-Playing, No.3, p.65
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