Histoire de consoles #1 – La NES / Famicom

 

Bien avant la Switch et la Wii, Nintendo concevait déjà des machines de jeux pour le grand public avec succès. Retour sur celle qui a déchaîné des passions tant à sa sortie en 1983 qu’en 2016 dans sa version mini.

Aux origines de la Famicom : Nintendo

Pour bien comprendre l’histoire de la NES, appelée Famicom au Japon, il convient de revenir légèrement sur l’histoire de l’entreprise qui l’a créée : Nintendo.

Dernier constructeur historique encore en lice à l’heure actuelle, Nintendo a été fondée en 1889 par Fusajiro Yamauchi. C’est en tant que fabricant de cartes à jouer japonaises, les Hanafudas, que l’entreprise se lance.

Quelques décennies plus tard, son arrière-petit-fils, Hiroshi Yamauchi, lui succède alors qu’il n’a que 22 ans. Ce dernier prendra du temps et essuiera quelques échecs avant de se lancer dans les jeux électroniques.

Anecdote

D’ailleurs, saviez-vous que la NES n’est pas la première console de Nintendo? En effet, si c’est la première à avoir utiliser des cartouches, Nintendo en a produit d’autres par le passé. Ces consoles de première génération sont par ailleurs communément appelées consoles Pong.

Elles tirent leur surnom du succès d’Atari de novembre 1972 bien que la société californienne n’ait fait que plagier l’invention de Ralph Baer. Nommée Color TV Games, cette gamme verra naître pas moins de cinq machines entre 1977 et 1980. Mais le début des années 1980 marque un tournant important pour Nintendo.

Color TV Game 6Color TV Game 15Color TV Game Block Kuzushi

Le défi de la création d’une console 8-bit

L’entreprise connaît du succès en arcade, notamment avec Donkey Kong en 1981 puisqu’il signe l’envol du game designer le plus connu autour de la planète, Shigeru Miyamoto, même si sa participation dans la création de la NES a été minime.

En effet, s’il est un nom à retenir au sujet de la conception de la Famicom, c’est bien celui de Masayuki Uemura, ancien ingénieur de Sharp entré à Nintendo en 1971. C’est à ce dernier que le président lui-même confie la lourde tâche, au moyen d’un coup de fil  inopiné un soir d’hiver, de concevoir une console de jeu vidéo respectant trois critères :

  1. Elle doit utiliser des cartouches.
  2. Elle doit être suffisamment sophistiquée pour ne pas être copiée pendant au moins un an.
  3. Elle doit coûter moins de 10 000 yen.
Masayuki Uemura, créateur de la Famicom

Pour Uemura, c’est un vrai casse-tête. Avec son équipe de R&D 2, il retourne le problème dans tous les sens et parvient à respecter deux des trois critères, à savoir l’utilisation de cartouches et la protection contre la copie.

En effet, bien que tout ait été fait pour que le prix passe sous la barre des 10 000 yen (y compris le choix des couleurs peu orthodoxes à l’époque), la console sort le 15 juillet 1983 au prix de 14 800 yen. Les jeux disponibles au lancement sont des portages d’arcade très réussis : Donkey Kong, Donkey Kong Jr. et Popeye.

La hausse de prix par rapport au souhait du grand patron n’empêche en rien la Family Computer, de son nom japonais, de connaître un succès domestique phénoménal. Par ailleurs, pour replacer les choses dans leur contexte, le même jour, celui qui deviendra le concurrent principal de Nintendo sort également sa première console!

SEGA a effectivement mis sur le marché la SG-1000, une machine elle aussi basée sur le hardware de la ColecoVision. De plus, de l’autre côté du Pacifique, au pays de l’oncle Sam, c’est la débandade pour le jeu vidéo. Cette toute jeune industrie se casse magistralement la figure, avec Atari en semeur de zizanie.

ColecoVisionSega SG 1000Famicom

America!

L’AVS première version de la version américaine de la Famicom ne recevra aucune commande

C’est par ailleurs ce qui a donné du fil à retordre à Nintendo lorsqu’est venu le moment de penser à commercialiser la Famicom aux États-Unis.

Aucun revendeur ne voulait entendre parler de ces jeux vidéo qui leur avaient fait tant espérer et perdre tant d’argent. Après une première présentation qui a laissé tout le monde de marbre au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas en 1983, il faudra attendre l’été 1985 et un accessoire robotique pour convaincre les revendeurs de sauter le pas.

C’est en effet au CES de Chicago en 1985 que la Nintendo Entertainment System est présentée pour la première fois sous la forme que l’on connaît. Minoru Arakawa, PDG de Nintendo of America (et gendre du PDG de Nintendo Japon, Hiroshi Yamauchi), faisait la promotion de la machine sur leur stand, alpaguant les curieux qui commençaient à s’amasser.

À cette époque, la Famicom continuait de se vendre comme des petits pains et la firme avait accumulé plus de 2,5 millions d’unités vendues. S’il ne trompait personne avec sa marchandise, le président de la branche américaine a réussi à faire passer la pilule grâce à un marketing ingénieux. La console de jeu n’en était pas une et devenait un système de divertissement. Les jeux quant à eux n’étaient pas des cartouches, mais plutôt des paks de jeu.

Enfin, pour couronner le tout, la console venait accompagnée, dans certains cas, d’un robot en plastique, le bien-nommé R.O.B., pour Robotic Operating Buddy. Combinés, ces éléments ont achevé de convaincre les derniers indécis et la NES était en route pour conquérir le nouveau monde.

C’est grâce à ROB que Minoru Arakawa a réussi à délier les portefeuilles des revendeurs

Après un test concluant dans les marchés les plus difficiles que sont New York et Los Angeles en octobre 1985, la machine 8-bit se propage de plus en plus jusqu’à devenir disponible dans tout le pays en septembre 1986.

Si les trois jeux de lancement japonais faisaient un peu pitié il faut le reconnaître, le lancement américain s’est fait avec rien de moins que 17 jeux, y compris le blockbuster Super Mario Bros. qui réinvente le jeu de plateformes, rien que ça. Quant au Canada, le deuxième plus grand pays du monde a dû attendre 1987 afin de profiter de cette nouvelle technologie.

En effet, la distribution ne pouvait être assurée par Nintendo of Canada, puisque cette filiale n’existera qu’à partir de 1990 ! En attendant, c’est le fabriquant de jouets Mattel qui s’en chargeait. Oui, ceux-là même qui font les poupées Barbie et qui avaient tenté l’aventure du jeu vidéo près d’une décennie plus tôt.

Le défi européen

Quant aux européens, ils ont été logé à la même enseigne que les Canadiens. Comme Nintendo of Europe n’existerait pas avant 1990, chaque pays y allait de sa distribution personnalisée. En France par exemple, une entreprise du nom d’ASD s’est occupée de distribuer la NES et ses jeux avant de passer le relais au fabricant de jouets Bandai!

La firme de Kyoto ne reprendra les affaires en main qu’en 1993 avec la création de Nintendo France. Les jeux du lancement n’ont pas changé par rapport à celui outre-Atlantique.

Qu’elle soit américaine, japonaise ou française, qu’elle s’appelle Famicom ou NES, la console 8-bit de Nintendo aura marqué les esprits avec ses graphismes révolutionnaires, ses jeux grandioses dans une ère où tout restait à créer, a fortiori dans le monde des consoles comparativement aux ordinateurs et aux micro-ordinateurs.

Parmi les grands titres, ceux que nous retenons à jeux.ca sont bien évidemment la trilogie Super Mario Bros., le diptyque The Legend of Zelda, Metroid, EarthBound Beginnings, la trilogie Final Fantasy, Double Dragon II, la quadrilogie Dragon Warrior, Kirby’s Adventure, et tant d’autres.

Et vous, quels souvenirs gardez-vous de cette machine d’exception?