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Google présente Stadia, le Netflix du Gaming

Aujourd’hui mardi 19 mars 2019, le futur du jeu vidéo s’est écrit. Pas par Microsoft, ni par Sony et encore moins Nintendo. Mais bel et bien par Google. L’entreprise a profité de la Game Developers Conference (GDC) à San Francisco pour tenir une présentation à l’intention des développeurs.

Netflix, le Stadia de la vidéo

Cette phrase de William Audureau du journal Le Monde, est la meilleure pour comprendre ce qu’il se passe actuellement. Le prochain chapitre de l’histoire du jeu vidéo s’écrit donc avec Google en chef de file. Stadia, c’est son nom, est avant tout une plateforme. Pas une machine quelconque. Une. Plateforme.

Prévu plus tard en 2019, Stadia se veut un service dont le mantra est de rassembler les joueurs, peu importe où ils sont. L’idée est d’offrir la possibilité de jouer aux dernières sorties sans posséder des machines dernier cri et cela grâce à la puissance et aux possibilités offertes par le streaming. Un concept qui serait par ailleurs dans la mire de Microsoft avec la console Xbox Scarlet et déjà exploité par Sony avec PlayStation Now.

La plateforme de Google permettra d’afficher les jeux en 4K avec couleurs HDR et en 60 images par seconde de façon instantanée. La firme de Mountain View prévoit même pousser l’audace encore plus loin avec l’ajout de l’affichage 8K à 120FPS plus tard. La technologie en soi est propulsée par une puissance graphique de 10,7 téraflops, plus que la PlayStation 4 Pro (4,2) et la Xbox One X (6) combinées.

Créer – Agrandir – Connecter

C’est la devise de cette expérience plutôt à destination des développeurs. Dans le futur, les joueurs pourront créer très certainement mais c’est d’abord aux créateurs que Google s’adressait dans sa conférence.

En termes de fonctionnement, la firme mise sur l’accessibilité. Les joueurs n’auront qu’à cliquer sur un bouton « jouer maintenant » après ou à côté d’une vidéo YouTube par exemple (avec un navigateur compatible) pour se diriger dans l’univers du jeu en question en moins de 5 secondes. Google désire ainsi éliminer l’attente entre le plaisir de jouer et les installations parfois longues sur consoles de salon.

Stadia sera compatible avec tous vos écrans tant qu’ils peuvent se connecter à Chrome mais cela pourrait sûrement changer plus tard. Vous avez une TV? Pas de problème, un Google Chromecast fera l’affaire. Pour les tablettes, téléphones intelligents et ordinateurs, rien de plus simple. On lance le navigateur. « Et? » On trouve le lien. « Et? » Et quoi? C’est tout, c’est fini, pas besoin de plus d’étapes. Pas de téléchargement.

Une manette pour les gouverner tous

Pour profiter pleinement de l’expérience, Google commercialisera une manette (celle que l’on vous avait montré) sans fil se connectant via Wi-Fi. Cette dernière possède toutes les touches attendues même un bouton de partage.

Elle arbore cependant une grande nouveauté ainsi qu’une curiosité. La première, c’est la présence d’un bouton pour le Google Assistant. Bien plus qu’un simple assistant, il est question ici de parler à son contrôleur pour, par exemple, se débloquer dans un jeu.

Finies les recherches interminables sur YouTube ou Google. Maintenant on demandera: « Hey Google, comment je peux résoudre cette énigme dans Tomb Raider? » et le tour sera joué. Comme disait l’un de nos confrères, c’est le pouvoir de la flemme. On n’aura même plus besoin de se lever pour accomplir ceci. Est-ce une bonne chose? Dans l’immédiat, oui.

La curiosité c’est la présence du Konami Code au dos de ladite manette que l’on a pu apercevoir durant la conférence. Dès lors on se demande quels secrets on va débloquer en l’accomplissant dans le menu. À moins que ça ne valide la présence de Konami. Et par-là même Castlevania Symphony of Night ou Contra! Qui sait?

Des fonctionnalités diverses et géniales

Pour Google, il était important de clarifier que Stadia n’est pas qu’une simple plateforme de jeux en streaming. Elle offre notamment deux possibilités très bien pensées.

La première s’intitule State Share ou partage d’état. Il s’agit pour un joueur ou, un streamer comme il en existe tant sur YouTube comme Phil nous l’a rappelé, de partager un lien. Ce dernier pourra contenir, à la discrétion des développeurs, le niveau du personnage/avatar, son inventaire, sa progression globale. En gros, on peut sauvegarder sa progression de cette façon ou bien la partager à d’autres, comme un auditoire par exemple. Mais les créateurs pourront modifier ce paramètre et spécifier que seul l’inventaire est « partageable ». Les possibilités sont grandes.

Le second est le Crowd Share, ou partage avec la foule. Plus à destination des YouTubers, cette fonctionnalité permet d’inviter les spectateurs à disputer un match de basket directement avec le créateur de contenu. De quoi motiver sa communauté.

Google bien entourée

Ils sont nombreux à s’être partagés la scène. Phil Harrison, ancien de Sony puis de Microsoft, à qui l’on doit la fameuse phrase que les manettes avec vibrations sont une chose du passé pour justifier leur absence sur la SIXAXIS de la PS3.

Puis, Marty Stratton d’id Software, et Luz Sancho de Tequila Works.

Sans oublier Dylan « Mr Starfox » Cuthbert de Q-Games à Kyoto ni Jade Raymond dont le poste à Google a été clarifié puisqu’elle devient la tête pensante, la présidente de Stadia Games and Entertainment, le studio 1st party de Google.

Oui, grâce à son recrutement de génies, Google va faire des jeux et entrer en concurrence directe et frontale avec Microsoft le boulimique, Nintendo et ses Mario et le discret Sony. C’est probablement la seconde plus importante annonce de la conférence.

Le revers de la médaille

Mais derrière cette avalanche d’annonces, de bling-bling et de name dropping, se trouve un avenir bien sombre pour certains. En effet, tout sera dématérialisé. Pas de console Stadia, pas de boites de jeux ni quoi que ce soit. Tout passera dans les RJ-45 et consorts. Les amoureux du physique vont donc pleurer des larmes de sang en voyant ce que devient leur jeu vidéo.

Plus important sûrement, la question de la faisabilité se pose. Harrison nous dit que Stadia sera d’abord disponible aux États-Unis, mais aussi au Canada (yeah!), en Europe et, Brexit oblige, au Royaume-Uni. D’accord ce sont des pays qui profitent d’une bonne voire excellente connexion internet. Mais on sait tous que l’on est encore bien loin de l’égalité à ce niveau. Par exemple au Québec on paye des sommes astronomiques avec des concepts archaïques quand en France ou même en Ontario, on paye une fraction du prix pour un meilleur service.

Donc la question est, à quel point ce service va être gourmand. Sans informations concrètes à ce sujet, on se doute que ce sera énorme. Mais pourrons-nous vraiment en profiter?

De plus, quel sera l’impact sur l’environnement? Ces serveurs ont besoin de fonctionner et d’être refroidis. Allons-nous avoir besoin de modems plus puissants, donc de nouvelles installations qui vont participer à des dépenses d’électricité faramineuses?

Si la fenêtre de déploiement est calée à 2019, on s’attend à un lancement pour l’automne. Google prévoit d’autres annonces cet été car oui, la firme a omis, volontairement, un élément important. Qu’est-ce qu’on paye exactement? La logique voudrait un abonnement payant offrant l’accès à un catalogue de jeux en tout genre. Mais il va falloir patienter pour en savoir plus.

Avec la collaboration de Michael Bertiaux.

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