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Critique – The Solitaire Conspiracy

Il aura bien fallu Mike Bithell pour nous donner hâte d’essayer une millième variante du solitaire. Le développeur derrière Thomas Was Alone, Volume et John Wick Hex, a démarré une initiative en 2017 nommée Bithell Shorts: une série de jeu de plus petit, plus abordable. Parmi eux, on retrouve deux jeux narratifs particulièrement bons: Subsurface Circular et Quarantine Circular (essayez-les!). Le tout dernier dans la série des Bithell Shorts est bien sûr le tout nouveau tout chaud The Solitaire Conspiracy, disponible dès aujourd’hui sur Steam.

Étonnamment, celui-ci conserve l’aspect narratif et le côté futuriste des deux «Circular». C’est néon, un brin cyberpunk, et magnifiquement illustré. Chaque fois que l’on atteint un niveau supérieur, on débloque une nouvelle teinte pour l’interface, et c’est toujours sublime. La présentation est à tomber par terre. 

Dans la campagne solo, on est accueilli par nul autre que Greg Miller, en FMV, qui nous introduit à l’univers du jeu. À travers un scénario espionnage/technologie/piratage, on oublie qu’on s’apprête à jouer à un concept vieux de plus de 200 ans! On est alors introduit peu à peu au clou du spectacle: 8 sortes de cartes représentant des équipes d’espion, ayant chacun des pouvoirs spéciaux.

Une variante qui change tout

Lorsqu’on pose un as au centre de la table, on active le pouvoir de l’équipe d’espion de la suite correspondante. À ce moment, le valet, la dame et le roi de cette couleur s’illuminent. Si on dépose l’une de ces cartes au sommet de l’une des rangées de cartes de chaque côté du plateau, leur effet est appliqué. Par exemple, une des équipes a le pouvoir de classer les cartes en ordre croissant, une autre explose la rangée et redistribue ces cartes ailleurs, alors qu’une autre récupère la prochaine carte de la suite et la place au centre même si elle se trouve au fond de la pile.

Au total, 8 équipes aux pouvoirs différents sont présentées dans le jeu. Une partie en contient un maximum de 4 à la fois, mais les combinaisons possibles peuvent grandement changer le déroulement de la partie.

À noter que dans le solitaire classique, on doit absolument alterner entre le rouge et le noir lorsque l’on classe les cartes, alors qu’ici, seul le chiffre est pris en compte. Par conséquent, je ne crois pas qu’il est possible d’être «game over» dans The Solitaire Conspiracy, vu qu’on nous donne une plus grande marge de manœuvre pour le déplacement des cartes (du moins, je n’ai jamais été obligé de recommencer durant toute la campagne solo). Alors, est-ce plus facile? Pas nécessairement, ça reste un puzzle à résoudre, sauf que ça élimine l’aspect frustrant de perdre la partie parce que le hasard en a voulu ainsi. 

Un mode temps limité aussi intense qu’un FPS

Si la campagne peut être jouée sans grand stress, c’est dans le mode «temps limité» que le véritable défi commence. Dans celui-ci, chaque carte ajoutée au centre ajoute de précieuses secondes à votre chronomètre. Le but est de survivre pendant le plus de vague possible pour obtenir un meilleur score au classement. Ici, tout ce que vous avez appris dans la campagne est mis à l’épreuve. Une bonne utilisation du pouvoir de chaque équipe, un déplacement stratégique des cartes, et surtout, votre rapidité d’exécution.

Ce mode «temps limité» est réellement excitant et addictif, puisque le stress et l’incertitude sont au rendez-vous. Les vagues contiennent de plus en plus de cartes, et les équipes varient d’une à autre, ne sachant pas sur quelle combinaison on va tomber. 

Si c’est trop de stress pour vous, le mode «mélee» vous laisse choisir les équipes d’espion et ne vous embête pas avec une limite de temps, comme le solitaire classique. 

Je dois avouer que le talent d’acteur de Greg Miller n’est peut-être pas toujours à la hauteur. On est censé voir en lui une espèce de chef d’espion du style «votre mission, si vous l’acceptez», mais en réalité, on a l’impression de regarder un YouTuber qui pourrait bien interrompre son discours pour nous parler de Squarespace. Pire, un deuxième acteur entre en jeu un peu plus loin dans le scénario, et on voit clairement ses yeux lire le texte sur l’écran devant lui… 

Mais bon, The Solitaire Conspiracy n’avait pas besoin de cet enrobage pour que son gameplay soit efficace. Par contre, force est d’admettre que c’est ce qui a attiré notre attention et que ce jeu, aussi bon soit-il, serait passé complètement inaperçu si ce n’était du gros nom attaché au projet et à son interface délectablement néon. La triste réalité, c’est que les indies doivent maintenant pondre une qualité quasi-triple A pour sortir du lot. Heureusement, Mike Bithell relève le défi haut la main. Même les plus grands studios n’auraient pas réussi à rendre un jeu de Solitaire aussi attrayant.

«10 sur 10?!? Pour un jeu de cartes?» Absolument. Je le juge pour ce qu’il est, et en termes de variante de solitaire, je ne pense pas qu’il est possible de faire mieux. Une campagne d’introduction prenante, un mode à temps limité excitant et addictif, un mode melée plus décontracté, mais surtout, une mécanique de jeu intéressante et surprenante. Encore un Bithell Short qui fait mouche, indispensable pour toute librairie Steam.

Verdict

Les plus

  • Mécanique de jeu ingénieuse qui revitalise un classique
  • Présentation d’une qualité exceptionnelle
  • Enrobage narratif rigolo
  • Rejouabilitée à l’infini (c’est solitaire!)

Les moins

Note finale

10 / 10

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