Dans les dernières années, le monde vidéoludique s’est divisé en deux clans: les jeux indies avec des équipes minuscules et de tout petits budgets, et les AAA, avec des budgets qui suffiraient pour régler la faim dans le monde (mais mieux vaut ne pas trop y penser).
Mais il y a quelques années, on retrouvait un groupe entre ces deux clans: les jeux de moyenne envergure, parfois appelés les AA.
Ces jeux n’avaient pas les moyens des plus grandes franchises, mais ils n’en demeuraient pas moins des jeux d’une certaine envergure.
Surtout, ces budgets plus raisonnables permettaient aux développeurs de prendre des risques et d’essayer des nouvelles idées, sans que l’éditeur ne fasse une crise cardiaque.
Skully, lancé cette semaine, semble s’inscrire dans une résurgence de ce type de jeu.
Pour le meilleur et pour le pire.
Roule ta boule
Dans Skully, vous incarnez… Skully (surprise!), une petit crâne rempli d’argile auquel Terry, un espèce de Dieu de la terre a donné vie.
Terry est en chicane de famille avec ses frères et soeurs: Wanda (eau), Brent (air) et Fiona (feu).
Vous avez donc pour mission de vous rendre à chaque membre de la famille pour tenter de résoudre le conflit.
Dans un premier temps, vous n’avez qu’une habileté: rouler et sauter. Ça laisse place à un style de platforming nerveux, où l’angle de la plateforme sur laquelle on attérit est tout aussi important que l’atterissage lui-même.
En somme, imaginez-vous un mix entre un platformer traditionnel et Super Monkey Ball et vous n’êtes pas trop loin du compte.
Toutefois, au fil de l’aventure, le jeu devient de plus en plus un puzzle-platformer, puisque vous débloquez des transformations en golem qui ajoutent des éléments de casse-tête à l’aventure; l’un de ces golems peut casser des murs et lancer Skully, un autre peut courir vite et déplacer des plateformes horizontalement, alors qu’un autre jouit d’un double-saut et peut déplacer des plateformes verticalement.
Et c’est là que pour moi, la boule a pris le dalot.
Des niveaux inégaux
La grande faiblesse de Skully, c’est le design des niveaux.
Parlons justement de ces fameux puzzles.
La plupart ne sont pas mauvais en tant que tel. Mais le design des niveaux en fait des corvées.
Il faut savoir que pour se transformer en l’un des golems, nécessaires pour résoudre les puzzles, il faut se rendre à un trou boueux, qui fait office de point de sauvegarde.
Or, les personnages marchent souvent lentement. Et pour résoudre les puzzles, il n’est pas rare qu’il vous faudra alterner entre plusieurs de ces golems.
Ça nous oblige à faire l’aller-retour jusqu’au point de sauvegarde plusieurs fois, un ennui mortel.
C’est sans compter que les points de sauvegarde donnent parfois l’impression d’avoir été placés au hasard.
Il arrive que plusieurs segments difficiles vont s’enchaîner sans qu’un point de sauvegarde ne pointe le bout du nez, alors qu’il m’est arrivé de tomber sur deux points de sauvegarde consécutifs sans qu’il n’y ait eu le moindre ennemi ou défi entre les deux.
Pour le meilleur et pour le pire
Au final, Skully porte à la fois le poids de ses succès et de ses défauts.
D’un côté, c’est un platformer original, qui peut en plus compter sur une histoire intéressante et un jeu d’acteur de qualité pour appuyer cette histoire. Et malgré ce que j’ai dit précédemment, certains puzzles sont intéressants.
De l’autre, les petits irritants s’accumulent: la caméra est parfois prise de convulsions qui vous amènent vers une mort assurée, le design des niveaux est inégal au mieux, le style artistique manque de finition.
Et à moins de 10 heures, ce n’est pas un jeu très long.
Pour le moment, je ne peux recommander Skully qu’aux passionnés de platformers et aux amateurs de curiosités qui sont en plus dotés d’une grande patience.
Ceci étant dit, il m’est d’avis qu’il faudra surveiller Finish Line Games, le studio derrière Skully.
Car il y a dans ce jeu une graine de talent qui laisse croire que Skully 2 sera peut-être le jeu qu’on veut vraiment.
Verdict
Les plus
- Un gameplay original
- Un très bon jeu d’acteurs
Les moins
- Des niveaux inégaux
- Une caméra capricieuse
- Des puzzles lourds
- Très court