Il n’y a pas à dire, les roguelikes ont le vent dans les voiles ces temps-ci, encore plus s’ils utilisent des cartes à jouer.
Depuis le succès phénoménal de Slay the Spire, nombreux sont ceux qui ont tenté de ravir le trône avec leur propre assemblage de roguelike et de deckbuilding.
Forward: Escape the Fold s’amène donc avec sa proposition. Mais rassurez-vous, le jeu développé en solo par Christophe Coyard a une interprétation intéressante de la formule.
Un jeu en bouchées
Le principe de Forward: Escape the Fold est fort simple. Vous incarnez un héros (au début, un seul héros est disponible, mais il y en a 6 à débloquer au fil de votre progrès) qui souhaite s’échapper du Fold, une dimension démoniaque.
Votre progrès est représenté par des cartes à jouer disposées sur un plateau de jeu. Vous pouvez vous déplacer vers l’avant ou en diagonale. Sur chacune des cartes, on retrouve un élément de jeu: un monstre qui nous inflige des dégâts, une potion qui guérit nos points de vie, de l’or, des coffres remplis d’objets qui peuvent nous aider (ou nous nuire).
À la fin de la plupart des 13 niveaux, un boss vous attend. Si vous réusissez à le vaincre, vous repartez avec une récompense et passez au prochain niveau. Sinon… ben il faut recommencer du début. C’est un roguelike après tout.
Autant le gameplay très simple (il suffit de faire glisser sa carte de héros sur le plateau) que la courte durée des parties (une quinzaine de minutes tout au plus) nous font croire que ce jeu a été conçu avec les téléphones mobiles en tête.
Pour le moment, Forward n’est disponible que sur PC et Mac. Mais tout dans le design du premier jeu publié par Indie Asylum (un collectif indépendant de Montréal) appelle à une version pour téléphone mobile ou Nintendo Switch, à la limite.
Gérer les inconvénients
Comme dans la plupart des roguelikes du genre, et comme dans Slay the Spire qui semble avoir inspiré Coyard, la clé du succès est la synergie.
À plusieurs occasions, on vous proposera (ou imposera, dépendant) des bonus et des malus. Si vous vous contentez de prendre le meilleur bonus possible, ou le moins pire malus, vous n’irez pas loin.
L’idée, c’est de créer une synergie entre les bonus et les malus. Par exemple, un malus peut ajouter davantage de cartes poison sur le plateau. Mais si vous y joignez un bonus qui blesse les ennemis quand vous atterissez sur une carte poison, plus un autre qui permet aux potions de soigner le poison, vous finissez avec une stratégie qui fera trembler les ennemis… ou pas.
Une dimension riche en contenu
Ce n’est pas parce que les parties sont courtes que le contenu est mince, au contraire. Chacun des 7 champions possède trois pouvoirs qui changent le déroulement des parties. Un seul est débloqué au départ par personnage, et vous devez gagner avec un pouvoir pour débloquer le suivant. Pour tout débloquer, il vous faudra donc triompher une vingtaine de fois. Pas une mince commande.
Et ça, c’est pour le mode classique. Forward nous propose également un mode Expert avec une difficulté relevée, un mode où vous pouvez ajuster la difficulté à votre goût, et un mode Challenge, qui vous met au défi de gagner avec certaines combinations spécifiques prédéterminées.
L’enfer est pavé de bonnes intentions
L’ennui quand on s’inscrit dans un genre aussi compétitif que les roguelike deckbuilders, c’est qu’on se prête nécessairement au jeu des comparaisons.
Malheureusement, Forward n’a pas la finesse de Slay the Spire, et c’est normal; StS a eu des années pour se peaufiner, alors que Forward est une sortie toute fraîche.
Mais les premières parties, avant qu’on débloque de nouveaux personnages et de nouveaux objets, semblent un peu aléatoire. Ça a pris du temps avant que je sente que je pouvais vraiment bâtir des stratégies avec les objets qu’on m’offrait.
Et le concept très simple de Forward: Escape the Fold est à double-tranchant. D’un côté, les parties sont rapides, parfaites pour une petite game entre deux sessions de jeu plus sérieuses. Mais de l’autre, ça limite les possibilités. Le sentiment grisant qu’on obtient dans certains roguelikes quand notre stratégie prend forme et qu’on se rend compte qu’on va assurément gagner cette fois-ci? Il se fait plus rare, parce que les parties sont beaucoup plus courtes. Il y a moins de temps pour développer une stratégie bluffante.
Le succès est-il dans les cartes?
Forward: Escape the Fold n’est pas un jeu parfait (ça serait beaucoup demander).
Mais c’est un accomplissement impressionnant pour un développeur solo. Visuellement, le jeu est agréable, la musique est magnifique, et surtout, on réussit à nous proposer une version originale d’un genre saturé.
Nul doute qu’au fil des mises à jour, le gameplay déjà intéressant et varié ne fera que s’affiner. Et honnêtement, on a hâte à une version mobile, qui donnerait tout son sens au titre.
Note: une clé nous a été remise gratuitement par l’éditeur.